Mano Nera dans le Queensland

Dans les années 30, un groupe de criminels Calabrais implanté dans le Queensland va faire la une de la presse à cause d'une série de meurtres. Les autorités Australienne, qui à cette époque parlent de Camorra ou de Black Hand Societies, vont ainsi découvrir qu'il existe une mafia structurée dans leur pays.

L'Honoured Society débarque et s'organise en Australie

Ce serait au début des années 1920 que les premiers membres de la mafia Calabraise, la 'ndrangheta, auraient posé leurs valises en Australie. Tom Gilling & Clive Small dans leur livre Evil Life, rapportent qu'en décembre 1922 au moins 3 membres importants de l'Honoured Society seraient arrivé en Australie: Angelo Macri à Perth, Antonio Barbara (né Barbaro) à Adelaide puis Sydney & Giuseppe Bueti à Brisbane dans le Queensland.

Ainsi à Melbourne le 25 décembre 1925 survient un des premiers meurtre attribuable à la mafia Calabraise. Alors qu'il intervient avec plusieurs de ses collègues pour mettre fin à une bagarre entre 2 Italiens, le constable James Clare est poignardé en plein coeur par Domenico Condello. Condello qui réussi à fuir est arrêté plus tard, jugé mais par la suite acquitté. Là où l'affaire démontre que dès 1925 la mafia Calabraise est déjà organisé, est qu'il est démontré que les frais de justice avait été payé par une levée de fonds organisée par Antonio Barbara.

Vincenzo D'Agostino le boss du Queensland 

Bien que certains mafiosi Calabrais comme Domenico Belle, Giuseppe Bueti ou Domenico Strano semblent être déjà sur place, il semblerait que le premier boss d'importance dans le Queensland ait été Vincenzo D'Agostino. Originaire de Palmi (province de Reggio Calabria), D'Agostino serait parti de Milan pour arriver en Australie en 1924. D'abord installé à Ingham où il officie en tant qu'ouvrier agricole, il semblerait qu'il s'installe à Brisbane en 1928 où il est boulanger.

D'Agostino s'entoure d'hommes comme Bueti, Strano, Domenico Belle, Vincenzo Speranzo (son beau frère), Giuseppe Mammona, Nicola Mamone, Giuseppe Parisi, Francesco Guglielmo Femio ou Lorenzo Zucco. La bande commence ainsi à mettre en place un racket à la protection envers leurs compatriotes Italiens ainsi qu'un empire autour de la prostitution. La région étant connue pour son exploitation de canne à sucre, les victimes et la clientèle ne manquent pas.

Le dénominateur commun de tout les meurtres qui vont être énumérés dans cet article sera donc Vincenzo D'Agostino

Vincenzo D'Agostino
  

Le meurtre de Alfio Patane

La première victime présumé du gang est donc un fermier appelé Alfio "Nicky" Patane. Après s'est d'abord soumis à l'extorsion du gang, Patane ne peut plus assumer de payer et malgré ses affaires florissantes, il est obligé de déclarer banqueroute. D'Agostino lui ordonne d'hypothéquer sa ferme, ce que Patane refuse.

Patane est exécuté le 11 août 1928 d'une balle dans la tête à bout portant dans les bras de sa femme Marie, alors qu'il venait d'ouvrir sa porte.

Quelques années plus tard, Marie se remarie avec un autre fermier, Venerando Di Salvo, qui aura lui aussi des problèmes avec la gang de D'Agostino. Le couple Di Salvo reçoit des menaces d'extorsions mais ne cède pas. S'en suit ensuite une série de sérieuses menaces. 

La première à lieu le 21 novembre 1930 alors que Di Salvo se trouve dans sa véranda, il est la cible de tirs dont il réchappe. La seconde à lieu un soir octobre 1932 alors que le couple dormait dans leur maison d'Innisfail, un bombe a explosé sous leur maison. L'explosion avait causé des dommages matériels importants sans atteindre la chambre du couple. Le climax est atteint le 5 janvier 1934. Alors que le couple part de leur propriété de Boogan en voiture ils sont mitraillés. Les Di Salvo sont sérieusement touchés notamment Marie au dos et à l'abdomen. Le lendemain à la suite de la visite douteuse d'une personne clamant qu'il est un employé de Patane mais que personne ne reconnait, la police décide de placer le couple sous constante surveillance et ils ne seront plus jamais ennuyé.

A l'époque de nombreux témoignages indiquaient que la communauté Italienne était sous la menace d'extorsions et des lettres signées "The Black Hand Gang" ont été reportés à la police. Bien que le meurtre de Patane et les attaques sur Di Salvo ne soient pas résolus il ne fait pas de doute pour la police que les auteurs des méfaits soient liés à l'Honoured Society.

Note: Beaucoup de sources disent que Di Salvo a été tué lors de l'attaque de 1934. Il semblerait que non car il apparaît devant un tribunal en 1939, convoqué pour avoir refusé de payer une partie de ses frais d'hôpitaux (il semblerait qu'il n'aimait pas les oeufs qui lui étaient servis. Cela se passe de commentaires ...). Article ici 

Le meurtre de Domenico Belle

Domenico Belle, qui a posé ses valises en Australie en 1923, est un des principaux lieutenants de D'Agostino, . Mais il reproche assez vite à D'Agostino de ne pas partager assez les profits et décide de s'installer à Sydney à la fin des années 20. Là bas il vit des revenus de sa maitresse Française, de courses de chevaux et sans aucun doute de choses beaucoup moins légale. Il semble également être un membre important de l'Honoured Society car la police découvrira plus tard qu'il entretient des correspondances avec des mafiosi de Melbourne, Brisbane, Griffith, et ailleurs en Australie et en Calabre.

Domenico Belle


Giuseppe Mammona fait partie des associés de Belle. Arrivé en Australie en 1926, Mammona est avant cela passé par les USA et la ville de Buffalo où il va avoir des ennuis judiciaires. Le matin du 29 octobre 1917, Mammona accompagné de 4 autres hommes frappent à la porte de Thomas Cenammo, cordonnier à Lackawanna, et lui tirent dessus. Selon la femme de ce dernier, une vingtaine de coup de feu sont tirés. Cennamo est touché 2 fois à la tête et au dos et est sérieusement blessé mais s'en sort miraculeusement.

Les accusés sont condamnés à des peines de 2 à 5 ans et Mammona à l'issue de sa peine est déporté vers l'Italie avant de rejoindre l'Australie.

The Buffalo Inquirer 6 octobre 1920

 

Les relations entre les deux mafiosi aurait commencé à se tendre lorsque Mammona a proposé à Belle de mettre le feu à un salon de coiffure qu'il possède dans la banlieue de Sydney afin de toucher la prime d'assurance. L'opération ne se déroule pas comme prévu et la bombe explosant plus tôt que prévue brûle Belle assez sérieusement. De plus, bien que Mammona ait touché sa prime d'assurance, il ne paye pas sa dette à Belle, ce qui dégrade définitivement les relations entre les deux.

Giuseppe Mammona


Le 11 février 1930, Belle se trouve à la gare de Newton dans l'est de Sydney en compagnie d'un autre Italien. Alors que les deux marchent, l'individu poignarde Belle dans la poitrine et ce dernier décède quelques minutes plus tard à l'hôpital.

Evidemment, Mammona est le suspect principal de la police, d'autant plus que 3 mois plus tard un autre salon de coiffure appartenant à Mammona, toujours dans la proche banlieue de Sydney, brûle de la même façon que le précédent. Mais faute de preuve, Mammona n'est pas inculpé. 

Belle aurait également été prévenu quelques temps avant sa mort qu'un dénommé "Morelli" le menaçait, mais l'individu n'ayant jamais été formellement identifié, la piste s'arrête là.

20 plus tard, la police reçoit le tuyau de 2 informateurs que le meurtre de Belle aurait été commis par un mafioso de Melbourne nommé Rocco Ferraro, mais là encore ce dernier n'a jamais été inculpé et le meurtre de Belle demeure irrésolu.

Le meurtre de Jean Morris

Jean Morris était une prostituée âgée de 22 ans quand elle emménagea à Ayr dans le Queensland. Venant de Sydney, elle est décrite comme étant déjà une prostituée de luxe alors qu'elle n'a seulement que 19 ans. Déjà bien connecté avec la pègre Italienne, elle aurait d'ailleurs fait le voyage de Sydney au Queensland avec un Italien afin d'y faire fortune. Etant accointé principalement avec des Italiens, elle s'attire les inimitiés de la population locale et ne sort rarement sans son couteau, ce qui lui vaudra d'être surnommée "Stiletto Jean".

Morris va devenir la maitresse régulière de Francesco Femio, un des principaux lieutenants de D'Agostino. Mais le 4 octobre 1932, Stiletto Jean est assassinée de 35 coups de couteaux alors qu'elle dormait.

La police va avoir d'un témoin oculaire la description d'un cheminot qui serait entré dans l'appartement de Morris peu avant 2h du matin, soit l'heure du meurtre. Mais étant donné qu'il faisait sombre à cette heure-ci et que la description est trop basique, la piste s'arrête ici.

L'enquête va en revanche démontrer que peu de temps avant sa mort, Morris avait déjà été la cible d'une tentative de meurtre. Selon une de ses amies appelée Minnie Jones, un incendie dans l'appartement aurait été découvert à temps et n'aurait fait que des dégâts matériels.

La police va également faire rapidement le lien entre Morris et Femio & D'Agostino. Ils découvrent qu'elle aurait eu connaissance de renseignements qu'elle n'aurait jamais dû savoir et qu'elle aurait glané des informations sur un groupe d'Italiens rival à D'Agostino. La presse de l'époque parle de Camorra alors qu'il semblerait que ce soit un groupe de Siciliens.

Cela dit, Femio était à Ayr ce soir, là tout comme un homme de D'Agostino qui aurait été également présent avant de fuir en Italie. L'homme est par la suite arrêté en Italie mais refuse de dire quoi que ce soit se et pend dans sa cellule. D'ailleurs la ceinture qu'il a utilisé pour se pendre aurait été acheté à Ingham.

Ici encore, faute de nouveaux éléments, ce meurtre demeure irrésolu.

Jean "Stiletto" Morris

L'affaire Iacona

Giovanni Iacona était un des hommes travaillant pour D'Agostino. En 1934 Iacona a menacé d'extorsions deux fermiers, Orazio Denaro & Salvatore Patane, avec des lettres signées "Your Friends of the Black Hand". Outre les demandes d'argents, Iacona fait des menaces explicites en menaçant par exemple de brûler les champs de Patane.

Les deux fermiers décident d'aller voir Nicola Mamone, un des lieutenants de D'Agostino à Innisfail, afin que ce dernier intervienne en leur faveurs. Mammone accepte en assurant aux fermiers qu'il n'était pas au courant des lettres et leur dit qu'il va rencontrer Iacona.

La rencontre à lieu le 11 février 1934. Si on ne sait pas ce qui s'est dit pendant la rencontre, on sait en revanche ce qui s'y est passé: alors que 2 complices de Mamone, Giuseppe Bueti & Giuseppe Parisi, maintiennent Iacona, Mamone s'occupe de trancher les oreilles de Iacona avec un couteau. Leur méfait terminé, les trois mafiosi laissent Iacona à son sort. Ce dernier arrive tout de même à ramper jusqu'à la rue et est secouru par un automobiliste qui appelle une ambulance. Iacona est interrogé par la police, mais bien sûr, il n'a rien à leur dire.

A peine remis sur pied, Iacona se rend à Innisfail le 6 mars et abat en pleine rue et en plein jour Mamone de 6 balles dans la têtes et dans le dos. Iacona est arrêté quelques minutes plus tard par deux officiers de police. Aux policiers qui l'interrogent il déclare: "Yes I killed him. He made a job of me, but I made a better job of him" (que l'on peut approximativement traduire en Français par "Oui je l'ai tué. Il s'est occupé de moi, mais j'ai fait ça mieux que lui"). Il déclare également qu'il a fait venir l'arme du crime d'Italie.

Inculpé pour homicide volontaire, Iacona récolte sans surprise une condamnation à perpétuité. Bueti & Parisi sont eux condamné à 7 ans pour leurs implications dans la mutilation des oreilles de Iacona. Bueti, Parisi et Iacona se feront ensuite déporter, respectivement en 1934 pour les deux premiers et 1935 pour Iacona, en Italie sur l'île pénitentiaire de Lipari.

Si Iacona & Parisi ne feront plus parler d'eux par la suite (Parisi serait retourné en Australie en 1949), Giuseppe Bueti aura moins de chances: soupçonné d'être un espion Communiste, il est exécuté par le régime de Mussolini.

Giuseppe Bueti, Giovanni Iacona & Giuseppe Parisi

Les deux Domenico Scarcella

Le 8 juin 1935 le fermier d'origine Calabraise Domenico Scarcella est abattu dans son étable de Stone River. Si à première vue il n'y a aucune raison pour que Scarcella soit abattu, l'enquête va vite permettre de découvrir que Scarcella n'était peut être pas exactement un saint. Il y a d'ailleurs un autre Domenico Scarcella, et les 2 sont probablements parents

Le 13 décembre 1932, Scarcella (pas celui abattu), Mario Strano & Saverio Militano, kidnappent Elizabeth Rosati, une mineure de 13 ans, dont le père est un ami de Scarcella & Strano.

D'Agostino aurait commandité le rapt à Strano la veille et les 3 auraient kidnappé la jeune fille qui faisait une balade à cheval. Bien qu'il déclare s'être trouvé là par hasard, Scarcella aurait saisi les rênes du cheval pour la stopper et aurait donné à Militano un produit que ce dernier aurait appliqué sur un mouchoir et mit sur la bouche d'Elizabeth pour l'endormir.

Jugés en février 1933, Militano est condamné à 1 an de travaux forcés (il semble qu'il aurait été ensuite déporté vers l'Italie), Strano est acquitté et Scarcella prend 1 an de prison dont 6 mois ferme. L'enquête conclue également que Scarcella & Militano font parti d'un "Black Hand Gang". Ce Domenico Scarcella est également déporté après l'affaire du kidnapping.

Retour en 1935, alors que la police fouille les affaires de Domenico Scarcella, ils découvrent une lettre de demande d'extorsion de 250£ adressé à un oncle de sa femme nommé Domenico Rotondo. La lettre aurait été écrite par Francesco Femio.

La veuve de Scarcella, Francesca, est interrogée est déclare rapidement aux enquêteur que son mari se sentait menacé par D'Agostino. Ce dernier, selon elle, s'attendait à être blessé mais certainement pas d'être tué. La raison est que quelques jours avant le frère de Domenico, Saverio, ainsi qu'un de ses cousins ont été condamné à 18 ans de prison en Italie pour avoir tué en 1933 Vincenzo Speranzo, le beau-frère de D'Agostino.

l'enquête établie que Femio & D'Agostino ont été tout les deux proche de la ferme de Scarcella ce soir là. D'Agostino déclare aux enquêteurs qu'il était ami avec Scarcella, qu'il a assisté à ses funérailles et que bien sûr il n'a strictement rien à voir avec son meurtre ni avec la "Black Hand". Même système de défense pour Femio dont la police soupçonne fortement qu'il ait été le tueur de Scarcella.

Mais sans nouveaux éléments, et ce malgré la véhémence et le témoignage de Francesca Scarcella, l'enquête se clôt plus tard et le meurtre demeure encore une fois irrésolu.

Domenico Scarcella (abattu en 1935)

 

La fin de Femio & D'Agostino

Le 12 décembre 1936, Francesco Femio est assassiné à Stone River de 3 coups de feu tirés à bout portant à travers le volet d'une caserne de coupeurs de canne à sucre alors qu'il dormait.

A 130 mètres se trouve la ferme des fermiers Giuseppe Rotondo et de son beau-frère et associé Giovanni Lamotta. Ces derniers appellent les secours qui arrivent 20 minutes plus tard. Vous aurez probablement remarqué que Femio est assassiné à Stone River et qu'un des fermiers se nomme Rotondo. Et bien par un hasard incroyable Giuseppe Rotondo est lui même un voisin de Antonio Rotondo et dont le voisin se nommait Domenico Scarcella ... Il n'est donc pas impossible que Antonio Rotondo était un parent du Domenico, lui même oncle de la femme de Scarcella, dont la lettre d'extorsion était destinée. Cela dit cette piste n'a jamais été explorée (à ma connaissance), donc il s'agit ici seulement de spéculations de ma part et la famille Rotondo n'a probablement rien à avoir avec le meurtre de Femio... En tout cas, coïncidences ou non, jamais personne n'a été inculpé pour le meurtre de Femio.

Francesco Femio

Le soir du 14 janvier 1938, alors qu'il dort, une bombe artisanale explose sous la chambre de  D'Agostino dans sa propriété d'Ingham. Gravement blessé, le mafioso est transporté à l'hôpital où il décède quelques heures plus tard. Avant de mourir D'Agostino déclare aux policiers qu'il ne se connait aucun ennemis et qu'il est un membre respecté de la communauté Italienne. Il déclare même "Mamma Mia, why they do this to me ?" (Mamma Mia, qu'est-ce qu'ils m'ont fait ?). Preuve que le capo était très impopulaire (à juste titre) dans sa communauté: seulement trois personnes étaient présentes lors de ses funérailles.

Ici encore, aucune piste ne mènera à des arrestations ou condamnations mais les autorités semblaient penser que les meurtres de Scarcella, Femio & D'Agostino semblait être le résultat d'une querelle avec le gang de Sicilien mentionné lors de l'affaire Jean Morris, bien qu'il semble que ce ne soit pas le cas au moins en ce qui concerne Morris & Scarcella. 

Les Siciliens

Un mot concernant le gang des Siciliens opérant dans la région, dont on ne sait pas grand chose ni si ils sont directement connectés aux meurtres précédents. 

Parmi les Black Handers Siciliens figurent les frères Filippo & Vincenzo Silvestro originaires de Calatabiano (province de Catane), arrivés respectivement en 1934 et 1936 en Australie et actifs à Ingham.

En 1939 les frères Silvestro vont être poursuivi pour deux affaires de tentatives d'extorsions. La première concerne un fermier nommé Rosario Russo qui reçoit une lettre lui demandant de payer 1000 Lires en billet de 5 et 10 sous peine d'être empoisonné. Filippo est largement suspecté d'être l'auteur de la lettre, mais la police ne peut le prouver et les charges sont abandonnées. 

La seconde affaire est du même type et concerne un dénommé Giuseppe Gugenti. Sauf que cette fois la police peut prouver que l'auteur est Vincenzo et il est condamné à 6 mois.

Filippo & Vincenzo Silvestro

En 1940, Vincenzo est expulsé en direction de l'Italie à bord du bateau SS Romolo. Mais l'équipage refusant sans doute d'aller en Italie par rapport au contexte de la seconde guerre mondiale décide de saborder le bateau et les occupants retournent en Australie. Vincenzo est interné dans un camp et sera plus tard naturalisé. Sa date de décès est inconnue, mais il semblerait que son frère Filippo soit décédé en décembre 1988 en Nouvelle Galles du Sud.

A bord du SS Romolo se trouvait un autre criminel du nom de Giovanni Costa précédemment condamné à 7 ans de prison en 1937 pour homicide volontaire. Costa a abattu un fermier nommé Giacomo Neri dans une maison leur appartenant à tout deux lors d'une fête. La fête ayant commencé dans la maison d'un autre Italien nommé Andre Baruzzi pour se déplacer dans l'autre maison, ce dernier témoigne que Costa demandé plus de vin à Neri ce qu'il aurait refusé. Là dessus Costa aurait casser une bouteille de vin en déclarant: "You shut up, I'm boss here [...] I'll fix you tommorrow." ("Ta gueule je suis le chef ici [...] je m'occuperai de toi demain"). Il semblerait qu'il n'ait pas attendu le lendemain et serait aller dans une chambre chercher un fusil pour abattre Neri. 

Même si rien n'indique que Costa était un Black Hander ou même ne connaissait Silvestro et D'Agostino, le fait qu'il soit déporté en même temps que Silvestro et que le meurtre se déroule là aussi dans le milieu des fermiers Italiens de canne à sucre dans la même région méritait que ce soit mentionné.

Giovanni Costa

 

Conséquences

La principale conséquence de tout ces meurtres est que la police va comprendre qu'une mafia structurée existe bel et bien en Australie, bien qu'elle va mettre plusieurs années à saisir totalement l'ampleur de celle-ci.

A l'occasion du meurtre de Domenico Belle en 1930, la police va trouver dans l'appartement d'un associé de Belle et de Mammone un étrange manuscrit de questions/réponses écrit en dialecte Calabrais. Il s'agit en fait d'un manuscrit d'un rituel d'initiation à la 'ndrangheta.

En 1963 et 1981 des documents similaires sont retrouvés chez le mafioso de Melbourne Francesco Angilletta et chez le mafioso de Canberra Domenico Nirta, prouvant définitivement que la 'ndrangheta est largement installée en Australie depuis des années.

 

English version

In the 1930s, a group of Calabrian criminals based in Queensland made headlines due to a series of murders. The Australian authorities, who then speak of Camorra or Black Hand Societies, discovered a structured mafia in their country.

The Honored Society lands and organizes in Australia

In the early 1920s the first members of the Calabrian mafia, the 'ndrangheta, settled in Australia. Tom Gilling & Clive Small in their book Evil Life, report that in December 1922 at least 3 important members of the Honored Society arrived in Australia: Angelo Macri in Perth, Antonio Barbara (born Barbaro) in Adelaide then Sydney & Giuseppe Bueti in Brisbane, Queensland.

Thus, in Melbourne on December 25, 1925, one of the first murders attributable to the Calabrian mafia occurred. While attempting to intervene with several of his colleagues to put an end to a fight between 2 Italians, Constable James Clare was stabbed in the heart by Domenico Condello. Condello managed to flee and was later arrested, tried but acquitted. How this case demonstrates that as early as 1925 the Calabrian mafia was already organized is that it is revealed that the legal costs had been paid by a fundraiser organized by Antonio Barbara.

Vincenzo D'Agostino the boss of Queensland

Although some Calabrian mafiosi like Domenico Belle, Giuseppe Bueti or Domenico Strano seemed to have been already there, it appears that the first boss of importance in Queensland was Vincenzo D'Agostino. Originally from Palmi (province of Reggio Calabria), D'Agostino was said to have left Milan and arrived in Australia in 1924. First settling in Ingham where he worked as a farm hand, that he then settled in Brisbane in 1928 where he was a baker.

D'Agostino surrounded himself with men like Bueti, Strano, Domenico Belle, Vincenzo Speranzo (his brother-in-law), Giuseppe Mammona, Nicola Mamone, Giuseppe Parisi, Francesco Guglielmo Femio or Lorenzo Zucco. The gang thus began setting up protection rackets for their Italian compatriots as well as an empire of prostitution. The region being known for its sugar cane exploitation, victims and customers were not lacking.

The common denominator of all the murders that will be listed in this article will therefore be Vincenzo D'Agostino.

Vincenzo D'Agostino
  

The murder of Alfio Patane

The first alleged victim of the gang was therefore a farmer called Alfio "Nicky" Patane. After initially submitting to the extortion of the gang, Patane could no longer afford to pay and despite his flourishing business, he was forced to declare bankruptcy. D'Agostino ordered him to mortgage his farm, which Patane refused to do.

Patane was executed on August 11, 1928, as he opened his door with his wife Marie still in his arms, with a bullet to the head at close range.

A few years later, Marie married another farmer, Venerando Di Salvo, who also had problems with D'Agostino's gang. The Di Salvo couple received threats of extortion but did not give in, and more serious warnings ensued.

The first took place on November 21, 1930 when Di Salvo was on his veranda, he was shot at, but escaped. The second took place one evening in October 1932 as the couple slept in their home in Innisfail a bomb exploded under their house. The explosion caused significant material damage without reaching the couple's bedroom. The climax was reached on January 5, 1934. As the couple left their property in Boogan by car, they were ambushed with machine-guns. The Di Salvos were seriously wounded, in particular Marie who was shot in the back and abdomen. The next day following the dubious visit of a person claiming that he is an employee of Patane but that no one recognized, the police decided to place the couple under constant surveillance and they were never bothered again.

At the time numerous sources indicated that the Italian community was under threat of extortion, and letters signed "The Black Hand Gang" were reported to the police. Although the murder of Patane and the attacks on Di Salvo remain unsolved, there was no doubt for the police that the perpetrators of the misdeeds were linked to the Honored Society.

Note: Many sources say that Di Salvo was killed in the 1934 attack. Apparently not, as he appeared in court in 1939, summoned for refusing to pay part of his hospital bills (apparently that he didn't like the eggs that were served to him. This speaks for itself ...). Article here.


The murder of Domenico Belle

Domenico Belle, who settled in Australia in 1923, was one of D'Agostino's main lieutenants. But he quickly reproached D'Agostino for not dividing the profits fairly enough, and decided to settle in Sydney at the end of the 1920s. There he lived on the income of his French mistress, horse racing and undoubtedly things less than legal. He also appeared to be an important member of the Honored Society as the police later discovered that he maintained correspondence with mafiosi in Melbourne, Brisbane, Griffith, and elsewhere in Australia and Calabria.

Domenico Belle
 

Giuseppe Mammone was one of Belle's associates. Arriving in Australia in 1926, Mammone had previously passed through the USA, specifically the city of Buffalo where he encountered legal troubles. On the morning of October 29, 1917, Mammona accompanied by 4 other men knocked on the door of Thomas Cennamo, a shoemaker in Lackawanna, and shot him. According to the latter's wife, about twenty shots were fired. Cennamo was hit twice in the head and back and was seriously injured but miraculously recovered.

The accused were sentenced to 2 to 5 years, and Mammona at the end of his sentence was deported to Italy and then went to Australia.

The Buffalo Inquirer October 6, 1920
 

Relations between the two mafiosi started to strain when Mammona asked Belle to burn down a hairdressing salon he owned in the suburbs of Sydney for the insurance money. The operation didn’t go as planned, and the bomb exploded earlier than expected and burned Belle quite badly. Moreover, although Mammona had received the insurance payout, he did not pay his debt to Belle, which definitely strained their relationship. 

Giuseppe Mammona
 

On February 11, 1930, Belle was at Newton station in Sydney's east with another Italian. As the two are walking, the individual stabbed Belle in the chest, and Belle died minutes later in hospital.

Obviously, Mammona was the police’s main suspect, especially since 3 months later another hairdressing salon belonging to Mammone, also located in the inner suburbs of Sydney, burned down in the same way as the first. But for lack of evidence, Mammona was not charged.

Belle was warned some time before his death that a man named "Morelli" was threatening him, but as the individual was never identified, the trail ended there.

20 years later, the police received a tip from 2 informants that Belle's murder was allegedly committed by a Melbourne mafioso named Rocco Ferraro, but Ferraro was never charged and Belle's murder remains unsolved.

The murder of Jean Morris

Jean Morris was a 22-year-old prostitute when she moved to Ayr in Queensland. Coming from Sydney, she is described as already being a high-end prostitute by the time she was 19 years old. Already well connected with the Italian underworld, she made the trip from Sydney to Queensland with an Italian in order to make her fortune. Being acquainted mainly with Italians, she attracted the enmity of the local population and rarely went out without her knife, which earned her the nickname "Stiletto Jean".

Morris became the regular mistress of Francesco Femio, one of D'Agostino's main lieutenants. But on October 4, 1932, Stiletto Jean was assassinated, stabbed 35 times while she slept.

An eye witness gave the police a description of a railroad worker who allegedly entered Morris' apartment shortly before 2 a.m., the time of the murder. But since it was dark, and the description is too general, the trail ended there.

The investigation did uncover that shortly before her death, Morris had already been the target of an attempted murder. According to a friend of hers called Minnie Jones, a fire was started in her apartment, but was discovered in time and caused only property damage.

The police quickly connected Morris with Femio & D'Agostino. They discovered that she gleaned information on a rival group of Italians that she shouldn’t have. The press of the time spoke of Camorra, although it seems to be a group of Sicilians.

That said, Femio was in Ayr that evening just like another of D'Agostino's henchmen who soon fled to Italy. The man was subsequently arrested in Italy but refused to say anything and hung himself in his cell. The belt he used to hang himself was bought from Ingham.

Here again, for lack of new leads, this murder remains unsolved.

Jean "Stiletto" Morris
  

The Iacona affair

Giovanni Iacona was one of the men working for D'Agostino. In 1934 Iacona attempted to extort two farmers, Orazio Denaro & Salvatore Patane, with letters signed "Your Friends of the Black Hand". In addition to the demands for money, Iacona made explicit threats, for example threatening to burn Patane’s fields.

The two farmers decided to go see Nicola Mamone, one of D'Agostino's lieutenants in Innisfail, so that he could intervene on their behalf. Mamone agrees, assuring the farmers that he was unaware of the letters and telling them he is going to meet Iacona.

The meeting took place on February 11, 1934. If we don't know what was said during the meeting, we do know what happened: while two of Mamone's accomplices, Giuseppe Bueti & Giuseppe Parisi, held Iacona, Mamone took care of cutting off Iacona's ears with a knife. Their misdeed finished, the three mafiosi left Iacona to his fate. He managed to crawl to the street and was rescued by a motorist who called an ambulance. Iacona was questioned by the police, but of course, he had nothing to say to them.

Barely recovered, Iacona went to Innisfail on March 6 and shot Mamone in the street in broad daylight with 6 bullets to the head and back. Iacona was arrested a few minutes later by two police officers. To the policemen who questioned him he declared: "Yes I killed him. He made a job of me, but I made a better job of him". He also stated that he brought the murder weapon from Italy.

Charged with voluntary manslaughter, Iacona was unsurprisingly given a life sentence. Bueti and Parisi were sentenced to 7 years for their involvement in the disfigurement of Iacona's ears. All three were then deported, Bueti and Parisi in 1934 and Iacona in 1935, to Italy to serve their sentences on the prison island of Lipari.

While Iacona & Parisi led a quiet life afterwards(Parisi eventually returned to Australia in 1949), Giuseppe Bueti was less fortunate: he was executed by Mussolini for being a suspected Communist spy. 

  

The two Domenico Scarcellas

On June 8, 1935, Calabrian farmer Domenico Scarcella was shot and killed in his barn in Stone River. While at first there appeared no reason for Scarcella to be shot, the investigation soon revealed that Scarcella may not have been exactly a saint. There is also another Domenico Scarcella, and the 2 are probably related.

On December 13, 1932, Scarcella (not the one who was shot), Mario Strano & Saverio Militano, kidnapped Elizabeth Rosati, a 13 year old girl, whose father was a friend of Scarcella & Strano.

D'Agostino ordered the kidnapping of Strano the day before and the 3 kidnapped the girl while she was riding on horseback. Although he declared that he was there by chance, Scarcella seized the horse's reins to stop her and supplied Militano a product that he applied on a handkerchief and put on Elizabeth's mouth to put her to sleep.

Tried in February 1933, Militano was sentenced to 1 year of hard labor (it appears that he was then deported to Italy), Strano was acquitted and Scarcella was sentenced to 1 year in prison, of which he served 6 months. The investigation also concluded that Scarcella & Militano were part of a "Black Hand Gang". This Domenico Scarcella was also deported following the kidnap.

Back in 1935, while the police were searching Scarcella's belongings, they discovered an extortion letter of £250 addressed to an uncle of his wife named Domenico Rotondo. The letter was allegedly written by Francesco Femio.

Scarcella's widow, Francesca, was questioned and quickly told the investigators that her husband felt threatened by D'Agostino. Scarcella, according to her, expected to be wounded, but certainly not to be killed. The reason was that a few days before, Domenico's brother Saverio and one of his cousins had been sentenced to 18 years in prison in Italy for killing Vincenzo Speranzo, D'Agostino's brother-in-law, in 1933.

The investigation established that Femio & D'Agostino were both close to the Scarcella farm that night. D'Agostino told the investigators that he was friends with Scarcella, and even attended his funeral, and that he had nothing to do with his murder or the Black Hand. The same defense was used by Femio, who police strongly suspected was Scarcella's killer.

But without new evidence, and despite the vehemence and testimony of  Francesca Scarcella, the investigation was later closed and the murder remains unsolved once again.

Domenico Scarcella (shot in 1935)
  

The end of Femio & D'Agostino

On December 12, 1936 Francesco Femio was murdered in Stone River by three shots fired at close range through the shutters of the cane cutters' barracks, where he was sleeping.

130 meters away was the farm of Giuseppe Rotondo, his brother-in-law and partner Giovanni Lamotta. They called an ambulance, which arrived 20 minutes later. You may have noticed that Femio was murdered in Stone River and that one of the farmers is named Rotondo. Well, by an incredible coincidence, Giuseppe Rotondo is himself a neighbor of Antonio Rotondo, whose neighbor was named Domenico Scarcella... It is therefore not impossible that Antonio Rotondo was a relative of Domenico, possibly an uncle of Scarcella's wife, for whom the extortion letter was intended. However, this lead hasn’t been explored (as far as I know), so this is only speculation on my part and the Rotondo family probably had nothing to do with the Femio murder... In any case, coincidence or not, no one has ever been charged with Femio's murder.

Francesco Femio
 

On the evening of January 14, 1938, while he was sleeping, a homemade bomb exploded under D'Agostino's bedroom at his home in Ingham. Seriously injured, the mafioso was taken to the hospital where he died a few hours later. Before he died, D'Agostino told the police that he had no enemies and that he was a respected member of the Italian community. He even said "Mamma Mia, why they do this to me?". Proof that the capo was very unpopular (and rightly so) in his community: only three people attended his funeral.

Again, there were no leads that led to arrests or convictions, but the authorities seemed to think that the Scarcella, Femio & D'Agostino murders were the result of a feud with the Sicilian gang mentioned in the Jean Morris case, although it seems that this was not the case at least as far as Morris & Scarcella were concerned.

The Sicilians

A word about the gang of Sicilians operating in the area, of which little is known, much less if they were directly connected to the previous murders.

Among the Sicilian Black Handers were the brothers Filippo & Vincenzo Silvestro, originally from Calatabiano (Catania province), who arrived in Australia in 1934 and 1936 respectively and were active in Ingham.

In 1939 the Silvestro brothers were prosecuted for two cases of attempted extortion. The first one concerned a farmer named Rosario Russo who received a letter asking him to pay 1000 Lira in bills of 5 and 10 or else he would be poisoned. Filippo was widely suspected of being the author of the letter, but the police could not prove it and the charges were dropped.

The second case was of the same type and concerned a man named Giuseppe Gugenti. Except that this time the police could prove that the author was Vincenzo and he was sentenced to 6 months.

Filippo & Vincenzo Silvestro
 

In 1940, Vincenzo was deported to Italy on the SS Romolo. But the crew, no doubt refusing to go to Italy because of the Second World War, decided to scuttle the ship and the occupants returned to Australia. Vincenzo was interned in a camp and was later naturalized. His date of death is unknown, but it seems that his brother Filippo died in December 1988 in New South Wales.

On board the SS Romolo was another criminal named Giovanni Costa previously sentenced to 7 years in prison in 1937 for voluntary manslaughter. Costa shot and killed a farmer named Giacomo Neri in a house they both owned during a party. The party started in the house of another Italian named Andre Baruzzi, and moved to the other house, where Baruzzi testified that Costa asked Neri for more wine, which he refused. Costa then broke a bottle of wine and said: "You shut up, I'm boss here [...] I'll fix you tomorrow”. He didn’t wait for the next day, and went to another room, got a gun and shot Neri.

Although there is no indication that Costa was a Black Hander or even knew Silvestro and D'Agostino, the fact that he was deported at the same time as Silvestro and that the murder also took place in the midst of Italian sugar cane farmers in the same area merited mention.

Giovanni Costa
  

Consequences

The main consequence of all these murders was that the police started to understand that a structured mafia did exist in Australia, although it took several years to fully grasp the extent of it.

On the occasion of the murder of Domenico Belle in 1930, the police found in the apartment of an associate of Belle and Mammone a strange manuscript of questions and answers written in Calabrian dialect. It is in fact a manuscript of an initiation ritual to the 'ndrangheta.

In 1963 and 1981 similar documents were found at the home of the Melbourne mafioso Francesco Angilletta and at the home of the Canberra mafioso Domenico Nirta, proving definitively that the 'ndrangheta had been widely established in Australia for years.
 

 

 

 

 

 



 

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