Le membership de la Famille de la Nouvelle Orléans durant les années 1960
En 1969, Gregory Scarpa membre de la Famille Colombo de NY et à ce moment là informateur confidentiel, révèle que durant les années 1960 la Famille de La Nouvelle Orléans ne compte plus que 5 membres et que le plus jeune était âgé de 44 ou 46 ans.
Bien que Scarpa soit une source relativement fiable, le chiffre de 5 membres pour une borgata comme New Orleans semble assez surprenant et surtout très faible. Scarpa ajoute que si la borgata dirigée par Carlos Marcello n'intronise pas de nouveaux membres elle va s'éteindre. Marcello aurait donc demandé l'autorisation de la Commission afin d'ouvrir les registres ("books" en Anglais).
Mais est-ce que le chiffre de 5 membres donné par Scarpa est vraiment réaliste ou est-ce qu'il sous-estime le nombre de membres de la plus ancienne des Familles de la Cosa Nostra d'Amérique?
Note: au contraire de la plupart des autres Familles de Cosa Nostra aux USA, la Famille de La Nouvelle Orléans ne semble pas avoir eu beaucoup d'informateurs confidentiels en son sein. Ainsi beaucoup de sources pour cette article sont des individus non identifiés. Il y a cependant une exception en la personne de Onofrio Pecoraro alias Nofio Pecora, qui même si il n'assume pas son rôle de membre de Cosa Nostra est très fortement soupçonné par ceux qui l'interrogent d'en être membre. Ainsi la plupart des autres sources cités demeurent non-identifiées, mais j'ai essayé au maximum de trier afin de ne donner que les infos que je pense crédible.
De Trombatore à Marcello
Avant de se pencher en détail sur le membership de la borgata, il convient de s'attarder sur son leadership dans les années 1960. Il est bien souvent noté dans les différents livres ou articles consacré à la mafia de la Nouvelle Orléans que Carlos Marcello serait devenu le boss après son prédécesseur, Silvestro Carolla, ait été déporté en 1947. Bien qu'il soit vraisemblable que Marcello était membre durant ces années là, il semblerait que l'info comme quoi il aurait succédé à Carolla soit inexacte.
Un informateur confidentiel déclare qu'il a été approché par deux fois dans les années 1930 et 1940 afin de devenir membre. La première fois par un dénommé "Sam Guarina" puis par Leoluca Trombatore. L'informateur raconte que Trombatore lui aurait dit que "quand on devient un membre de la mafia, on l'est pour la vie"
Né en 1888 à Corleone, Leoluca "Mr Luke" Trombatore est un vieux routier de la mafia puisqu'il est un ancien associé de Giuseppe Morello, que ce dernier alors en prison appelle dans ses correspondances "neveu".
L'informateur explique également que bien qu'ayant la notoriété grâce au journaux d'être le boss, Carlos Marcello n'était que le "#2 man" (comprendre par là underboss) de la mafia de La Nouvelle Orléans. Ce n'est qu'à la mort de Trombatore en janvier 1963 que Marcello aurait hérité du job de boss.
Cela dit il est très probable que du fait son âge et de sa santé que Trombatore ait laissé Marcello en charge de l'intérim des affaires de la borgata.
Scarpa explique que Marcello lui a dit qu'il était censé être présent au meeting d'Apalachin du 14 novembre 1957, mais qu'il était malade et qu'il avait chargé son frère Joseph et Mario Presta alias Paul Scarcelli de représenter la Famille. Le duo aurait réussi à échapper au coup de filet de la police en s'enfuyant dans les bois.
Il a été établi que Presta a été arrêté par la police d'état lors d'un contrôle routier à 10 kilomètres de la résidence de Joe Barbara. Presta était accompagné par quelqu'un que la police n'a pas pu par la suite identifier, pas plus qu'elle n'a pu prouver que Presta a assisté au fameux meeting, même si il elle en est persuadée.
Presta fait parti des 27 individus inculpés en 1959 à la suite du meeting d'Apalachin, mais à la suite des enquêtes du service de l'Immigration et du Federal Bureau of Narcotics, Presta préfère plier bagages pour l'Italie où il meurt en janvier 1968. Il faut dire que le service d'immigration a découvert que Presta utilisait une fausse identité et qu'il était également présent sur le territoire Américain illégalement ...
Mario Presta alias Paul Scarcelli (à gauche)* |
Les infos de Greg Scarpa et des autres sources confidentielles
Retour à Scarpa qui explique donc que son boss, Joe Colombo, lui a dit que la Famille de la Nouvelle Orléans est la plus ancienne des borgata aux USA et qu'elle est la prédécesseuse de toutes les autres. De part son ancienneté, la Famille bénéficie également d'un grand respect et d'une grande estime de la part des autres Familles. Colombo explique également que la Famille de La Nouvelle Orléans à un statut spécial et qu'elle n'est pas représenté au sein de la Commission. Ce statut lui permet de prendre ses propres décisions.
En ce qui concerne le membership, Colombo explique à Scarpa que la Famille ne se résume actuellement (probablement le milieu des années 1960) qu'à 5 membres et est constituée de: un Boss, un Underboss, un Consigliere et deux Soldats.
Selon Colombo, Marcello pourrait introniser lui même de nouveaux membres afin que la borgata ne s'éteigne pas mais du fait de son "tact et de sa diplomatie", Marcello préfère passer par la Commission afin d'avoir son approbation. Approbation qui lui est bien évidemment accordée.
Ainsi en 1967* le FBI grâce à un certain nombre de sources dresse une liste des membres confirmés et possibles de la Famille de La Nouvelle Orléans:
La source NO T-1 est l'incontournable Frank Bompensiero de San Diego (c'est un peu le Nick Gentile de ces années là) quant à la source NO T-2, il s'agit d'une source de New York.
La source NO T-13 qui identifie Sam Tumminello comme membre est également Californienne puisqu'il s'agit de quelqu'un de Los Angeles. A propos de Tumminello, je n'ai rien trouvé de substentiel sur lui à part un individu du même nom arrêté en juin 1963 dans son épicerie sur des charges de jeux clandestins.
Deux autres sources de La Nouvelle Orléans ont semble-t-il aidé à dresser cette liste ou au moins donner des infos pour le reste du mémo. Le premier semble être un membre de la borgata qui n'admet pas encore son appartenance à Cosa Nostra et qui refuse de donner des détails quant à la structure de celle-ci. Le deuxième admet être "Black Hand" (probablement comprendre ici membre de la Cosa Nostra) depuis avant la Deuxième Guerre Mondiale. Il s'agit vraisemblablement dans au moins un des deux cas d'Onofrio Pecoraro.
Greg Scarpa pense que c'est à l'occasion de la réunion au restaurant La Stella à New York le 22 septembre 1966 que Marcello aurait formulé officiellement à la Commission la demande d'introniser de nouveaux membres.
Le meeting de la Commission au restaurant La Stella, 22 septembre 1966
Si la demande d'introniser de nouveaux membres est un motif probable de la réunion, il semblerait que des problèmes internes au sein de la Famille en soit un autre.
Il est reporté par plusieurs sources que Marcello et Santo Trafficante, son homologue de Tampa, ont un différent et que les deux boss se rencontrent à plusieurs reprises dans le courant de l'année 1966. A la suite de l'une de ses rencontres en juillet 1966, un informateur explique que Marcello avait l'air satisfait et que Trafficante ne l'était pas.
Le même informateur explique au FBI que Trafficante était mécontent au point de présenter son cas à la Commission afin d'arbitrer. Marcello aurait par la suite déclaré qu'il avait des ennuis avec des "personnes importantes". La présence au meeting de Trafficante qui n'a pas de siège à la Commission semble confirmer cette théorie.
Il est également reporté que Marcello a un problème sérieux au sein de sa Famille avec deux de ses membres: Anthony Carolla & Frank Gagliano. Ces 2 individus sont respectivement les fils des précédents boss et underboss de la Famille. Il semblerait d'ailleurs que Marcello déteste cordialement ses deux subordonnés.
Anthony Carolla serait particulièrement frustré de sa part reçue sur les différents rackets de la Famille et chercherait a avoir le soutient de la Famille afin de "déposer" Marcello. Selon une autre source, il s'agit du principal motif de la fameuse réunion et le problème doit être aborder devant une audience de la Commission afin de trancher.
Frank Gagliano & Anthony Carolla |
Ultérieurement au meeting, Marcello déclare à une autre source qu'il est venu à New York pour affaires, que le diner à La Stella n'était qu'un diner pour le plaisir et ajoute qu'il avait reçu une invitation de Michele Miranda, boss de la Famille Genovese de NY. Le même informateur rapporte que quelques jours plus tard Vincenzo Campo lui a déclaré "Look at the all the Hell that was raised in New York over purchasing the Recile Hotel" ("Regarde moi tout ce foutoir à New York à cause de l'achat de l'hôtel Recile")
Les contenus de la réunion et ses conséquences demeurent assez flous, mais Marcello reste en place et il semble qu'aucune mesure disciplinaire ne soit prise à l'encontre de Carolla.
Pour être complet sur les mafieux de la Nouvelle Orléans à cette réunion, un informateur de New York explique que Carmine Tramunti de la Famille Lucchese a envoyé à cette période un dénommé "Chick Berardi" en Louisiane afin qu'il rencontre Marcello et qu'il aurait été pris un charge sur place par Sam Domino.
L'informateur en vient à la réunion et rapporte que Berardi lui a dit que 5 membres de la pègre de la Nouvelle Orléans étaient présents. Domino et un autre individu non-identifié auraient échappés aux arrestations car ils étaient au New York Hitlton Hotel et qu'ils auraient été avertis des arrestations par téléphone.
Domino aurait dit à Berardi que les frais du voyage du groupe de la Nouvelle Orléans auraient été payé par Joe Bonanno. Personnellement je trouve ce point-ci assez discutable, mais vous jugerez par vous même.
A noter:
-Les Familles Gambino, Genovese & Colombo sont représentés au contraire des Familles Bonanno & Lucchese. Les premiers sont en plein Bonanno Split quant aux seconds ils ne sont pas représentés pour une raison inconnue mais probablement dû au fait de la maladie de Thomas Lucchese.
-La Famille Genovese a également un "soldat" à la réunion: Dominick Alongi, dont la présence s'explique du fait que son oncle,Salvatore, était un membre de la Famille de La Nouvelle Orléans.
-Anthony Carillo est assez souvent confondu Anthony "Ducks" Corallo futur boss de la Famille Lucchese. Ce n'est évidemment pas le cas, Carillo est tout simplement le capo de l'ancien crew de Michele Miranda.
Les participants du meeting de La Stella |
Les expulsés et le trafic de drogue
Lorsque l'on pense au trafic de drogue aux USA, on pense plus aux Familles de New York, Buffalo ou Detroit plutôt qu'à la Louisiane. Pourtant la Famille de la Nouvelle Orléans semble être l'une des pionnières dans ce domaine. Plusieurs noms sortent du lot, et ils ont le point commun d'avoir tous été déportés des USA à un moment donné et, pour certains, d'y être revenus illégalement. Il s'agit de Silvestro Carolla, Frank Coppola, Giuseppe & Gaetano Gagliano et Salvatore "Sam" Vitale.
Entre autres condamnations, Carolla a notamment été arrêté le 23 juin 1923 et en 1930 pour violation de la loi sur l'alcool et les narcotiques et a été condamné à chaque fois à des peines qu'il n'a pas purgé entièrement.
Selon Nofio Pecora, Giuseppe Gagliano est l'un des principaux trafiquants d'héroïne en Louisiane. Pecora est d'autant bien placé pour le savoir car il a été inculpé avec Gagliano dans une vaste affaire de stupéfiant en 1937.
Cette année là la police et les agents du FBN lancent un coup de filet entre New York, la Louisiane et le Texas et arrêtent une soixantaine de personnes. Le célèbre mafieux Nicola Gentile (qui à ce moment là fait parti de la Famille Mangano de NY) explique qu'il avait été approché par son comparse Alfonso Attardi afin d'organiser le trafic entre ces différentes région. Gentile, qui pense avoir été piégé par un agent infiltré, se fait arrêter à la Nouvelle Orléans en compagnie de Nofio Pecora, Jerry Feraci & Thomas Siracusa (à noter que Siracusa est tout comme Gentile originaire de Siculiana), ce qui aura pour conséquence pour Gentile de préférer retourner en Italie plutôt que de risquer une éventuelle lourde peine de prison aux USA.
D'autres individus de la Louisiane sont inculpés: Nick & Philip Bonura, Frank Cicciofera, Antonietta Lima, une dénommée A. Scontrino et Vincenzo Campo. Les frères Bonura, Cicciofera & Feraci plaident coupable alors que les charges sont abandonnées pour les autres prévenu (du moins pour ceux de la Louisiane, d'autres comme Alfonso Attardi seront plus tard condamnés).
Tant qu'on est sur un blog qui est entre autre consacré à ceci, il est à noter que bien qu'ici il ne s'agit pas ici d'une affaire d'héroïne mais de cocaïne, il semblerait qu'encore une fois ce soit des Français qui constituaient la source d'approvisionnement des mafiosi Américains. En l'occurence Gennaro Caputo et Lucien Ignaro. Caputo est expulsé en 1938 pour répondre à la justice Française concernant un meurtre (dont il sera acquitté en 1940) et Ignaro est condamné puis relâché et expulsé en 1940. Tout deux continueront leurs activités de trafiquants de drogue par la suite, notamment Ignaro qui sera actif encore quelques années avant d'être expulsé à nouveau des USA en 1950 pour les mêmes motifs.
Nick Gentile, Jerry Feraci, Thomas Siracusa & Nofio Pecora |
Pas vraiment émus par l'inculpation de Giuseppe en 1937 dont les charges avaient entre-temps été abandonnées, les frères Gagliano vont être actifs dans le trafics de drogue pendant de nombreuses années, ce qui n'échappe pas aux autorités.
Gaetano est expulsé une première fois vers l'Italie en 1953 avant de revenir en douce en 1957 et d'être finalement expulsé définitivement en 1959. Il est reporté qu'il a vécu dans sa ville natale de Porto Empedocle avec ses autres frères et soeurs et qu'il n'a pas tenté de revenir aux USA.
Giuseppe est également expulsé en direction de l'Italie en 1955 avant de revenir illégalement. Il est arrêté à New York en 1961 en attendant d'être éventuellement à nouveau expulsé. Ce qui n'arriva pas et il décède en 1978.
Giuseppe Gagliano |
Pendant ce temps là Sam Carolla est expulsé des USA en 1947, ce qui ne l'empêche pas de revenir et de se faire de nouveau arrêter à la Nouvelle Orléans en juillet 1950 en compagnie de Salvatore Guarnieri de Kansas City. Les deux individus ayant une réputation peu recommandable et étant reconnu comme des membres de la mafia, ils sont de nouveau expulsé vers l'Italie en 1951 (Guarnieri a également l'habitude de se faire expulser car il avait déjà été déporté en 1937).
Il est établi que Carolla & Guarinieri sont passé par le Mexique avant de se faire arrêter. Un peu plus tôt en cette même année (semble-t-il en avril) Carolla était présent à Tijuana avec d'autres mafiosi notoires tels que Frank Coppola, Tony Lopiparo & Anthony Giardano de St. Louis et Frank Bompensiero de San Diego. La plupart des participants de cette réunion sont arrêtés puis reconduits à la frontière. La police Américaine conclura plus tard qu'il s'agissait probablement d'une réunion où il était notamment question de trafic de drogue.
Ce qui semble se confirmer plus tard car Carolla est arrêté en 1952 en Italie alors que ses collègues Frank Coppola et Tony Giardano ont dans le même temps également des problèmes pour les même motifs (plus d'infos sur cette affaire ici)
Carolla est ensuite revenu en Louisiane vers 1970 où il décède la même année. La presse (et donc la police) souligne le fait qu'à cette époque là, Tommaso Buscetta et Frank Cotroni de Montréal dirigeaient un réseau d'immigrés clandestins de l'Italie aux USA en passant par le Canada et que Carolla en a probablement bénéficié (plus d'infos dans cet article)
Silvestro Carolla |
Frank Coppola, avant de se faire expulser des USA en 1947, a également été actif à la Nouvelle Orléans. Bien qu'il soit établi qu'il a été un membre de Cosa Nostra à St. Louis & Detroit, il n'est pas sûr qu'il ait été un membre de la borgata de la Nouvelle Orléans (il a également été actif à Kansas City et Los Angeles mais là encore son membership n'est pas confirmé). Ce qui est en revanche sûr, c'est qu'il y a été influent.
Selon Frank Bompensiero qui était en bon terme avec lui, Coppola était impliqué dans des opérations de "gambling" (jeux clandestins en Français) avec Carolla à la Nouvelle Orléans mais également à Bâton-Rouge.
A cette époque, le boss New Yorkais Frank Costello a également des intérêts dans des opérations de gamblings en Louisiane, ce qui semble provoquer quelques frictions. Bompensiero explique qu'à une occasion il s'est rendu à une réunion de la Commission à New York en compagnie de son boss Jack Dragna. Selon Bompensiero, Costello avait demandé un vote afin de faire tuer Coppola, ce qui sera refusé.
En mai 1947, alors que la police surveille Costello ils perdent de vue ce dernier mais repèrent Coppola au "Negro Nightclub" en compagnie de plusieurs gangsters locaux incluant:
Alors que selon l'agent en charge de la surveillance Earl Weiser il s'agissait d'un meeting à propos d'opérations de gambling, son homologue des services de l'immigration J.F. Delany a reçu le tuyau de ses collègues du FBN qu'il s'agissait plutôt d'une affaire d'organisation de trafic de drogue.
Quoi qu'il en soit Francesco Paolo Coppola est arrêté par les services de l'immigration en octobre 1947 et renvoyé en Italie le 4 décembre.
Frank Coppola |
Le parcours de Salvatore Vitale est un peu plus difficile à suivre que les autres. Il est principalement connu pour avoir été impliqué en novembre 1943 avec Gaetano Siracua dans le meurtre de Constantino Masotto, un cousin de Carlo Gambino & Paul Castellano avant d'être disculpé dans l'affaire faute de preuves. Siracusa est quant à lui assassiné entre temps avant de pouvoir être jugé (Carlos Marcello est d'ailleurs fortement soupçonné d'avoir pris part au meurtre de Siracusa. Meurtre dans lequel serait également impliqué Joseph "Zip" Chimento, nommé dans la liste de 1967 ainsi que Vito Longo & Nick Christina, eux aussi des associés de Marcello).
Le nom de Vitale réapparait plusieurs fois au cours des années 1950 dans des affaires d'arnaques et il semble être parti à la fin de la décennie en Italie à la suite d'enquêtes du service d'immigration.
Là bas il ne semble pas s'ennuyer pour autant car selon le FBN il sert d'intermédiaire dans le trafic de drogue à un certain nombre de ses anciens compagnons tels que Nofio Pecora, Vincenzo Campo, Dominick Castigliola et Sam Domino de la Nouvelle Orléans ainsi qu'à Anthony Giardano & John Vitale de St. Louis (selon le FBN ce dernier et Sam Vitale seraient d'ailleurs cousins).
En Italie Vitale est d'ailleurs toujours connecté à son ancien boss Sam Carolla ainsi qu'à Nicolo Impastato, un ancien mafieux de Kansas City retiré à Cinisi en Sicile dont est également originaire Sam Vitale.
Salvatore Vitale |
Il est d'ailleurs à noter que tout les membres expatriés de la borgata de la Louisiane semblent selon le FBN avoir gardé le contacts avec leurs anciens associés.
Toujours selon le FBN Lorenzo Marino semble avoir exercé grâce à son statut de représentant au sein de Bologna Brothers Wholesale une sorte de liaison entre la Louisiane et la Sicile et a ainsi effectué des voyages et visites aux mafieux pré-cités.
Bien que non-cité dans la liste de membres de 1967 (mais peut être était-t-il décédé?), il est associé à la plupart des individus cités précédemment, ainsi qu'à Salvatore "Red" Italiano, un mafioso bien connu de Tampa.
Les confidences d'Onofrio Pecoraro
Onofrio Pecoraro alias "Nofio Pecora" est né le 25 avril 1906 à la Nouvelle Orléans et ses parents sont Baldassare et Laura (née Ciofalo). [note: certains docs disent qu'il est né le 12 avril 1906]
De 1967 jusqu'aux années 1970, Pecora est interrogé plusieurs fois par les fédéraux et va leurs fournir quelques infos. Comme la plupart des informateurs Pecora minimise clairement son rôle, mais ces entrevues permettent toutefois de se faire une idée de l'ambiance générale au sein de la mafia de la Louisiane.
Ainsi lorsqu'en avril 1967 le FBI approche Pecora pour l'auditionner, l'individu n'est pas vraiment un inconnu puisqu'il a un casier judiciaire depuis 1926 pour des braquages et on l'a vu pour des affaires liés aux narcotiques.
Il est également reconnu comme étant un membre de la pègre locale et un associé de longue date de Carlos Marcello avec qui il assiste régulièrement à des réunions clandestines tenues par ce dernier.
Selon un informateur, Pecora n'hésite également pas à tuer car en 1935 il aurait tué avec [FNU] "Pretty Eyes" Marici un dénommé Sam Bruno. La raison serait que Bruno aurait tué Walter Maison un contrebandier d'alcool qui l'avait précédemment battu. Mais Maison travaillait pour Pecora & Marici et ces derniers l'auraient abattu en représailles.
[Selon cet informateur, Marici a dirigé pendant plusieurs années le "Sho-Bar" jusqu'à son décès pour être repris par la suite par Peter Marcello, l'un des frères de Carlos]
Lors de cet entretien avec 2 agents du FBI, il déclare qu'il est un ami proche et un associé de Sam Carolla avec qui il a été arrêté en 1935 sur des charges de trafic de drogue et qu'il a été condamné à 2 ans à purger dans un établissement fédéral Pecora en profite pour glisser aux enquêteurs que c'est la seule fois où il a été condamné pour un crime.
Il explique qu'à sa sortie de prison il est entré en partenariat avec Carolla pour ouvrir la St. Charles Tavern. Il explique qu'un an plus tard il aurait insisté de vendre ses parts à Carolla car la plupart des clients ne venait en fait que pour donner des billets de 20 dollars à Carolla et récupérer "the white stuff" (comprendre ici de la drogue).
Il ajoute qu'il connait aussi très bien Giuseppe Gagliano qui était lui aussi impliqué dans le trafic d'héroïne.
A propos du meeting de La Stella, il déclare qu'il connait très bien Anthony Carolla & Frank Gagliano (respectivement fils de Sam Carolla & Joe Gagliano). Il dit à leurs propos qu'ils sont "daffy" (loufoques/farfelus) et qu'ils pensaient pouvoir organiser les choses à la Nouvelle Orléans. Il ajoute qu'il ne comprend pas comment Carlos Marcello (qu'il dit connaitre depuis 25 ans) pouvait s'associer avec eux.
Il indique connaître Vincenzo Campo qui est arrivé à la Nouvelle Orléans il y a plusieurs années accompagné de Sam Carolla. Pecora indique que les deux sont associés depuis très longtemps.
Questionné sur Leoluca Trombatore, Pecora répond "You mean Mr Luke on Ursuline Street ?" ("Vous voulez dire Mr Luke de la rue Ursuline ?") et indique qu'il le connaissait également très bien et qu'il lui montrait énormément de respect quand il était vivant.
Il raconte qu'il connait un dénommé Paternostro, dont il a oublié le prénom, qui a disparu depuis une douzaine d'années dont le frère tient une boulangerie sur Washington Avenue. Il refuse cependant de développer d'avantage sur la disparition de Paternostro.
Pecoraro est encore moins loquace quand il est interrogé le membership de la Cosa Nostra locale. Il dit qu'il en a entendu parler pour la première fois dans les journaux et qu'il en a discuté avec son père qui lui a dit que c'était quelque chose qui venait du nord (ce qui paraît douteux, la Cosa Nostra venant de la Sicile, donc du Sud de l'Italie, mais peut être qu'il fait ici référence au nord des USA, ce qui n'a là aussi aucun sens étant donné que la Nouvelle Orléans est décrite comme étant la borgata la plus ancienne du pays).
Pecora refuse de discuter des activités de son père mais explique qu'il a souvent entendu le mot "Mafia" à la Nouvelle Orléans. Il continue en expliquant qu'il y'avait deux organisations distincte: la "Mafia" et la "Black Hand" et que cette dernière était dirigée par un dénommé "Ciccione". Il déclare ignorer qui dirigeait la "Mafia" mais que sont quartier général se situait généralement au French Market.
Pecoraro conclue cette première entrevue en disant qu'il connait les principaux truands de la région de ces 40 dernières années.
Onofrio Pecoraro |
Deux autres entrevues entre les fédéraux et Pecoraro ont lieu au cours de l'année 1968 dont une en décembre où il donne un peu plus d'informations:
Bien qu'ayant été initialement réticent à donner des infos sur la "Mafia", il concède cette fois avoir côtoyer dans sa jeunesse plusieurs individus en ayant supposé fait parti comme Sam Segretto, [FNU] "Forrestiere", [FNU] Giacona (très vraisemblablement Corrado qui était un probable boss de la borgata dans les années 1930/1940), et que son oncle Battista Pecoraro en faisait également parti (pour être plus précis sur ce point il parle du père de Joe Peck qui est son cousin, Joseph Pecoraro).
Ici encore il nie quelconque affiliation avec la mafia en disant "I never messed around with these guys" ("Je n'ai jamais déconné avec ces gars-là") ou "I had no use for theses guys" ("Je n'avais aucune utilité pour ces gars-là"), ce qui ne l'empêche pas de redire qu'il connait très bien Sam Carolla et qu'il connait Mario Presta aka Paul Scarcelli (il ajoute même qu'il serait décédé l'année précédente), Joe Gagliano, Tommy Siracusa, Jack & Philip Rizzuto ainsi que Frank Coppola.
A propos de Carolla il reparle de la St. Charles Tavern et dit que lui & Carolla recevaient un support financier d'un dénommé Andrew Monte. Il dit cette fois qu'il a vendu ses part à Carolla car ce dernier amenait un peu trop ses fils et beau fils, et qu'il sentait trop de népotisme/copinage.
Il relate un incident impliquant Anthony Carolla et son cousin Joe Peck lorsqu'il a ouvert son entreprise de camping pour caravanes, la Tropical Tourist Court sur Chef Menteur Highway. Ces derniers seraient venus le trouver pour avoir un "pourcentage" et Nofio les auraient repoussé sèchement en sortant son arme.
Nofio Pecora n'est pas un grand fan de Frank Coppola qu'il a rencontré à la Willsom Tavern. Mais il confirme que Coppola contrôlait les machines à sous à Bâton Rouge dans les années 1940. Il ajoute que son cousin Joe Peck était un proche associé de Coppola.
[A propos de Joe Pecoraro: dans le livre du Bureau of Narcotics (pages 182-183), Joe & Nofio sont décrit comme frères. Ce n'est pas le cas car ils sont cousins et on l'aura compris, ils ne s'apprécient pas vraiment]
Pecora n'est pas non plus un grand admirateur de Jack & Phil Rizzuto qu'il semble détester. Il explique qu'à une occasion il leur a rendu un service en allant trouver un parieur nommé Earl "Red" Allen afin qu'il cède à Jack Rizzuto une devanture de magasin dans un immeuble dont Allen était propriétaire sur Canal & Broad Streets mais que Jack Rizzuto ne l'a jamais remercié.
Pecoraro est questionné sur Anthony Gambino Jr, un parent éloigné de Carlo Gambino, et explique que Tony Gambino est ami avec Sam Carolla mais que Gambino n'existe que sur la réputation son célèbre cousin et qu'il ne pesait aucun poids (le terme exact est "he was himself nothing")
[Précision: Gambino Jr. est le fils de Anthony Gambino Sr. qui est un cousin éloigné de Carlo Gambino. Le corps de Anthony Gambino Jr est retrouvé le 1 avril 1977 près de Highway 90. Gambino aurait été tué au mois de novembre précèdent alors qu'il rendait visite à l'un de ses parents à Brooklyn. Tony Gambino Jr. était un informateur, ce qui explique probablement la raison de son meurtre]
Pecoraro indique aussi qu'il a rencontré au moins une fois Frank Costello dans un club mais ne se souvient pas vraiment des détails.
En plus de ces 2 entretiens il est reporté que Pecoraro a de nouveau rencontré le FBI le 17 janvier 1969 et qu'il a fourni des informations sur 2 "top hoodlum" (voyous importants) de la Nouvelle Orléans mais les détails ne sont pas fournis.
Peu après cette série d'entretiens, plusieurs sources (au moins 5) indiquent que Pecora et Joseph Poretto (qui sont par ailleurs beaux-frères) sont partis en voyage avec leurs femmes en Italie en juillet 1967 pour rendre visite à Sam Carolla. Une de ces sources indique que Poretto transportait des lettres pour Carolla, mais une autre indique que si le voyage à bien eu lieu, ils ne se sont en revanche pas rendus en Sicile afin de ne pas attirer l'attention sur eux.
Joseph Poretto |
Vincenzo "Jimmy" Campo, le présumé "Consigliere" de Carlos Marcello
Parmi les individus cités dans les listes de 1967/1972 qui méritent que l'on s'attarde, figure Vincenzo Campo, qui est décrit comme étant le "Consigliere" ou le "Mediator". Son rôle serait de régler toute les problèmes internes du groupe de Marcello. Mais tout comme Pecoraro, son membership n'est officiellement pas confirmé.
Vincenzo Campo est né le 11 juin 1905 à Siculiana. Il n'est d'ailleurs pas le seul mafieux présumé originaire de ce village de la province d'Agrigente puisque Tommy Siracusa & Lorenzo Marino sont également nés là bas.
Campo a émigré aux USA en 1921 et a été naturalisé à la Nouvelle Orléans en 1942. Il est entretemps passé par New York et la Pennsylvanie où il a été arrêté pour vagabondage et proxénétisme respectivement en 1924 et 1932. Fait moins connu, il est également passé par le Michigan où il a rempli une demande de naturalisation en 1928.
Vincenzo Campo |
La demande de naturalisation de Campo au Michigan en 1928 |
Durant ces années là Campo est officiellement fleuriste et a des intérêts avec les frères Al & Benny Campagno au "Big Hat Restaurant & Bar" ainsi que dans la Astoria Building Company. Mais il est largement soupçonné par la police d'avoir ses mains dans des activités moins légales comme le trafic de drogue (il fait lui parti des personnes arrêtés en 1937) et de diriger des bordels.
A propos des frères Campagno, en janvier 1951 Benny a reçu en cadeau une Cadillac de la part de Salvatore "Red" Italiano, un membre haut placé de la Famille de Tampa déjà mentionné plus haut. Al & Benny sont aussi propriétaires de plusieurs bien immobiliers avec Stephen Campo, qui est un des frères de Vincenzo.
Campo est sans surprise bien connectés à la pègre locale, que ce soit les frères Marcello, Carolla, Sam Vitale, Pecora ou Mario Presta, avec qui il semble avoir été très proche.
La carrière de Vincenzo Campo tourne court quand il décède en août 1972 à l'âge de 67 ans. Lors de ses funérailles, Nofio Pecora confie à une source (que je soupçonne ici de n'être nulle autre que Pecora lui même) tout le mal qu'il pense de Campo et qui je pense est assez révélateur de l'ambiance au sein de la Cosa Nostra de la Nouvelle Orléans à cette époque là.
Pecora déclare donc à propos de la mort de Campo que "That's a good riddance" ("C'est bon débarras") et qu'il n'est là que pour soutenir la femme de Campo (Frances Catalanotto). Pecora explique que Campo faisait parti des 6 individus originaux venus de la Côte-Est pour prendre le contrôle des activités des [mafieux] locaux.
La source déclare que Pecora lui a donné l'impression de la fçon dont il parlait que la mafia de la Nouvelle Orléans se composait de plusieurs factions et que Pecora faisait parti de "The Black Hand" (donc ici de Cosa Nostra) et qu'il n'en avait rien à faire d'être identifié comme tel.
Pecora explique également que "These young punks don't know nothing" ("Ces bons à rien ne connaissent rien"), qu'il ne ferait jamais d'argent avec ceux qui restent et que toutes les personnes avec qui il traitait sont mortes.
Ironiquement, et c'est probablement ce qui explique le ressentiment de Pecoraro envers Campo, c'est qu'au début des années 1950 Pecora avait la même description que Campo, à savoir qu'il était un médiateur chargé de régler les problèmes et conflits inhérents de la pègre locale. Pecora était même parfois décrit dans les années 1960 comme le personnage le plus influent de la pègre de la Nouvelle Orléans derrière Marcello & Campo.
Il existe une anecdote assez fameuse où à une occasion durant les années 1950 Campo aurait littéralement craché au visage de Marcello. Interrogé à sujet là quelques années plus tard par une source, Pecora aurait répondu "I'm the guy who spit in somebody face" ("Je suis le gars qui crache au visage des gens").
Il faut dire aussi que Pecora expliquait justement qu'il venait de cracher au visage d'un dénommé Philip Qualino qui refusait de lui prêter de l'argent. Pecora observe lors de funérailles d'un ami commun que Qualino était soutenu par les frères Marcello (Carlos & Vincent), Joe Marcello Jr. (le fils de Carlos) ainsi que plusieurs de leurs associés. C'est à cette occasion qu'il lui aurait craché au visage après que Qualino lui aurait tendu la main pour la serrer.
Bien qu'il déclare ne rien savoir à propos de l'histoire du crachat de Campo sur Marcello (ce qui indique très vraisemblablement que ce n'est une histoire exagérée ou une simple rumeur), les réflexions de Pecora sur Campo plus l'incident avec Qualino, semblent bien indiquer que l'ambiance n'est pas au beau fixe et confirme la thèse de plusieurs factions au sein de la pègre du Bayou.
Relations avec les autres Familles.
Le statut un peu à part de la Famille de la Nouvelle Orléans ne l'empêche pas de cultiver des relations avec les autres Familles.
Parmi ces Familles, celle de Tampa revient assez souvent avec parfois comme on l'a vu des relations tendues. Outre Trafficante & Italiano, les frères Marcello ont été proche de Augustine Primo Lazzara décédé en 1968 et dont Joseph Marcello a servi de témoin lors de son mariage en 1963.
Durant cette période, Carlos Marcello a aussi des relations avec la Famille de Detroit. Selon un informateur, le 18 février 1969, le jour de Mardi Gras, Anthony Corrado était à la Nouvelle Orléans. Selon cet informateur, Marcello était un ami proche du père de Tony, Pete, ainsi que de son frère Dominic.
[C'est en fait le bureau du FBI de Detroit qui a d'abord fourni l'info sans pouvoir confirmer si il s'agissait de Anthony Zerilli ou Anthony Tocco. C'est l'informateur qui identifie par la suite l'individu de Mardi Gras comme étant Anthony Corrado]
Mais il semble que l'une des Familles qui a le plus de relations et connexions avec la Nouvelle Orléans soit celle de Kansas City. On l'a vu avec Sam Carolla précédemment, mais c'est aussi le cas avec Carlos Marcello qui semble être proche du boss local Nick Civella. Il semblerait que les 2 boss se rendent mutuellement des services depuis plusieurs années.
Il est notamment reporté qu'au cours des années 1967 et 1968 plusieurs rencontres ont eu lieu entre des représentants des deux Familles:
-En août 1967, Joseph Marcello se rend à Houston pour assister à un match de baseball et en aurait profité pour rencontrer un "Mr. Civella". Joe Marcello aurait selon certains le rôle d'"ambassadeur" auprès des autres Familles.
-En mars 1968 à la Nouvelle Orléans, Joe Poretto & Philip Rizzuto sont repérés avec Carl DeLuna, qui est part ailleurs l'underboss de Civella et le beau frère de Rizzuto. Poretto est également repéré dans sa voiture en train de discuter avec DeLuna et Carl Civella, le frère de Nick.
-Au mois d'avril suivant, c'est Poretto qui est repéré à Kansas City. Officiellement en vacances, il est toutefois vu par le FBI avec des mafieux locaux.
Avant d'aller plus loin, un mot sur la famille Rizzuto: Le père de Philip, Gioacchino, a précédemment vécu à New York avant de bouger à Kansas City puis de poser ses valises en Louisiane, probablement au cours des années 1940. Le frère de Jack, Anthony, est lui aussi bien "connecté" car il est également soupçonné d'être un membre de la Famille Bonanno de New York.
Phil Rizzuto est listé comme un membre potentiel de la Famille de la Nouvelle Orléans mais il est possible qu'il soit plutôt affilié avec Kansas City.
Philip Rizzuto |
Dans le courant de l'année 1972, un "incident diplomatique" entre les deux Familles n'est pas loin. Au début de cette année là, Carl DeLuna & Tony Civella se seraient rendus à la Nouvelle Orléans sans en référer à Marcello, ce qui constitue une entorse à une règle tacite au sein de Cosa Nostra.
Ce qui pose d'autant plus problème c'est qu'ils y sont venu pour y faire des affaires, en l'occurrence financer la rénovation du bar de Rizzuto et apporter un support financier à ses opérations de "vending machine" (traduisible en Français par machines automatiques, ça peut être des distributeurs de cigarettes, de bonbons, etc...).
Selon les sources qui rapportent l'incident, Marcello bien que contrarié ne semble pas prendre la chose très au sérieux. Marcello déclare que si il devait s'inquiétait à chaque fois que ces "punks" (bons à rien) venaient en ville, il n'aurait plus le temps de faire quoi que ce soit. Marcello enfonce le clou en disant qu'il traitait par le passé avec les pères de la plupart d'entre eux, mais que comme ces "young punks" ne respectent rien il décide de ne rien avoir à faire avec eux et des les ignorer.
Les choses se tassent définitivement quelques jours plus tard, mais selon l'une des sources (Pecora?), si les choses avaient été plus loin, Marcello serait tombé durement sur eux.
En avancant un peu dans le temps, les noms de Rizzuto et de Marcello réapparaissent en 1981. Les deux sont poursuivis pour avoir tenté de corrompre un juge Californien qui poursuivait des membres de la Famille de Los Angeles pour racket, dont Samuel Sciortino, underboss de la Famille de L.A. et cousin de Rizzuto.
Marcello est condamné à 10 ans, Rizzuto de 2 à 3 ans & Sciortino à 6 ans.
Raymond Marino
Un des seuls membres (le seul?) membre de la Famille de la Nouvelle Orléans de ces années là a être identifié par un autre membre est Raymond Victor "Mario" Marino. Dans le livre "Le dernier Mafioso" de Ovid Demaris & James Fratianno, ce dernier identifie Marino comme étant un caporegime de la Famille de Marcello qu'il aurait rencontré à la fin des années 1960 au casino Sands (note pour les Francophones qui ont le livre: ne cherchez pas ce passage, l'éditeur n'a pas juger utile d'inclure dans le livre...)
Né à Kenner, Louisiane le 14 avril 1928, Marino a déménagé à Las Vegas en 1952 où il travaille comme directeur des boissons et manageur traiteur au Copa Room, un nightclub du casino Sands.
Ses liens avec Carlos Marcello vont le rattraper en 1978 lorsqu'il demande une licence de jeu pour diriger le "Winner's Circle Sport Lounge & Casino" à Henderson. La licence lui est d'abord refusée puis acceptée en 1980 et il accède à 42% des intérêts du casino (qui fermera peu de temps après).
Pourtant le control board établi entre autre que Marino a été précédemment en affaire avec Ernest Palmisano, un restaurateur ami avec Marcello, et qu'il a recommandé à la demande d'un homme d'affaire de Louisiane une extension de crédit de 5.000 à 10.000$ à Vincent Marcello.
Intérrogé là dessus, Marino déclare qu'il n'a depuis jamais revu Vincent Marcello et qu'il savait juste qu'au moment où il est parti de Louisiane que Marcello était dans le domaine des jukeboxs.
Mis à part les dires de Fratianno et les liens de Marino avec les frères Marcello soulignés par la commission, Marino ne fait plus vraiment parler de lui par la suite et décède le 23 mai 1997.
Raymond Marino + son avis décès* |
Les aventures de Carlos Marcello au Guatemala
Pour finir, un mot sur une affaire qui durant les années 1960 va régulièrement se rappeller au bon souvenir de Marcello: la falsification d'un bon de naissance disant qu'il est né au Guatemala.
En effet Marcello est depuis les années 1950 dans le viseur des autoritées Américaine qui cherchent à se débarasser de lui. Ils trouvent une faille lorsqu'ils découvrent que Marcello s'appelle en fait Calogero Minacore, qu'il est né à Tunis le 6 février 1910 et qu'il n'a jamais fait de demande de naturalisation.
Une procédure d'expulsion est lancée à son encontre et ils essayent de le renvoyer en France, Italie, Canada et Mexique. Refus des pays concernés. Jusqu'à ce qu'en 1960 le gouverment découvre un certificat de naissance où Marcello déclare qu'il est né à San Jose Pinula, Guatemala.
Il n'en faut pas plus pour que le 4 avril 1961 Marcello soit mis dans un avion et envoyé (selon lui kidnappé) en direction du Guatemala.
Si l'affaire en elle même n'est pas vraiment originale (il ne s'agit ici ni plus ni moins que d'une fausse déclaration, chose très courante chez les mafieux et autres criminels), elle l'est en revanche beaucoup plus quand en y regardant de plus près certains des noms de la liste de 1967 apparaissent avec la dite affaire.
Marcello va donc en attendant de revenir aux USA passer quelques mois au Guatemala. Il est très vite à l'aise car dès le 5 avril il est repéré au Biltmore Hotel de Guatemala City en compagnie de son jeune frère Salvatore (ce dernier repart pour la Louisiane le jours même).
Marcello a chargé son avocat Jack Wasserman de tout faire pour le faire revenir aux USA, mais il semble que le mafieux a prévu un plan de secours juste au cas où.
Marcello, qui est sous la surveillance de la police locale, est ainsi repéré à son hôtel en compagnie d'un représentant de l'agence qui gère les opérations de machines à sous du gouvernement Guatémalais.
Marcello nie connaître les activités du représentant, mais déclare à des journalistes que si il est obligé de rester au Guatemala il limiterait ses activitées aux secteurs de l'hôtelerie, des motels et de la crevettes.
Et c'est ainsi que Marcello rencontre à Guatemala City Felice Golino un important négociant de crevettes de Patterson, Louisiane également à la tête d'une flotte de crevetiers. Golino est censé être au Guatemala pour y regarder les activités des affaires de la crevette.
Galino n'est semble-t-il pas tout à fait limité à son activité de crevetier car il est soupçonné par le FBI d'avoir était impliqué précédemment dans des activités de marché noir durant la seconde guerre mondiale.
Ce n'est probablement pas non plus une coïncidence si quand à l'été 1961 Marcello revient en Louisiane, il est soupçonné d'avoir fait le voyage dans un crevetier appartenant à Felice Golino et qu'il ait des intérêts dans une flottes de crevetiers opérants au large du Golfe du Mexique.
Felice Golino circa 1946 |
Golino (avec le chapeau) & Marcello pris en photo dans un hippodrome au Guatemala |
Mais ce n'est pas la fin des ennuis de Marcello avec le Guatemala car de retour en Louisiane, Carlos et son frère Joseph sont poursuivis en 1963 pour avoir fraudé le gourvement en ayant rempli le fameux faux certificat du Guatemala.
Le témoin principal dans l'affaire est un truand nommé Carl Irving Noll qui lors du procés témoigne qu'il a fournit le faux certificat venant en ayant corrompu les fonctionnaires locaux. Le certificat rempli en 1956 avait pour but de bloquer l'extradition de Marcello en direction de l'Italie.
Et pourtant, à l'issue du procès en novembre 1963 les frères Marcello sont acquités des charges pesant contre eux.
Et si ils sont acquités c'est parce qu'un membre du jury, Rudolph Heitler, déclare plus tard avoir été acheté en échange d'un vote favorable. Ce n'est vraisemblablement pas la bonne conscience d'Heitler qui parle mais plutôt son porte monnaie car il déclare n'avoir reçuque 1.000$ sur les 25.000$ qu'il espérait recevoir.
Marcello, qui est poursuivit avec Joseph Matassa, est également accusé d'avoir conspiré d'avoir planifié à un momentle meurtre de Carl Irving Noll (Matassa n'est pas poursuivit sur ce point précis).
Jugé à l'été 1965, Marcello & Matassa sont acquités des charges qui pesaient contre eux.
Carlos Marcello & Joe Matassa* |
*Ces photos m'ont été fournie par Thibaut Maïquès du blog La Fratellanza. Mille mercis à lui!
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