La mafia de Montréal: Origines, relations et connexions avec les différents groupes mafieux d'Italie
L'une des particularités de la mafia de Montréal est qu'elle est composée en partie de membres venant directement d'Italie. Ainsi, bien qu'étant sous l'autorité de la Famille Bonanno de New York, ses membres, que ce soit d'abord avec la Calabre avec les Cotroni/Violi, puis la Sicile avec les Rizzuto, vont toujours garder des relations étroite avec leur mère patrie et en un sens, constituer une sorte de "liaison" entre les mafia Américaines & Italiennes.
Note: Il est évidemment totalement impossible de dresser un tableau complet de toutes ces connexions. Il s'agit pour cet article de montrer des évènements connus ou moins connus suffisamment révélateurs pour démontrer les relations diverses entourant la mafia de Montréal. Aussi ici je ne m'attarde principalement que sur les connexions avec l'Italie, je ferai probablement d'autres articles pour parler des relations entre les mafiosi Montréalais avec leurs homologues Américains ou avec les gangsters Corses & Marseillais.
La Famille Violi et la mafia à Sinopoli
A la fin des années 50, les frères Paolo, Rocco, Giuseppe & Francesco Violi débarquent en Ontario et très vite ils deviennent des membres reconnus et respectés de la mafia locale. Et si ils atteignent rapidement ce statut, c'est parce que leur père, Domenico, en est également un membre influent sur leur terre natale Calabraise, Sinopoli.
Domenico Violi est né le le 12 mai 1906. Bien avant que ses fils immigrent au Canada, il va lui aussi tenter de rejoindre le pays en 1921 et 1964 avant d'être déporté. Les raisons auraient été que déjà à l'époque Violi était considéré un membre éminent de la mafia en Calabre.
Il semble que depuis longtemps la famille Violi entretient des relations étroites avec les Alvaro, une autre famille criminelle de Sinopoli, car la mère de Domenico est Francesca Alvaro. Le clan Alvaro/Violi va dans les années 40 à 70 faire la une de la presse en Italie pour une série de meurtres liée à une querelle avec des familles rivales de Sinopoli: les Filleti, les Orfeo & les De Angelis
En 1944, un délinquant nommé Carmelo Filleti s'évade de la prison de Palmi. Au cours de sa cavale, il est abattu par un Carabinier. Une rumeur dit qu'il aurait été dénoncé par les familles Alvaro & Violi.
Il y a peu d'info sur ce qu'il se passe durant les années 40/50, mais en revanche la vendetta va avoir un pic dans les années 60. A cette période, les Orfeo & Angelis qui sont des parents de la famille Filleti rejoignent le conflit et va s'en suivre une série de meurtres des 2 côtés.
Le 23 juillet 1964 Antonio De Angelis est abattu. Les tueurs ont également pris soin de lui fracasser le crâne et de lui couper le bras droit.
Le 30 avril 1965, Francesco De Angelis, est tué dans son oliveraie. Il est décapité et sa tête est plantée dans le sol, recouverte de pierres.
Le 7 septembre 1966, les bergers Paolo & Giuseppe Violi sont abattu dans une étable. Giuseppe s'en sortira, mais pas Paolo. Les parents, Francesco Violi & Domenica Alvaro, interrogés par la police déclarent qu'ils ne savent pas qui a bien pu en vouloir à leurs fils.
Une partie du clan De Angelis décide de partir en Amérique, à Montréal et New York. Mais le 5 août 1967, Vincenzo Orfeo & Rosa De Angelis sont assassinés. Rosa devait partir le lendemain pour l'Amérique et rejoindre ses fils Francesco & Pasquale. Un autre berger, Carmine Alvaro est tué quelques jours plus tard le 4 octobre 1967. La police soupçonne fortement les frères Francesco & Pasquale, qui en plus de leur mère, ont également perdu leur père en 1957 ainsi que leur frère Antonio en 1964 dans cette vendetta.
La vendetta va finir une dizaine d'année plus tard. Après avoir été victime d'une tentative de meurtre le 7 juillet 1967, Santo Filleti fait ses valises et part pour le Piémont avec sa famille en 1969. Son fils Antonio est un délinquant et est condamné à 10 ans de séjour obligatoire à Turin. Après avoir disparu pendant 1 mois, Antonio Filleti est retrouvé en mai 1976 dans un bois de Pianca di Trana, le crâne fracassé par une pierre, de la même manière que son oncle Antonio De Angelis en 1965. Il semble que ce meurtre soit le dernier (ou un des derniers) de la querelle des "bergers" de Sinopoli.
Il est assez difficile de dire si et à quel point Domenico Violi a été impliqué dans ces meurtres, mais il était encore présent en Italie lors d'une partie de ceux-ci. Mais selon une note de la police Italienne, Violi du fait de sa réputation notoire de mafioso était interdit de séjour dans le village de Sinopoli et a été forcé à l'exil dans un village du sud de la Sicile pour son "comportement anti-social" ... Sa dernière tentative d'entrer au Canada date de 1971 et avait été jugé indésirable par les autorités d'Ottawa pour les mêmes raisons évoquées précédemment.
Domenico Violi finira par atterrir à Parma en banlieue de Cleveland, Ohio. Ironiquement, les seules fois où Domenico sera autorisé à se rendre au Canada seront pour les funérailles de ses 4 fils résidant au Canada: Giuseppe, décédé dans un accident de voiture en 1970 et Francesco, Paolo & Rocco, tués en 1977, 1978 et 1980 lors de la lutte de pouvoir avec le clan Rizzuto pour le contrôle de la mafia Montréalaise ...
Domenico Violi est décédé le 5 mars 1990 à Parma.
Domenico Violi |
Paolo Violi et la Calabre
Lorsque le 7 décembre 1972 Luigi Greco meurt accidentellement lors de l'incendie de sa pizzeria, Paolo Violi le remplace au rang de capo par intérim. Alors que Cotroni et Greco en plus de leurs relations avec leurs supérieurs New Yorkais entretenaient plutôt des relations avec les truands Corses & Marseillais, Violi préfère se tourner vers la Calabre et le sud de l'Italie. Violi, au contraire de Vic Cotroni et ses frères, n'est de toute façon guère intéressé au trafic de drogue et laisse plutôt des hommes comme Frank Cotroni ou Frank Dasti s'occuper de ça et traiter avec les Corses.
Alors que son quartier général, le Reggio Bar, est sous écoute depuis 1970, la police va ainsi découvrir les relations qu'entretient Violi avec les mafia d'Italie et des USA. Ainsi le 12 mai 1975, Violi reçoit Giuilio Pannuti, un de ses Picciotto, et lui explique qu'il a reçu des appels téléphoniques d'un contracteur ferroviaire qui était en difficulté à cause de demandes d'extorsions exercé par un Napolitain nommé Luigi Racco. Pannuti explique à Violi que le contracteur travaille directement avec le ministre des transports Italiens.
Pannuti, originaire de la Calabre, est officiellement au Canada en tant qu'étudiant en médecine. En plus des ses études, Pannuti a également été enregistré avec Violi en train de discuter de braquages, d'incendies criminels, d'évasions de prisonniers et de kidnappings. Pannuti est également un associé commercial d'un des frères Violi. En bref, pas totalement le profil type du soignant classique.
Violi décide donc que Pannuti doit partir en Italie régler l'affaire lui même et lui dit que pour régler l'affaire cela coûtera au contracteur 17.000$ + 10% sur ses futurs contrats. Violi précise à Pannuti d'aller voir un de ses Compare nommé Filippo Commisso. C'est Commisso qui ira trouver Racco pour lui transmettre le message de se retirer. Violi le charge également d'aller à Naples pour trouver un nommé Nicholas pour la même chose.
Alors qu'il se trouve en Italie pour la mission confiée par Violi, Pannuti est arrêté en compagnie d'un individu nommé Paolo Caracciolo le 7 juillet 1975 dans une ville proche de Cosenza, Calabre. Les 2 hommes sont arrêtés pour le meurtre survenu la veille de Francesco Ferlaino, procureur général de la province de Catanzaro. Les enquêteurs trouvent dans leur voiture un fusil de chasse et de nombreuses munitions. Selon les 2 hommes, ils revenaient d'un séjour dans les Pouilles où ils auraient visité des boutiques de vêtements (ce qui on est bien d'accord, ne justifie en rien la présence du fusil de chasse ...).
Ce qui justifie l'arrestation aux yeux des policiers, c'est que quelques temps auparavant en juin, les 2 hommes auraient été vu à Nicastro avec un comptable qui vivait où habite Ferlaino. Mais faute d'éléments concret les Pannuti & Caracciolo sont relâchés. Même si on n'en saura pas plus sur le présumé volet Montréalais de l'affaire, Violi avait signalé à Pannuti qu'avant qu'il parte pour l'Italie qu'il fallait qu'il le voit pour lui parler d'une autre affaire à régler.
Entre temps, les mafieux Calabrais Antonio Giaccobbe & Giuseppe Scriva ont également été soupçonnés du meurtre avant d'être acquittés. Selon le pentito Giacomo Lauro, Francesco Ferlaino aurait été tué car il empêchait l'infiltration la 'ndrangheta au sein de la Franc-Maçonnerie.
Pannuti est semble-t-il resté en Italie par la suite où il a été arrêté en 1981, 1984 et 1992 pour des affaires d'extorsions.
Giulio Pannuti en 1992 |
En 1972 lors d'une visite de Paolo Violi en Sicile, ce dernier rencontre Antonino Calderone, membre haut placé de la mafia à Catane. Violi se présente en tant que capodecina à Montréal pour la Famille Bonanno de New York. Violi en profite pour lui demander si il connaît des "hommes d'honneur" en Calabre. Calderone lui explique qu'il est impossible pour lui de lui présenter des hommes d'honneurs Calabrais, car au contraire de certaines exceptions à Naples, la Cosa Nostra ne fait pas d'hommes d'honneurs en Calabre. La position de Calderone à ce sujet est ambigue car quelques lignes plus loins dans ses mémoires, il explique qu'il est possible que des Calabrais aient pu être intronisé à titre exceptionnel. [Source: Les Hommes du déshonneur page 163-164]
La version de Calderone est cela-dit contredite par Tommaso Buscetta, qui dans le livre "Buscetta, la mafia par l'un des siens" (page 66), déclare que certains Calabrais sont devenus d'importants hommes d'honneurs. Selon lui c'est le cas de Girolamo Pirommali, Paolo De Stefano & Antonio Macri. Ce dernier a d'ailleurs des liens importants avec la mafia de Toronto et a un groupe placé sous son autorité.
Bien que ce ne soit très probablement pas reliable à Montréal, il est à signaler qu'en 1974, deux cousins de Paolo Violi, Santo & Domenico Barbino, sont arrêtés à Rome pour leur possible participation au kidnapping de Paul Getty III, petit fils d'un magnat du pétrole kidnappé par la 'ndrangheta.
De Cattolica Eraclea à Montréal
Avant d'atterrir au Canada, des membres de la mafia de Cattolica Eraclea avaient rejoint les USA en 1926. L'expérience avait tourné court à la suite du meurtre de Vito Rizzuto, père de Nicolo, en 1933. Calogero Renda qui à l'époque avait fait le voyage avec Rizzuto, rejoindra Montréal en 1958. Quelques années plus tard, d'autres hommes de Cattolica Eraclea vont s'installer au Canada et transplanter une affaire Sicilienne datant de 1955 jusqu' à Montréal.
Giuseppe Spagnolo était le premier maire de Cattolica Eraclea a être élu démocratiquement. Membre du parti Communiste et secrétaire de la Chambre du Travail, il est également actif dans le monde syndical paysan.
Le soir du 13 août 1955, Spagnolo décide de dormir en plein air devant sa ferme de Monte Sara. Il est abattu par 7 balles de Lupara, le fameux fusil de chasse Sicilien.
Plus tard dans la soirée, des Carabiniers qui ignorent tout du meurtre qui vient de se produire, voient 4 hommes sur des mules et qui à la vue des policiers font demi-tour. Les Carabiniers tirent en l'air ce qui affole une mule et qui a pour conséquence qu'un des hommes doit finir sa course à pieds.
Le propriétaire de la mule est retrouvé le lendemain. Il s'agit de Rosario Gurreri, un agriculteur âgé de 26 ans. Les enquêteurs qui entre temps ont découvert le meurtre de Spagnolo arrêtent Gurreri. Gurreri qui est emprisonné en attendant un procès craque 4 ans plus tard en 1959 et donne le noms de tueurs: Leonardo Cammalleri, Leonardo Salvo & Giacinto Arcuri.
Giuseppe Spagnolo |
Gurreri déclare aux enquêteurs que un mois avant le meurtre, Arcuri & Salvo étaient venu le trouver pour l'inviter à participer au meurtre. Ils lui auraient déclaré que Spagnolo avait "porté atteinte" à l'honneur de Giuseppa Di Salvo, la belle mère de Cammalleri. Gurreri raconte qu'il aurait décliné l'offre mais aurait prêté sa mule à Cammalleri et que le lendemain ce dernier serait venu le trouver pour lui dire que sa mule s'était enfuie.
A l'issue du procès les trois mafiosi sont jugés en leurs absence et condamné à perpétuité. Gurreri lui est innocenté des charges de complicités qui pesaient contre lui et décide de faire ses valises pour Montréal. Malheureusement pour lui, certains de ceux qu'il a dénoncé ont eu la même idée que lui.
A Montréal, Gurreri ouvre un restaurant, le New Miss Royal. Le 5 mars 1972, une serveuse trouve le corps de Gurreri, allongé dans la cuisine avec un poignard planté dans la poitrine. La victime a également été égorgé et le visage mutilé. Un hachoir de boucher traine à côté du corps dans une marre de sang.
La police en fouillant dans le passé de Gurreri va faire le lien avec l'affaire Spagnolo. Cammalleri vit au Canada où il habite à Montréal, puis à Toronto. Salvo aurait fait ses valises pour les USA et aurait peut être habité à Buffalo. Quant à Arcuri, il est peut être (ou peut être pas) décédé entre temps. Quoi qu'il en soit, les protagonistes ayant vécu caché pour la plupart du temps, aucune poursuite ne sera engagée contre Cammalleri & Salvo.
Au moment de ces évènements, les liens entre Cammalleri et les Rizzuto sont déjà bien établis car la fille de Leonardo, Giovanna, a épousé en 1966 Vito Rizzuto, le futur chef de la mafia de Montréal
Rosario Gurreri, Leonardo Salvo & Leonardo Cammalleri |
La version donnée à l'époque par Gurreri ne convainc pas totalement la veuve Spagnolo, qui pense surtout que son mari a été assassiné par la mafia pour ses engagements de maire et de syndicaliste agricole. Il parait d'ailleurs assez évident que Antonino Manno, le capo de la cosca de Cattolica Eraclea, soit impliqué. Manno aurait d'ailleurs exercer des pressions sur Spagnolo peu avant le meurtre.
Né en 1904, Manno à ce moment là est depuis longtemps le chef de la mafia locale et a un lourd passé judiciaire. En 1924 il est accusé de meurtre et est acquitté fautes de preuves. Deux ans plus tard, il est de nouveau accusé de vols et de 7 autres meurtres, mais là encore, il est acquitté pour les mêmes raisons.
Depuis que Nicolo Rizzuto a épousé sa fille Libertina et rejoint le Canada en 1954, Manno tente lui aussi de rejoindre Montréal. Il faut préciser aussi qu'en plus de sa fille et de son gendre, sa soeur vit également à Montréal puisqu'elle a épousé Calogero Renda.
Manno est vu à Montréal le 10 septembre 1964. La police qui surveille Frank Cotroni voit ainsi une réunion avec Vic & Frank Cotroni, Nick Rizzuto & Paolo Violi. Le Véhicule utilisé par Rizzuto & Manno était une voiture appartenant à Giuseppe Indelicato, un mafioso originaire de Siculiana actif à Windsor, Ontario. Manno est expulsé peu après suite à sa réputation sulfureuse...
En 1968, Manno est inculpé pour association mafieuse et est condamné à 5 ans de séjour obligatoire à Lecce, Pouilles. Grâce a ses relations politiques, Manno obtient le droit de traverser l'Atlantique et s'installe finalement à Montréal où il décède en 1980.
Antonino Manno |
Siculiana & la province d'Agrigente
Les relations entre les cosche de Cattolica Eraclea & Siculiana remontent à loin. Le père d'Antonino Manno, Domenico, était marié à Libertina Caruana. Quand en 1926 Vito Rizzuto & Calogero Renda sont partis pour l'Amérique, ils étaient accompagnés de 4 Siculianese.
A la suite de l'attentat de Ciaculli le 30 juin 1963, les autorités Italienne exercent sur la Cosa Nostra une forte répression et certains de ses membres décident de fuir leur pays. C'est le cas de Pasquale Cuntrera qui en 1966 se voit frappé d'une assignation à résidence obligatoire à Pescara, Abruzzes. Il décide donc de s'expatrier à Montréal où se sont déjà installés ces autres frères, Gaspare, Paolo & Liborio.
Sur place, les frères Cuntrera vont instaurer l'une des plus grosses filières de distribution d'héroïne vers les USA. Lors d'une visite de Tommaso Buscetta à Montréal, Cuntrera lui explique que la drogue lui est fournie par Giuseppe Bono, le capo de la cosca de Bolognetta, pour être ensuite expédié vers New York. L'héroïne est d'ailleurs fournie à Bono par l'intermédiaire du Napolitain Michele Zaza qui lui même est fourni par le boss Marseillais Gaëtan Zampa.
En 1969, Tommaso Buscetta, mafioso de la cosca de Porta Nuova en cavale en Amérique du Sud, effectue un séjour à Montréal pour des raisons médicales. Salvatore Catalano, membre de la cosca de Ciminna transféré dans la Famille Bonanno de NY, présente Buscetta à Cuntrera. Car Buscetta n'est pas seulement au Canada pour raisons de santés.
Durant son séjour au Québec, Buscetta est logé chez Cuntrera, et Alfonso Caruana lui sert de chauffeur. Buscetta en profite pour nouer des relations avec les mafieux locaux, notamment Frank Cotroni. Les 2 mafieux vont ainsi mettre en place en réseau de distribution de drogue entre le Canada, le Mexique et le Brésil en direction des Etats Unis. Le réseau, approvisionné par le baron de la drogue Auguste Ricord, va tenir jusqu'en 1972/1973 et l'arrestation des ses principaux protagonistes. A Montréal, Buscetta aurait également rencontré Giuseppe Bono & Giuseppe Caruana. Ce dernier est spécialement revenu du Brésil afin de rencontrer le mafieux Palermitain.
On le verra quelques lignes plus loin, mais Cotroni & Buscetta vont également mettre en place un réseau pour faire entrer illégalement aux USA des mafiosi en transitant par Montréal.
Pour en revenir aux frères Cuntrera, ces derniers ne voulant pas dépendre de l'autorité de la Famille Bonanno, préfèrent faire leurs valises pour le Venezuela (exception faite de Liborio qui est parti à Londres). Ils seront rejoint en 1973 par Nicolo Rizzuto qui se fait transférer de la Famille Bonanno à celle du Venezuela afin de faire retomber les pressions avec Paolo Violi.
Pasquale Cuntrera |
Si les Cuntrera voient leur intérêt ailleurs qu'au sein de la decina de Montréal, ce n'est pas forcément le cas de tout les Siculianese. Leonardo Caruana & Pietro Sciara sont de ceux là et sont assez proche de Paolo Violi.
Caruana est à Montréal depuis 1966 à la suite d'une interdiction de séjour. C'est dans une maison au nom de son fils Gerlando qu'aura lieu dans de la ville de L'Epiphanie le 14 décembre 1971 la première réunion pour trouver un terrain d'entente entre les Sicliliens et Paolo Violi. Caruana participera d'ailleurs à de nombreuses réunions relatives à ce sujet et montrera son soutient à Paolo Violi. Leonardo Caruana est expulsé du Canada en 1973 du fait de son passé criminel en Italie.
Sciara a le même profil que Leonardo Caruana et plusieurs éléments laissent penser qu'il est depuis un moment un membre transféré officiellement dans la decina de Montréal. Lors d'une entrevue le 10 mai 1974 entre Violi, Sciara & Carmelo Salemi (capo de la cosca d'Agrigente) Giuseppe Cuffaro, Violi & Sciara à Cuffaro expliquent ceci:
-Paolo Violi: "Non, parce que, vois-tu, Pino, ici les choses, moi je suis au courant comme c’est ici en Amérique. Quelqu'un qui arrive de l'Italie, ici effectivement, comme règlement, il doit rester ici cinq ans sous nos ordres. Après les cinq années, alors tout le monde voit ce qu’il est."
-Pietro Sciara: "... Avant qu'on mette un Picciotto proche de nous... Il faut que la personne soit digne de rester. On va le savoir si il est bon ou pas bon"
Trois jours plus tard, Violi explique à Cuffaro la Commission a fermé les registres et ne peut de toute façon pas introniser de nouveaux membres. Giuseppe Cuffaro, qui est originaire de Montallegro, est au Canada depuis 1953 et est le beau-frère de Giovanni Caruana (frère de Leonardo, oncle d'Alfonso). Le futur grand blanchisseur d'argent du clan Caruana-Cuntrera se voit donc recevoir une probation de 5 ans malgré ses liens avec le clan de Siculiana et l'insistance de Salemi en sa faveur.
Le 9 janvier 1975, Violi envoi Sciara et Salvatore Sorrentino, un autre membre de la decina, à New York afin de demander à Philip Rastelli, alors boss de la Famille Bonanno, l'autorisation de diriger officiellement la decina pendant que Vic Cotroni est emprisonné pour 1 an pour outrage devant la CECO. Le fait que Violi envoi Sciara montre que ce dernier était devenu un membre à part entière de la Famille Bonanno. Ce qui ne le sauvera pas: il est assassiné le 14 février 1976 pour avoir trop soutenu Paolo Violi durant le conflit qui l'opposait à Rizzuto.
Quelques semaines avant cette entrevue, le 22 avril 1974, Salemi, Violi, Cuffaro, & Sciara s'étaient déjà rencontrer. C'est Sciara qui a arrangé la rencontre. Le but de la visite était que Salemi tienne au courant Violi des récents évènements qui se déroulaient en Sicile. Salemi donne une lettre écrite par Giuseppe Settecasi, le capo de la province d'Agrigente, lui expliquant que Salemi est le nouveau capo de la cosca d'Agrigente, et que Leonardo Caruana est le nouveau capo du mandamento de Siculiana (mandamento qui comprend les villes de Siculiana, Cattolica Eraclea, Montallegro, et probablement d'autres villages aux alentours).
A l'exception de Cuffaro, les représentants de la province d'Agrigente cités ou ayant pris part dans ces réunions vont tous être tués lors de la Seconde Guerre de la Mafia qui fait rage au début des années 80. Carmelo Salemi disparaît le 7 juin 1980 pour être retrouvé 7 ans plus tard enterré dans un terrain vague. Giuseppe Settecasi est assassiné le 23 mars 1981 et Leonardo Caruana est assassiné le 2 septembre 1981 à Palerme alors qu'il venait d'assister au mariage de son fils.
Carmelo Salemi |
Le réseau d'émigrés clandestins de Frank Cotroni & Tommaso Buscetta
A la suite de sa visite au Canada, Buscetta va donc mettre au point avec Frank Cotroni un réseau pour faire passer des émigrés Siciliens du Canada aux USA. Le but de l'opération est de fournir aux Familles Américaines de la main d'oeuvre pour monter un réseau de distribution de drogue par l'intermédiaire de pizzerias [pizza parlor], ces Familles Américaines étant récalcitrantes à impliquer leurs propres hommes. Ces immigrants sont principalement envoyé à New York, Detroit, l'Illinois, Philadelphie, le New Jersey, Buffalo, Miami ou la Nouvelle Orléans.
Après son séjour à au Canada, Buscetta trouve refuge à New York où il est pris sous l'aile de la Famille Gambino. Mais le 9 décembre 1969, Buscetta est arrêté par des douaniers en compagnie de Giuseppe Tramontana & Anthony Settimo, deux mafiosi Siciliens actif à Brooklyn et dans le New Jersey. Les 3 mafiosi sont arrêté dans une voiture appartenant à Matteo Scanzano, un restaurateur ami de Frank Cotroni. Dans la voiture sont retrouvés d'ailleurs des billets de loterie, des films porno ainsi qu'une facture pour des magazines Playboy au nom de Frank Cotroni... [source: La Filière Canadienne de Jean-Pierre Charbonneau, page 330]
A la suite de l'enquête, la police découvre que le fils de Buscetta, Antonio ainsi que sa femme et ses filles sont logés chez Rosario Gambino un mafieux Sicilien et cousin lointain du boss Carlo Gambino. Après cette mésaventure, Buscetta rejoindra ensuite l'Amérique du Sud entre le Mexique, l'Argentine et le Brésil.
Tramontana et son associé Giuseppe Romano, lui aussi un mafioso importé de Sicile, sont propriétaire d'une Pizzeria dans le New Jersey et sont largement suspectés par la police de faire parti des principaux recruteurs dans l'organisation du réseau de migrants entre la Sicile et le Canada.
Cotroni charge, Guido Orisini, un de ses principaux lieutenants de s'occuper du passage de la frontière vers les USA. Orsini qui vient lui même d'Italie est arrivé au Canada en 1958 et est officiellement un impresario ainsi que le propriétaire d'un nightclub avec Santo Mendolia, un autre trafiquant de drogue Montréalais proche d'Orsini et de Cotroni.
En juillet 1971, Orsini est vu avec Lorenzo Sciarrino, un mafieux
Sicilien qui organise des envois d'immigrés depuis Carini et Cinisi en
Sicile. Sciarrino qui est en contact avec des compagnies aériennes et maritimes, arrange au migrant le voyage et également l'obtention de passeports, cartes de
sécurité sociale et permis de conduire en échange de 500$.
Le passage à la frontière s'effectue en général de voiture et de nuit en échange de 500$ supplémentaire remis à Orsini ou à Salvatore Fragapane, un Sicilien Montréalais. Une voiture leurre est utilisée pour tromper au besoin les autorités, et selon une source policière, Orsini & Fragapane auraient été vu au moins une fois au volant de l'une d'elles.
En mars 1972 Guido Badalamenti & Croce Passalacqua, deux mafiosi de Carini associés de Sciarrino, ont ainsi été arrêtés au Canada alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre Brooklyn*. Peu après la rencontre avec Orsini, Sciarrino est condamné à l'isolement dans une ville au nord de l'Italie et est abattu quelques semaines plus tard.
Son fils Stefano, qui a probablement bénéficié du réseau Cotroni/Buscetta/Orsini, connait le même sort en janvier 1973 à Bristol, Pennsylvanie. Stefano travaillait dans une Pizzeria appartenant à Michael Piancone, un homme d'affaire originaire de Corato, Pouilles, qui a migré aux USA dans les années 60. Piancone employait un bon nombre d'individus impliqué dans la Pizza Connection tel que les Inzerillo, ou les frères Gambino de Cherry Hill. Le frère de Michael, Louis, a migré aux USA dans les années 50, s'occupe également d'une chaîne de restauration qui emploie de nombreux Siciliens au passé douteux et est parfois listé comme un membre de la Famille Colombo.
[*l'info concernant Badalamenti & Passalacqua vient d'un article
parut dans Newsday le 19 novembre 1972 mais les noms et infos donnés
sont assez déroutant car aucun résultat n'apparait dans la presse quand
on recherche. En revanche Cesare Badalamenti, originaire de Cinisi, membre
de la Famille de Detroit et cousin de Gaetano & Emanuele, a été
arrêté et déporté en direction de Rome en juillet 1972. Arrêté quelques semaines avant, il était actif
dans la région de Windsor, Ontario dans le trafic de drogue avec
Giuseppe Indelicato de Siculiana mentionné précédemment, et Rocco Zito,
un boss de la 'ndrangheta en Ontario. Plusieurs neveux de Badalamenti - Saverio Badalamenti & Matteo Sollena - travaillent dans des Pizzerias du New Jersey avec Santo et Salvatore Inzerillo.
Quant à Passalacqua, un Gaspare Passalacqua de Carini a eu des soucis avec les services d'immigration en 1967 & 1970. Passalaqua travaillait également dans une pizzeria du New Jersey appartenant à Michael Piancone. La surveillance sur Passalacqua et des Pizzerias de Piancone mènera d'ailleurs à l'arrestation en 1971 de Frank Rappa (gendre de Paolo Gambino), Lorenzo D'Aloisio, Giuseppe Giacomazzo et du Français Richard Berdin. Cette opération participera au démantèlement de plusieurs des grosses filières de la French Connection]
Guido Orsini |
Mais les USA ne sont pas seulement la seule destination des mafiosi Siciliens. Le 13 mars 1972, Giacomo Camporeale, un Palermitain de 27 ans est arrêté à l'aéroport de Dorval dans l'agglomération de Montréal. Les services douaniers trouvent le passeport n'a pas l'air très légal et que l'individu officiellement au Québec pour tourisme, n'a pas l'air très authentique. Surtout que Camporeale n'a que 100$ en proche, et pas de billets de retour ...
Après enquête, les services d'immigrations aidés d'Interpol découvrent que Camporeale est recherché en Italie pour association mafieuse et une affaire de meurtre. Assigné en séjour obligatoire sur l'île d'Assinara, Camporeale en aurait profité pour prendre la fuite de Palerme en direction du Canada. En fouillant dans ses affaires, les enquêteurs trouvent un papier avec le numéro de téléphone de Nicolo Rizzuto.
Selon Camporeale, qui clame ne connaître personne au Canada, le numéro lui aurait été donné par un passager de l'avion. Juste après avoir été arrêté Camporeale a téléphoné à Rizzuto pour qu'il transmette les 10.000$ de cautionnement, mais Rizzuto aurait refusé. Mais quelques heures après c'est Nicholas Morello, un mafieux bien connu à Montréal et originaire comme Rizzuto de Cattolica Eraclea, qui s'est présenté au service requis afin de délivrer la caution. Caution qui sera d'ailleurs refusé.
Après avoir comparus devant trois audiences pour plaider sa cause, Camporeale est expulsé du Canada le 15 avril. Antonio, son père, également recherché pour purger une peine de 5 ans de prison est arrêté le 27 avril à Naples. Antonio Camporeale était un membre reconnu de la cosca de Porta Nuova et son nom figure dans le fameux rapport des 114 mafieux les plus dangereux d'Italie. Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre les USA, Antonio se cachait en Allemagne mais serait revenu en Italie lorsqu'il a appris l'arrestation de son fils.
Giacomo Camporeale |
L'affaire Gaetano Amodeo
Le 20 février 2001, Gaetano Amodeo, un mafieux de Cattolica Eracela âgé de 48 ans, est arrêté par les services d'immigrations de Montréal. L'individu installé à Montréal depuis 1996 où il est propriétaire d'une bijouterie, est recherché pour au moins deux meurtres.
Les autorités Italienne recherchent Amodeo pour les meurtres du mafieux Francesco Triassi le 12 janvier 1991 et pour le meurtre d'un autre individu commis en Allemagne en 1981. De plus, Amodeo est suspecté d'avoir pris part au meurtre de Giuliano Guazzelli, un Maréchal des Carabiniers, commis le 4 avril 1992.
Ce qui paraît une affaire simple le devient beaucoup moins quand il est découvert que Alfonso Gagliano, alors Député et Ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux se retrouve impliqué dans l'affaire. Quelques temps avant l'arrestation d'Amodeo, Gagliano aurait écrit une lettre au services d'immigrations du Canada pour savoir où en était la demande de résidence permanente de Maria Sicurella, la femme d'Amodeo.
Né le 24 janvier 1942 à Siculiana, Gagliano à immigré au Canada en 1958. Au moment où éclate l'affaire Amodeo, ce n'est pas la première fois que des liens suspicieux entre l'homme politique et la mafia apparaissent.
En 1994 il est révélé que Gagliano, alors comptable, a comme client Agostino Cuntrera. Gagliano déclare plus tard qu'il connaissait Cuntrera car il est membre de "l'Association de Siculiana", dont il est le président. C'est d'ailleurs Agostino Cuntrera qui en deviendra le président plus tard.
Dans les années 80, d'autres mafiosi de Montréal tels que Dima Messina & Filippo Vaccarello, sont vu au bureau de comptabilité de Gagliano lors de surveillences policières, mais Gagliano déclare aux enquêteurs ne pas connaître les individus.
Alors qu'il est devenu un informateur en 2003, Frank "Curly" Lino, ancien capo de la Famille Bonanno déclare au FBI que Alfonso Gagliano est un membre de la decina de Montréal. Lino raconte que lors de la visite d'une délégation de la Famille Bonanno à Montréal après la mort de Philip Rastelli en 1991, Gagliano lui aurait été présenté lors d'une récéption par Giuseppe Lo Presti, comme un "Amico Nostra". Lino ajoute que seuls des membres de la Famille Bonanno étaient présents. Lino reconnaît Gagliano sur une photo présenté par le FBI.
Pour en revenir à Amodeo, il a été expulsé en 2001 du Canada vers l'Italie où il a été condamné à la prison à vie et où il est décédé quelques années plus tard. Quant à sa femme, elle a pu rester au Canada.
Gaetano Amodeo |
Et la Campanie ?
Quand on pense à la mafia à Montréal - voire même au Canada en général - on pense tout de suite aux Siciliens ou aux Calabrais, mais pas vraiment aux Napolitains. Et pourtant, il existe bien un lien entre la Guapperia et le crime organisé Montréalais. Pour finir cet article, regardons cela de plus près.
En 1980, la presse Américaine publie une note d'un rapport de la Florida Department of Law Enforcement. Le rapport indique que plusieurs figures bien connues du crime organisé Montréalais sont actifs en Floride. Parmis ces noms on retrouve les frères Claude & Jean-Guy Dubois, Marcel Salvail, William Obront et un certain Giuseppe Napolitano. D'autres membres bien connus du clan Cotroni-Violi tels que Joe Di Maulo ou Joe Cocolicchio ont d'ailleurs également vécu en Floride.
Selon le rapport, les opérations du groupe de Giuseppe Napolitano seraient soutenue par la Cosa Nostra Américaine, ce qui lui donnerait un "statut spécial".
Si le nom de Napolitano est presque inconnu du public, son nom apparaît toutefois au milieu des années lors des audiences de la CECO. A l'époque, le Reggio Bar de Violi était sur écoute et les autorités avaient captés plusieurs conversations entre Violi & Napolitano.
Il est rapporté que le 21 janviers 1973, Napolitano rencontre Violi, ce dernier assure à Napolitano qu'il doit envoyer quelqu'un à NY pour régler une dette de 30.000$ dans laquelle Natale Evola, alors boss de la Famille Bonanno, avait un intérêt. Plus tard, le 19 novembre, Napolitano et un individu nommé Ciro Casoria, rencontrent Violi pour qu'il intercède en leur faveur auprès de Philip Rastelli afin qu'un de leur contact dans le New Jersey n'ait pas a rembourser les intérêts d'un emprunt contracté à New York.
Giuseppe Napolitano est né le 23 mars 1932 à Saviano et est devenu citoyen Canadien le 12 février 1966. Giuseppe et ses frères Luigi, Gatto & Orlando sont considérés par les autorités Canadienne (et Italienne) comme étant des membres d'importance dans l'organisation Cotroni-Violi. Propriétaire de 2 réstaurants à Montréal, dont le Casa Napoli ouvert en 1978, il est entre autre suspecté d'être impliqué dans le trafic de drogue ainsi que le vol et le trafic de bijoux. La police Italienne le considère comme un très proche du boss Napolitain Carmine "'O 'Ntufato" Alfieri, lui aussi originaire de Saviano.
Napolitano & Ciro Casoria (qui s'est fait expulsé du Canada au milieu des années 70) sont également suspectés d'avoir pris part au trafics d'immigrés clandestins de la Pizza Connection mentionné plus haut. Ici encore, même schéma, sauf qu'il s'agit ici de Napolitains: le migrant vient de l'Italie, passe par Montréal d'où il est envoyé en Floride pour travailler dans une pizzeria et se marie pour obtenir des papiers légaux.
En Floride, Napolitano est en contact étroit avec les Familles Gambino & Colombo et il aurait rencontré plusieurs fois en juillet 1973, Sebastiano Aloi, un capo de la Famille Colombo.
Giuseppe Napolitano |
Napolitano est également actif dans le domaine de la construction en Italie. Il est reporté qu'il y est représenté par les frères Raffaele & Antonio Fioravante au sein de NAGA sarl, Edil Capua s.a. et le consortium Campania Costruzioni. Les frères Fioravante sont eux même des associés de Vincenzo Agizza & Luigi Romano, affiliés au clan Nuvoletta de Marano di Napoli.
Luigi Romano est arrêté en 1988 à Gênes pour son appartenance avec le clan Nuvoletta. Avec lui se trouve Giuseppe Napolitano qui déclare qu'il vient juste d'arriver du Canada. Interrogé à propos de Napolitano, Romano déclare connaître Napolitano depuis l'enfance et que tout comme lui, Napolitano est dans le domaine des fruits et légumes. Notons que c'est d'ailleurs aussi le domaine de Lorenzo Nuvoletta... Romano déclare également aux enquêteurs qu'il se rend au moins 1 fois par an à Montréal, en général accompagné de Raffaele Fioravante pour des raisons de "plaisir". Ce que les enquêteurs ne croient évidemment pas une seule seconde.
Lors de son arrestation, la police saisie à Romano un carnet de numéros de téléphones. En plus de certaines personnalités publique dont Vincenzo Scotti, alors Ministre de l'Intérieur de l'Italie, la police trouve le numéro d'un individu Montréalais nommé Luigi Barone.
Né en 1925 à Cantalupo nel Sannio dans la région du Molise, Barone émigre au Canada à 25 ans et va devenir au fil des années un important entrepreneur dans le domaine de la construction. Barone n'est pas un truand mais entretient toutefois des relations trouble avec la mafia Montréalaise. Il est d'ailleurs à noter que certains personnages importants de la pègre sont originaire du Molise. C'est le cas de Luigi & Antonio Greco, Joseph & Vincenzo Di Maulo ou de Nicola Di Iorio, tous originaires de la region de Campobasso.
Barone dirige ses affaires entre Montréal dans le quartier de St-Léonard, Rome & Miami. Un de ses immeubles, le "Complexe le Baron" héberge d'ailleurs dans ses locaux le bureau de comptablilité de Alfonso Gagliano et a servi de spot pour le sniper qui a assassiné Rocco Violi le 17 octobre 1980. Intérrogé par la CECO en 1975, Barone a avoué avoir versé plusieurs pots-de-vin à Jean Di Zazzo, maire de St-Léonard et ami de Paolo Violi, pour des histoires d'expropriations de terrains.
Luigi Barone |
Intérrogé par la police Canadienne par rapport à l'affaire Romano, Barone déclare connaître des membres de la mafia Montréalaise. Il indique également qu'il connaît bien Napolitano et qu'alors qu'il se trouve en Italie, en juin 1988, un individu lui a remis une lettre à donner à Napolitano. Barone qui a lu la lettre raconte que le message est que Napolitano ne doit pas revenir en Italie avant 18 mois car il est recherché par la police.
La police présente à Barone une photo de Lorenzo Nuvoletta. Barone déclare ne pas connaître l'individu mais qu'il l'a vu à Montréal en 1985 alors que Nuvoletta était en cavale depuis janvier 1984. Ce jour là Nuvoletta était en compagnie d'un membre non identifié de la famille Caruana.
Pour autant que l'on sache, Giuseppe Napolitano n'a jamais été poursuivi pour activités liées au crime organisé.
English version
One of the peculiarities of the Montreal mafia is that it is composed
partly of members who came directly from Italy.Therefore, even though
they are under the authority of the Bonanno Family of New York, its
members always maintained close relations with their mother country;
first with Calabria through the Cotroni/Violi family, then with Sicily
through the Rizzuto family and, in a sense, constitute a kind of
"liaison" between the American & Italian mafia.
Note: It is, of course, totally impossible to paint a complete picture
of all these connections. The aim of this article is to show both known
and lesser-known events that reveal and demonstrate the diverse
relationships surrounding the Montreal mafia. I'll probably do other
articles on the relationships between Montreal mafiosi and their
American counterparts, or with Corsican and Marseilles gangsters.
The Violi Family and the Mafia in Sinopoli
In the late '50s, the brothers Paolo, Rocco, Giuseppe & Francesco
Violi arrived in Ontario and quickly became recognized and respected
members of the local Mafia. They quickly achieved this status because
their father, Domenico, was also an influential member of the Mafia in
his native Sinopoli, Calabria.
Domenico Violi was born on May 12, 1906. Long before his sons immigrated
to Canada, he tried to reach the country in 1921 and 1964, before being
deported. The reasons being that, even then, Violi was considered a
prominent member of the Mafia in Calabria.
It’s evident that the Violi family had long and close ties with the
Alvaro family, another Sinopoli crime family, as Domenico's mother was
Francesca Alvaro. From the 40s to the 70s, the Alvaro/Violi clan made
headlines in Italy for a series of murders linked to a feud with rival
Sinopoli families: the Filletis, the Orfeos & the De Angelis.
In 1944, a delinquent named Carmelo Filleti escaped from Palmi prison.
While on the run, he was shot by a Carabinieri. Rumor has it that he was
marked by the Alvaro & Violi families.
There's little information on what happened in the 40s and 50s, but the
vendetta peaked in the 60s. During this period the Orfeo & Angelis
family, relatives of the Filleti family, joined the conflict, and a
string of murders on both sides followed.
On July 23, 1964, Antonio De Angelis was shot dead. The killers also smashed his skull and cut off his right arm.
On April 30, 1965, Francesco De Angelis was killed in his olive grove.
He was decapitated and his head planted in the ground, covered with
stones.
On September 7, 1966, shepherds Paolo & Giuseppe Violi were shot
dead in a stable. Giuseppe survived, but Paolo did not. The parents,
Francesco Violi & Domenica Alvaro, questioned by the police, said
they didn't know who could have wanted to kill their sons.
Part of the De Angelis clan decided to move to Montreal and New York.
But on August 5, 1967, Vincenzo Orfeo & Rosa De Angelis were
murdered. Rosa was due to leave for America the following day to join
her sons Francesco & Pasquale. Another shepherd, Carmine Alvaro, was
killed a few days later on October 4, 1967. The police strongly
suspected the brothers Francesco & Pasquale, who in addition to
losing their mother, had also lost their father in
The vendetta came to an end some ten years later. After an attempted
murder on July 7, 1967, Santo Filleti packed his bags and moved to
Piedmont with his family in 1969. His son Antonio was a delinquent and
was sentenced to 10 years' compulsory residence in Turin. After
disappearing for 1 month, Antonio Filleti was found in May 1976 in the
woods in Pianca di Trana, his skull crushed by a stone, in the same way
as his uncle Antonio De Angelis in 1965. It appears that this murder was
the last (or one of the last) of Sinopoli's "shepherds" quarrel.
Whether and to what extent Domenico Violi was involved in these murders
is rather difficult to say, but he was still present in Italy during
some of them. But according to an Italian police note, due to his
notorious reputation as a mafioso, Violi was banned from the village of
Sinopoli and forced into exile in a village in southern Sicily for his
"anti-social behavior"... His last attempt to enter Canada was in 1971,
when he was deemed undesirable by the Ottawa authorities for the same
reasons.
Domenico Violi ended up in Parma, a suburb of Cleveland, Ohio.
Ironically, the only time Domenico was allowed to visit Canada was for
the funerals of his 4 sons living in Canada: Giuseppe, killed in a car
accident in 1970, and Francesco, Paolo & Rocco, killed in 1977, 1978
and 1980 during the power struggle with the Rizzuto clan for control of the Montreal mafia ...
Domenico Violi died in Parma on March 5, 1990.
Domenico Violi |
Paolo Violi and Calabria
When Luigi Greco died accidentally in a pizzeria fire on December 7,
1972, Paolo Violi replaced him as acting capo. Whereas Cotroni and
Greco, in addition to their relations with their New York superiors,
tended to maintain relations with Corsican and Marseilles mobsters,
Violi preferred to focus on Calabria and southern Italy. Violi, unlike
Vic Cotroni and his brothers, had little interest in the drug trade
anyway, leaving men like Frank Cotroni and Frank Dasti to deal with the
Corsicans.
With his headquarters, the Reggio Bar, bugged since 1970, the police
discovered Violi's links with the mafia in Italy and the USA. On May 12,
1975, Violi met with Giuilio Pannuti, one of his Picciotto, who
explained that he had received telephone calls from a railway contractor
who was being extorted by a Neapolitan named Luigi Racco. Pannuti told
Violi that the contractor worked directly with the Italian Minister of
Transport.
Pannuti, originally from Calabria, was officially in Canada as a medical
student. In addition to his studies, Pannuti was recorded with Violi
discussing robberies, arson, prison escapes and kidnappings. Pannuti was
also a business associate of one of the Violi brothers. In short, not
exactly your typical caregiver.
Violi decided that Pannuti should go to Italy to settle the matter
himself, and told him that it will cost the contractor $17,000 + 10% on
future contracts. Violi told Pannuti to go and see one of his Compare,
Filippo Commisso. It was Commisso who would tell Racco to withdraw.
Violi also instructed him to go to Naples and find a man named Nicholas
for the same purpose.
While in Italy on the mission entrusted to him by Violi, Pannuti was
arrested in the company of an individual named Paolo Caracciolo on July
7, 1975 in a town near Cosenza, Calabria. The 2 men were arrested for
the murder of Francesco Ferlaino, Attorney General of the province of
Catanzaro the previous day. Investigators found a shotgun and a large
quantity of ammunition in their car. According to the 2 men, they were
returning from a holiday in Puglia, where they had visited clothing
stores (which, we agree, in no way justifies the presence of the
shotgun...).
What justified the arrest in the eyes of the police was that some time
earlier, in June, the 2 men had been seen in Nicastro with an accountant
who lived where Ferlaino lived. But in the absence of concrete
evidence, Pannuti & Caracciolo were released. Although we won't know
more about the alleged Montreal aspect of the affair, Violi had told
Pannuti that before he left for Italy, he needed to see him to discuss
another matter.
Meanwhile, Calabrian mobsters Antonio Giaccobbe & Giuseppe Scriva
were also suspected of the murder before being acquitted. According to
Pentito Giacomo Lauro, Francesco Ferlaino was killed because he
prevented the 'ndrangheta from infiltrating Freemasonry.
Pannuti apparently remained in Italy, where he was arrested in 1981, 1984 and 1992 for extortion.
Giulio Pannuti |
In 1972, during a visit to Sicily, Paolo Violi met Antonino Calderone, a
high-ranking member of the Catania Mafia. Violi introduced himself as
capodecina in Montreal for the Bonanno family of New York. Violi took
the opportunity to ask him if he knew any "men of honor" in Calabria.
Calderone explained that it was impossible for him to introduce him to
any Calabrian men of honor, because unlike certain exceptions in Naples,
the Cosa Nostra doesn't make men of honor in Calabria. Calderone's
position on this matter is ambiguous, as a few lines later in his
memoirs, he explains that it is possible that Calabrians could have been
inducted on an exceptional basis. [Source: Men of Dishonor page
163-164].
Calderone's version is contradicted by Tommaso Buscetta, who in his book
"Buscetta, la mafia par l'un des siens" (page 66), states that some
Calabrians became important men of honor. According to him, this is the
case of Girolamo Pirommali, Paolo De Stefano & Antonio Macri. The
latter had important links with the Toronto Mafia and had a group under
his authority.
Although this is unlikely to be the case in Montreal, it should be noted
that in 1974, two of Paolo Violi's cousins, Santo & Domenico
Barbino, were arrested in Rome for their possible involvement in the
kidnapping of Paul Getty III, grandson of an oil tycoon kidnapped by the
'ndrangheta.
From Cattolica Eraclea to Montreal
Before landing in Canada, members of the Cattolica Eraclea mafia had
reached the USA in 1926. Their stay was cut short by the murder of Vito
Rizzuto, Nicolo's father, in 1933. Calogero Renda, who had made the trip
with Rizzuto at the time, returned to Montreal in 1958. A few years
later, other men from Cattolica Eraclea moved to Canada and settled a
Sicilian score from 1955 in Montreal.
Giuseppe Spagnolo was the first democratically elected mayor of
Cattolica Eraclea. A member of the Communist Party and secretary of the
Chamber of Labor, he was also active in the peasant trade union
movement.
On the evening of August 13, 1955, Spagnolo decided to sleep in the open
air in front of his Monte Sara farmhouse. He was shot 7 times with a
Lupara, the famous Sicilian shotgun.
Later that evening, the Carabinieri, unaware of the murder, saw 4 men on
mules, who at the sight of the policemen turned back. The Carabinieri
fired into the air, causing one of the mules to panic and one of the men
to finish on foot.
The owner of the mule was found the next day. He was Rosario Gurreri, a
26-year-old farmer. Investigators, who had in the meantime learned of
Spagnolo's murder, arrested Gurreri. Gurreri broke down 4 years later
in 1959 while imprisoned and gave the names of the killers: Leonardo
Cammalleri, Leonardo Salvo & Giacinto Arcuri.
Giuseppe Spagnolo |
Gurreri told investigators that a month before the murder, Arcuri &
Salvo had come to him to invite him to take part in the killing. They
told him that Spagnolo had "damaged" the honor of Giuseppa Di Salvo,
Cammalleri's mother-in-law. Gurreri recounts that he declined the offer
but lent Cammalleri his mule, and that the next day Cammalleri came to
see him to tell him that his mule had run away.
At the end of the trial, the three Mafiosi were tried in absentia and
sentenced to life imprisonment. Gurreri, on the other hand, was cleared
of the conspiracy charges and decided to pack his bags for Montreal.
Unfortunately for him, some of those he had informed on had the same
idea/
In Montreal, Gurreri opened a restaurant, the New Miss Royal. On March
5, 1972, a waitress found Gurreri's body, lying in the kitchen with a
dagger in his chest. The victim's throat had also been slit and his face
mutilated. A butcher's cleaver lay beside the body in a pool of blood.
The police, digging into Gurreri's past, made the connection with the
Spagnolo case. Cammalleri lived in Canada, first in Montreal, then in
Toronto. Salvo was said to have packed his bags for the USA and may have
lived in Buffalo. As for Arcuri, he may (or may not) have passed away
in the meantime. In any case, as they lived in hiding most of the time,
no legal action will be taken against Cammalleri & Salvo.
By this time, the links between Cammalleri and the Rizzutos were already
well established, as Leonardo's daughter Giovanna had married Vito
Rizzuto, the future head of the Montreal Mafia, in 1966.
Rosario Gurreri, Leonardo Salvo, Leonardo Cammalleri |
The version given by Gurreri at the time did not entirely convince the
widow Spagnolo, who believed above all that her husband was murdered by
the Mafia for his commitments as mayor and farm unionist. Moreover, it
seems fairly obvious that Antonino Manno, the capo of the Cattolica
Eraclea cosca, was involved. Manno was rumored to have been putting
pressure on Spagnolo shortly before the murder.
Born in 1904, Manno had long been the head of the local mafia and had a
long criminal record. In 1924, he was accused of murder but acquitted
for lack of evidence. Two years later, he was accused of theft and 7
other murders, but again acquitted for the same reasons.
Since Nicolo Rizzuto married his daughter Libertina and moved to Canada
in 1954, Manno had been trying to enter Montreal. In addition to his
daughter and son-in-law, Manno's sister also lived there, having married
Calogero Renda.
Manno was seen in Montreal on September 10, 1964. Police watching Frank
Cotroni saw a meeting with Vic & Frank Cotroni, Nick Rizzuto &
Paolo Violi. The vehicle used by Rizzuto & Manno was a car belonging
to Giuseppe Indelicato, a Siculiana-born mafioso active in Windsor,
Ontario. Manno was expelled shortly afterwards due to his nefarious
reputation…
In 1968, Manno was charged with Mafia association and sentenced to 5
years' compulsory residence in Lecce, Puglia. Thanks to his political
connections, Manno obtained the right to cross the Atlantic and finally
settled in Montreal, where he died in 1980.
Antonino Manno |
Siculiana & the province of Agrigento
Relations between the cosche of Cattolica Eraclea & Siculiana go
back a long way. Antonino Manno's father, Domenico, was married to
Libertina Caruana. When Vito Rizzuto & Calogero Renda left for
America in 1926, they were accompanied by 4 Siculianese.
Following the Ciaculli bombing on June 30, 1963, the Italian authorities
cracked down hard on the Cosa Nostra, and some of its members decided
to flee their country. Such was the case of Pasquale Cuntrera, who in
1966 was placed under house arrest in Pescara, Abruzzo. He decided to
move to Montreal, where his other brothers Gaspare, Paolo & Liborio
had already settled.
There, the Cuntrera brothers set up one of the biggest heroin
distribution networks to the USA. During a visit to Montreal by Tommaso
Buscetta, Cuntrera explained that the drugs were supplied to him by
Giuseppe Bono, the capo of the Bolognetta cosca, to ship to New York.
The heroin was supplied to Bono by the Neapolitan Michele Zaza, who in turn was supplied by Marseilles boss Gaëtan Zampa.
In 1969, Tommaso Buscetta, a mafioso from the Porta Nuova cosca on the
run in South America, visited Montreal for medical reasons. Salvatore
Catalano, a member of the Ciminna cosca transferred to the Bonanno
family in NY, introduced Buscetta to Cuntrera. Buscetta was not only in
Canada for health reasons.
While in Quebec, Buscetta stayed with Cuntrera, and Alfonso Caruana
acted as his chauffeur. Buscetta took advantage of the opportunity to
forge relationships with the local mafia, notably Frank Cotroni. The 2
mafiosi set up a drug distribution network linking Canada, Mexico and
Brazil with the United States. The network, supplied by drug baron
Auguste Ricord, lasted until 1972/1973, when its main participants were
arrested. In Montreal, Buscetta also met Giuseppe Bono & Giuseppe
Caruana. The latter had specially returned from Brazil to meet the
Palermo mafioso.
We'll see a few lines later, but Cotroni & Buscetta also set up a network to smuggle mafiosi into the USA via Montreal.
Returning to the Cuntrera brothers, who didn't want to depend on the
authority of the Bonanno family, they packed their bags for Venezuela
(with the exception of Liborio, who went to London). They were joined in
1973 by Nicolo Rizzuto, who transferred from the Bonanno family to the
Venezuelan family in order to ease the pressure on Paolo Violi.
Pasquale Cuntrera |
While the Cuntrera family saw their interests lie elsewhere than in the Montreal decina, this was not necessarily the case for all the Siculianese. Leonardo Caruana & Pietro Sciara were among them, and are quite close to Paolo Violi.
Caruana had been in Montreal since 1966, following a residence ban. It was in a house in the name of his son Gerlando that the first meeting to find common ground between the Sicilians and Paolo Violi took place in the town of L'Epiphanie on December 14, 1971. Caruana took part in numerous meetings on the subject and showed his support for Paolo Violi. Leonardo Caruana was expelled from Canada in 1973 because of his criminal past in Italy.
Sciara had the same profile as Leonardo Caruana, and there are several indications that he has been a member of the Montreal decina for some time. During a meeting on May 10, 1974 between Violi, Sciara & Carmelo Salemi (capo of the Agrigento cosca) Giuseppe Cuffaro, Violi & Sciara to Cuffaro explain the following:
-Paolo Violi: "No, because, you see, Pino, things here, I know about them as they are here in America. Someone who arrives from Italy, here in fact, as a rule, has to stay here for five years under our orders. After five years, then everyone sees what he is."
-Pietro Sciara: "... Before we put a Picciotto close to us... The person has to be worthy of staying. We'll find out if he's good or not."
Three days later, Violi explained to Cuffaro that the Commission had closed the books and could not in any case induct new members. Giuseppe Cuffaro, originally from Montallegro, had been in Canada since 1953 and was the brother-in-law of Giovanni Caruana (brother of Leonardo, Alfonso's uncle). The future money launderer of the Caruana-Cuntrera clan was therefore given 5 years' probation, despite his links with the Siculiana clan and Salemi's insistence on his behalf.
On January 9, 1975, Violi sent Sciara and Salvatore Sorrentino, another member of the decina, to New York to ask Philip Rastelli, then boss of the Bonanno Family, for authorization to officially run the decina while Vic Cotroni was imprisoned for 1 year for contempt of the CECO. The fact that Violi sent Sciara shows that the latter had become a fully-fledged member of the Bonanno family. He was assassinated on February 14, 1976, for having been too supportive of Paolo Violi during the conflict with Rizzuto.
A few weeks before this meeting on April 22, 1974, Salemi, Violi, Cuffaro, & Sciara had already met. It was Sciara who arranged the meeting. The purpose of the visit was for Salemi to update Violi on recent events in Sicily. Salemi handed over a letter written by Giuseppe Settecasi, the capo of the province of Agrigento, explaining that Salemi was the new capo of the cosca of Agrigento, and that Leonardo Caruana was the new capo of the mandamento of Siculiana (a mandamento that includes the towns of Siculiana, Cattolica Eraclea, Montallegro, and probably other villages in the vicinity).
With the exception of Cuffaro, all the representatives of the province of Agrigento mentioned or having taken part in these meetings were killed during the Second Mafia War which raged in the early 80s. Carmelo Salemi disappeared on June 7, 1980, only to be found 7 years later buried in a wasteland. Giuseppe Settecasi was murdered on March 23, 1981, and Leonardo Caruana was assassinated on September 2, 1981, in Palermo after attending his son's wedding.
Carmelo Salemi |
Frank Cotroni & Tommaso Buscetta's illegal immigrant network
Following his visit to Canada, Buscetta and Frank Cotroni set up a
network to smuggle Sicilian emigrants from Canada to the USA. The aim of
the operation was to provide American families with the manpower to set
up a drug distribution network through pizza parlors, as the American
families were reluctant to involve their own men. These immigrants were
mainly sent to New York, Detroit, Illinois, Philadelphia, New Jersey,
Buffalo, Miami or New Orleans.
After his stay in Canada, Buscetta found refuge in New York, where he
was taken under the wing of the Gambino family. But on December 9, 1969,
Buscetta was arrested by customs officials in the company of Giuseppe
Tramontana & Anthony Settimo, two Sicilian mafiosi active in
Brooklyn and New Jersey. The 3 Mafiosi are arrested in a car belonging
to Matteo Scanzano, a restaurateur and friend of Frank Cotroni. In the
car were found lottery tickets, pornographic films and an invoice for
Playboy magazines in Frank Cotroni's name... [source: The Canadian
Connection by Jean-Pierre Charbonneau, page 294]
Following the investigation, the police discovered that Buscetta's son
Antonio, his wife and daughters were staying with Rosario Gambino, a
Sicilian mafioso and distant cousin of boss Carlo Gambino. After this
misadventure, Buscetta headed for South America, where he visited
Mexico, Argentina and Brazil.
Tramontana and his associate Giuseppe Romano, also a mafioso imported
from Sicily, owned a Pizzeria in New Jersey and were widely suspected by
the police of being among the main recruiters in the organization of
the migrant network between Sicily and Canada.
Cotroni entrusted Guido Orisini, one of his main lieutenants, with the
task of crossing the border into the USA. Orsini, himself from Italy,
had arrived in Canada in 1958 and was officially an impresario and
nightclub owner with Santo Mendolia, another Montreal drug trafficker
close to Orsini and Cotroni.
In July 1971, Orsini was seen with Lorenzo Sciarrino, a Sicilian mafioso
who organized immigrant shipments from Carini and Cinisi in Sicily.
Sciarrino, who was in contact with airlines and shipping companies,
arranged for the migrant to travel and also to obtain passports, social
security cards and driving licenses in exchange for $500.
The border crossing is usually carried out by car and at night, in
exchange for an additional $500 paid to Orsini or Salvatore Fragapane, a
Sicilian from Montreal. A decoy car is used to fool the authorities if
need be, and according to a police source, Orsini & Fragapane have
been seen at the wheel of one at least once.
In March 1972, Guido Badalamenti & Croce Passalacqua, two Carini
mafiosi associated with Sciarrino, were arrested in Canada on their way
to Brooklyn*. Shortly after the meeting with Orsini, Sciarrino was
sentenced to solitary confinement in a northern Italian town, and shot
dead a few weeks later.
His son Stefano, who had probably benefited from the
Cotroni/Buscetta/Orsini network, met the same fate in January 1973 in
Bristol, Pennsylvania. Stefano worked in a Pizzeria owned by Michael
Piancone, a businessman originally from Corato, Puglia, who migrated to
the USA in the 60s. Piancone employed a number of individuals involved
in the Pizza Connection, including the Inzerillos and the Gambino
brothers from Cherry Hill. Michael's brother Louis, who migrated to the
USA in the 50s, also ran a restaurant chain that employed many Sicilians
with dubious pasts, and is sometimes listed as a member of the Colombo
Family.
[The info on Badalamenti & Passalacqua comes from an article
published in Newsday on November 19, 1972, but the names and info given
are rather confusing as no results appear in the press when you search.
On the other hand, Cesare Badalamenti, a native of Cinisi, member of the
Detroit Family and cousin of Gaetano & Emanuele, was arrested and
deported to Rome in July 1972. Arrested a few weeks earlier, he was
active in the Windsor, Ontario area in drug trafficking with the
aforementioned Giuseppe Indelicato of Siculiana, and Rocco Zito, a boss
of the 'ndrangheta in Ontario. Several of Badalamenti's nephews -
Saverio Badalamenti & Matteo Sollena - work in New Jersey pizzerias
with Santo and Salvatore Inzerillo.
As for Passalacqua, a Gaspare Passalacqua from Carini had trouble with
the immigration authorities in 1967 & 1970. Passalacqua also worked
in a New Jersey pizzeria owned by Michael Piancone. Surveillance of
Passalacqua and Piancone's pizzerias led to the arrest in 1971 of Frank
Rappa (Paolo Gambino's son-in-law), Lorenzo D'Aloisio, Giuseppe
Giacomazzo and Frenchman Richard Berdin. This operation helped to
dismantle several of the French Connection's major networks].
Guido Orsini |
But the USA is not the only destination for Sicilian mafiosi. On March
13, 1972, Giacomo Camporeale, a 27-year-old from Palermo, was arrested
at Dorval airport in the greater Montreal area. Customs found that the
passport did not look very legal and that the individual, officially in
Quebec for tourism, did not look very authentic. Especially since
Camporeale had only $100 to hand, and no return ticket...
After investigation, the immigration services, assisted by Interpol,
discovered that Camporeale was wanted in Italy for Mafia association and
murder. Assigned to a compulsory stay on the island of Assinara,
Camporeale took advantage of the situation to flee from Palermo to
Canada. While searching through his belongings, investigators found a
piece of paper with Nicolo Rizzuto's telephone number.
According to Camporeale, who claimed not to know anyone in Canada, the
number was given to him by a passenger on the plane. Immediately after
being arrested, Camporeale phoned Rizzuto to ask him to hand over the
$10,000 bond, but Rizzuto refused. But a few hours later, Nicholas
Morello, a well-known Montreal mafioso who, like Rizzuto, hailed from
Cattolica Eraclea, showed up at the required service to deliver the
bond. The bond was refused.
After appearing at three hearings to plead his case, Camporeale was
deported from Canada on April 15. Antonio, his father, also wanted to
serve a 5-year prison sentence, was arrested on April 27 in Naples.
Antonio Camporeale was a well-known member of the Porta Nuova cosca, and
his name appears in the famous report of the 114 most dangerous Mafiosi
in Italy. On his way to the USA, Antonio was hiding in Germany, but
returned to Italy when he learned of his son's arrest.
Giacomo Camporeale |
The Gaetano Amodeo case
On February 20, 2001, Gaetano Amodeo, a 48-year-old mafioso from Cattolica Eraclea, was arrested by Montreal immigration authorities. Amodeo, who had lived in Montreal since 1996, where he owns a jewelry store, was wanted for at least two murders.
Italian authorities were looking for Amodeo for the murders of mafioso Francesco Triassi on January 12, 1991, and for the murder of another individual in Germany in 1981. Amodeo was also suspected of involvement in the murder of Giuliano Guazzelli, a Carabinieri Marshal, on April 4, 1992.
What appears to be a straightforward case became complicated when it was discovered that Alfonso Gagliano, a parliamentarian and Minister of Public Works and Government Services, was implicated in the affair. Shortly before Amodeo's arrest, Gagliano allegedly wrote a letter to Canada's immigration services asking about the status of Amodeo's wife Maria Sicurella's application for permanent residency.
Born in Siculiana on January 24, 1942, Gagliano immigrated to Canada in 1958. As the Amodeo affair unfolded, it was not the first time that suspicious links between the politician and the mafia had come to light.
In 1994, it was revealed that Gagliano, then an accountant, had Agostino Cuntrera as a client. Gagliano later declared that he knew Cuntrera because he was a member of the "Siculiana Association", of which he was president. Agostino Cuntrera who later became its president.
In the '80s, other Montreal mafiosi such as Dima Messina & Filippo Vaccarello were seen at Gagliano's accounting office during police surveillance, but Gagliano told investigators he didn't know the individuals.
Having become an informant in 2003, Frank "Curly" Lino, former capo of the Bonanno Family, told the FBI that Alfonso Gagliano was a member of the Montreal decina. Lino recounted that when a Bonanno Family delegation visited Montreal after the death of Philip Rastelli in 1991, Gagliano was introduced to him during a reception by Giuseppe Lo Presti, as an "Amico Nostra". Lino adds that only members of the Bonanno family were present. Lino recognized Gagliano in a photo presented by the FBI.
Returning to Amodeo, in 2001 he was deported from Canada to Italy, where he was sentenced to life imprisonment and died a few years later. As for his wife, she was able to stay in Canada.
Gaetano Amodeo |
And Campania?
When you think of the mafia in Montreal - or even Canada in general - you immediately think of Sicilians or Calabrians, but not so much Neapolitans. And yet, there's a link between the Guapperia and Montreal's organized crime scene. To conclude this article, let's take a closer look.
In 1980, the American press published a report by the Florida Department of Law Enforcement. The report indicated that several well-known figures in Montreal organized crime were active in Florida. Among these were the brothers Claude & Jean-Guy Dubois, Marcel Salvail, William Obront and a certain Giuseppe Napolitano. Other well-known members of the Cotroni-Violi clan, such as Joe Di Maulo and Joe Cocolicchio, have also lived in Florida.
According to the report, the operations of Giuseppe Napolitano's group are supported by the American Cosa Nostra, giving it a "special status".
Although Napolitano's name is almost unknown to the public, it did appear in the mid-1980s at CECO hearings. At the time, Violi's Reggio Bar was bugged and the authorities had captured several conversations between Violi & Napolitano.
It is reported that on January 21, 1973, Napolitano met Violi, who assured Napolitano that he had to send someone to NY to settle a $30,000 debt in which Natale Evola, then boss of the Bonanno Family, had an interest. Later, on November 19, Napolitano and an individual named Ciro Casoria meet with Violi to ask him to intercede on their behalf with Philip Rastelli so that one of their contacts in New Jersey did not have to repay the interest on a loan taken out in New York.
Giuseppe Napolitano was born in Saviano on March 23, 1932, and became a Canadian citizen on February 12, 1966. Giuseppe and his brothers Luigi, Gatto & Orlando are considered by the Canadian (and Italian) authorities to be important members of the Cotroni-Violi organization. Owner of 2 restaurants in Montreal, including Casa Napoli, opened in 1978, he was suspected of being involved in drug trafficking as well as jewelry theft and trafficking. The Italian police considered him to be very close to the Neapolitan boss Carmine "'O 'Ntufato" Alfieri, who also hailed from Saviano.
Napolitano & Ciro Casoria (who was deported from Canada in the mid-70s) are also suspected of involvement in the aforementioned Pizza Connection trafficking of illegal immigrants. Here again, the pattern is the same, except that these are Neapolitans: the migrant comes from Italy, passes through Montreal, is sent to Florida to work in a pizzeria, and marries to obtain legal papers.
In Florida, Napolitano was in close contact with the Gambino & Colombo families and, in July 1973, met Sebastiano Aloi, a capo of the Colombo family, several times.
Giuseppe Napolitano |
Napolitano was also active in the construction business in Italy. It was
reported that he was represented by brothers Raffaele & Antonio
Fioravante in NAGA sarl, Edil Capua s.a. and the Campania Costruzioni
consortium. The Fioravante brothers are themselves associates of
Vincenzo Agizza & Luigi Romano, affiliated with the Nuvoletta clan
of Marano di Napoli.
Luigi Romano was arrested in Genoa in 1988 for his involvement with the
Nuvoletta clan. With him was Giuseppe Napolitano, who said he had just
arrived from Canada. When asked about Napolitano, Romano declared that
he has known Napolitano since childhood and that, like him, Napolitano
was in the fruit and vegetable business. This was also Lorenzo
Nuvoletta's business... Romano also told investigators that he traveled
to Montreal at least once a year, usually accompanied by Raffaele
Fioravante, for "pleasure". The investigators obviously didn't believe
this for a second.
When Romano was arrested, police seized a book of telephone numbers. In
addition to a number of public figures, including Vincenzo Scotti,
Italy's Minister of the Interior at the time, the police found the
number of a Montrealer named Luigi Barone.
Born in 1925 in Cantalupo nel Sannio in the Molise region, Barone
emigrated to Canada at the age of 25 and went on to become a major
construction entrepreneur. Barone was not a gangster, but he did have
troubled relations with the Montreal mafia. It's worth noting that some
of the most important figures in the underworld hail from Molise. Luigi
& Antonio Greco, Joseph & Vincenzo Di Maulo and Nicola Di Iorio
all hail from the Campobasso region.
Barone ran his business between Montreal in the St-Leonard district,
Rome & Miami. One of his buildings, the "Complexe le Baron", houses
Alfonso Gagliano's accountancy office, and served as a nest for the
sniper who assassinated Rocco Violi on October 17, 1980. Questioned by
CECO in 1975, Barone confessed to having paid several bribes to Jean Di
Zazzo, mayor of St-Leonard and friend of Paolo Violi, in connection with
land expropriations.
Luigi Barone |
Questioned by Canadian police about the Romano affair, Barone says he knows members of the Montreal Mafia. He also states that he knows Napolitano well, and that while he was in Italy in June 1988, an individual gave him a letter to give to Napolitano. Barone, who has read the letter, says that the message is that Napolitano must not return to Italy for 18 months, as he is wanted by the police.
The police showed Barone a photo of Lorenzo Nuvoletta. Barone said he didn’t know the man, but that he saw him in Montreal in 1985, when Nuvoletta had been on the run since January 1984. On that day, Nuvoletta was in the company of an unidentified member of the Caruana family.
As far as is known, Giuseppe Napolitano has never been prosecuted for organized crime activities.
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