Les frères Mancuso: de Alcamo à New York en passant par Paris

Giuseppe, Salvatore & Serafino sont nés respectivement en 1900, 1906 et 1911 à Alcamo et leurs parents sont Francesco Paolo & Vincenza (née Ferrara)

La particularité des frères Mancuso est que des années 1930 jusqu'au moins le milieu des années 1960 ils vont être parmi les principaux envoyeurs de drogue en direction des USA, en ce en grande partie grâce aux liens qu'ils ont tissé avec des trafiquants Français. Et pour cause, avant de s'installer pour un temps en Amérique, les trois frères ont vécu en France.

Salvatore et l'affaire des marins du Champlain

Les frères Mancuso auraient posé ses valises à Brooklyn en 1929. Il est rapidement établi qu'il sont assez tôt actif dans le trafic de drogue car dès août 1934 le nom de Salvatore apparaît dans une grosse affaire d'héroïne.

Le 5 août les agents fédéraux des narcotiques arrêtent Salvatore et un individu nommé Peter Boni (parfois aussi appelé "Casper Boni") habitant à Tacony, Pennsylvanie. C'est en arrêtant un passeur en Californie, puis en interceptant des télégrammes venant de Paris que les agents se seraient mis sur les traces des deux trafiquants.

La veille, l'agent Robert Primrose prend contact avec Mancuso en se faisant passer pour un client venant du Wisconsin puis fixe un rendez-vous sous prétexte de vouloir passer une commande de 1 kilos de drogue, le tout pour une valeur de 3.000$.

Ils se revoient le lendemain et après plusieurs heures de ballade en voiture dans Brooklyn, le tout sous l'étroite surveillance des agents des narcotiques dirigés par Frank Igoe, le duo s'arrête au coin de Graham Avenue où ils sont rejoint par Boni afin de conclure la vente.

Primrose donne un signal discret afin que les agents interviennent. Mancuso et Boni prennent la fuite mais sont vite rattrapé après que 6 coups de feux soient tirés par les agents. L'agent met sous le nez de Mancuso les télégrammes et ce dernier lui dit que si il les déchire, il indiquera à l'agent où se trouve le reste de la drogue. Primrose s'exécute et Mancuso les conduits dans son appartement situé à Kingsland Avenue, Brooklyn où se trouve l'équivalent 100.000$ de drogue, soit à peu de chose près 33 kilos.

La prise est énorme et selon Frank Igoe il s'agit de la plus grosse saisie de l'année. En octobre Mancuso plaide coupable pour cette affaire et est condamné à 4 ans d'emprisonnement. Pourtant, à ce moment là, cette condamnation est le cadet de ses soucis.

Salvatore Mancuso et sa femme Nellie

La saisie de drogue dans l'appartement de Mancuso à Brooklyn

Pierre Guette & Guillaume Rozen sont des assistants mécaniciens travaillant à bord du paquebot transatlantique "Champlain". En effectuant le nettoyage d'une manche à air, ils découvrent une boite métallique en fer contenant de la poudre blanche. Les 2 pensent qu'il ne s'agit probablement que de "potasse" (en clair, de l'engrais) et jettent la boite à la mer. Geste anodin qui sera lourd de conséquences.

Le 2 août 1934, soit 3 jours avant l'arrestation de Mancuso & Boni, le paquebot accoste à son quai de destination sur l'Hudson River de New York.

Le lendemain, un matelot vient trouver Rozen en train de se relaxer dans sa cabine en lui disant qu'un individu souhaite le voir. L'individu disant se nommer Antoine souhaiterais boire un verre avec Rozen. Ce dernier reconnaît Antoine Zirano, un ancien employé du paquebot qui a déserté son poste quelques temps plus tôt.

Alors qu'ils se dirigent vers un bar, une voiture approche en trombe et Rozen est matraqué puis jeté dans la voiture d'où il conduit vers un appartement. Sur place, Rozen est questionné sur la fameuse boîte en fer et explique le plus simplement du monde qu'il l'a jeté à la mer.

La réponse ne satisfait les ravisseurs qui décident de suspendre Rozen à un crochet la tête en bas puis lui infligent une série de tortures afin de le faire parler (entre autres sévices, brûlures de cigarette et plantages d'aiguilles sous les ongles).

Rozen reste sur sa version malgré les tortures (et pour cause), les ravisseurs prennent la décision de kidnapper Pierre Guette. Même méthode employée, mêmes tortures, et surtout même incompréhension du pauvre ouvrier.

Mais Guette est prêts à avouer n'importe quoi afin d'avoir la paix et après qu'un ravisseur lui ait braqué un revolver sur la tempe, il explique qu'il a vendu la boîte 5000$ à un inconnu et qu'il a envoyé l'argent à sa femme. C'est évidemment complètement faux, mais les ravisseurs l'ignorent et acceptent cette version surtout si la femme rend l'argent.

Après une série de télégrammes envoyés en direction de la France qui restent sans réponses (et pour cause²), les ravisseurs décident de renvoyer Rozen en France afin qu'il se rende au Havre afin de chercher l'argent au près de la femme de Guette (la somme est de 40.000 francs). Pendant ce temps là Guette est déménagé de Brooklyn à Maplewood, New Jersey puis Philadelphie et Atlantic City.

Nous sommes maintenant  le 2 septembre et n'ayant pas de nouvelles de Rozen et sachant que Mancuso & Boni viennent d'être arrêtés, Zirano et les autres ravisseurs décident d'envoyer Guette au Havre afin de récupérer les 40.000 francs. Ils lui disent que si il est questionné à propos de ses blessures, il n'a qu'à expliquer qu'il a subit un accident de chasse.

De retour sur le "Champlain", Guette est questionné par le FBI qui est déjà en train enquêter sur la disparition des 2 marins. Guette étant terrorisé, il explique son "accident de chasse" à l'agent du Leon G. Turrou, qui évidemment n'est pas le moins du monde convaincu, avant de raconter toute la vérité sur son enlèvement. Quelques jours avant Rozen avait déjà lui expliqué les circonstances de son enlèvement.  

(Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, Turrou n'est pas Français mais d'origine Biélorusse. Il a servi dans l'armée Française durant la Première Guerre Mondiale et s'exprime dans un Français impeccable).

Pierre Guette & Guillaume Rozen

A la suite des indications des deux marins, la bande de Mancuso est rapidement retrouvée et Salvatore (qui avait été libéré sous caution dans l'affaire précédente), sa femme Nellie, Ignazio Fusari et sa femme Antoinette, Joseph Messana, Angelo Saullo, Vincent LoMonaco et sa femme Pierrina & Dominick Galfano sont arrêtés pour leurs participations à la séquestration des deux Français. 

Alors que Rozen identifie clairement Mancuso comme étant le leader du gang, ce dernier déclare à la police qu'il travaille pour le compte d'un dénommé "John" et d'un autre individu s'appelant "Jim Raspanti".

Deux individus, Antoine Zirano & Liberale Parrino, passent entre les mailles du filet. Si Parrino est bel et bien caché aux USA, Zirano a quant à lui préféré retourner en France.

A noter que Fusari & Parrino sont des cousins des frères Mancuso.

Le procès s'ouvre en avril 1935 et est présidé par le juge fédéral Murray Helbert. Après 1 mois de procès et 8 heures de délibérations, les jurés déclarent 4 des 9 neufs accusés coupable. Les peines sont prononcées le 10 mai: Salvatore Mancuso est condamné à 40 ans, sa femme Nellie à 3 ans et demi, Messana à 10 ans et Fusari à 3 ans.

A l'énoncé du verdict Mancuso s'évanouit. Le juge explique à Nellie Mancuso qu'elle ne prend que 3 ans et demi principalement parce qu'elle a un enfant en bas âge et que son mari semble influencer sur elle la peur.

L'affaire des 2 marins va rebondir 14 ans plus tard quand 11 octobre 1948 le FBI arrête Liberale Parrino. Parrino ne se cachait pas loin puisqu'il tenait pendant tout ce temps là une épicerie à Brooklyn.

Pensant que le FBI l'avait oublié, il avait pensé se régulariser en remplissant une demande de naturalisation. Grosse erreur puisque après vérification de ses empreintes digitale, il est arrêté peu de temps après dans son épicerie.

Il est condamné le 15 février 1949 à 25 ans de prison à purger dans un pénitencier fédéral.

Liberale Parrino

L'affaire Serafino Mancuso & Morris Schatz

Alors que Salvatore vient de se faire condamner, l'un de ses autres frères, Serafino, va également défrayer la chronique dans une autre affaire de drogue. L'affaire commence comme bien souvent dans ces cas là avec un Français ...

Gennaro Caputo est né le 7 janvier 1894 à Ajaccio de parents Italiens. En 1922 à Marseille il fait la connaissance d'une fille nommée Marie Girère. La jeune fille pense filer le parfait amour, mais elle ignore que son amant est un fait un proxénète et rapidement il met la pauvre fille "au travail".

Marie Girère claque la porte au début de l'année 1923 et part se réfugier dans un appartement situé rue Casseraie. Caputo la retrouve le 14 janvier et l'abat de 4 coups de feu dans le dos. Un passant nommé Sauveur Viola est également blessé au bras au cours de la fusillade. Avant de décéder 2 jours plus tard à l'hôpital, elle a le temps de donner le nom de son agresseur et Caputo prend la route des USA et s'installe à New York.

Impliqué dans l'importation de drogue aux USA grâce aux voies maritimes et surtout a ses relations en France, Caputo est dans le viseur du Treasury Department. Officiellement docker, Caputo utilise le nom de Léon Peretti et est propriétaire de 2 bumboats (des bateaux servant au chargement et déchargement de marchandises).

La véritable identité et les activités de Caputo sont découverts par les agents qui dans le courant de l'année 1936 décident de l'interpeller puis de le relâcher afin de le suivre à la trace. Son téléphone est mis sous écoute et ils découvrent que Caputo est souvent en communication avec un gangster New-Yorkais nommé Morris Schatz.

Gennaro Caputo
 

Schatz est justement lui aussi dans le viseur des autorités car les agents des douanes ont reçu un tuyau leur disant qu'il est impliqué dans l'import de drogue aux USA et qu'il effectue souvent des allers-retours depuis l'Europe.

Schatz est également mis sur écoute et les enquêteurs captent des conversations que le gangster a avec plusieurs stewards des paquebots de longue ligne "Ile de France", "Manhattan" & "New York".

le 13 octobre 1936 les agents des douanes saisissent 27 kilos d'opium brut qu'un matelot Allemand travaillant sur le "New York" nommé Fritz Meder s'apprêtait à récupérer.

Meder et Schatz sont arrêtés et les policier perquisitionnent le domicile de Schatz et confirment la suspicion qu'ils avaient: Schatz a également des mules au sein du "Ile de France" et du "Manhattan".

Le 27 le "Ile de France" arrive à quai à New York. Le 29 la police arrête une dénommée Margaret Georgeton car la police trouve sur elle quatre "brique" d'opium cachées dans sa robe. La police était remontée à jusqu'à elle à cause de ses coups de téléphones donnés à Schatz et à un certain Pierre De Stefano. Georgeton implique Pierre Juliau qui travaille en tant que chef cuisinier à bord du bateau. 13 autres kilos sont par la suite retrouvés dans les quartier de Juliau.

Juliau explique aux enquêteurs qu'un dénommé "Auguste" lui a demandé de charger les paquets jusqu'à New York pour ensuite les livrer à un certain "Pierre Sam" qui s'avérera être Pierre De Stefano. Ca tombe bien, la police est également sur ses traces depuis déjà un certain moment.

De Stefano est arrêté le jour même et la police va découvrir dans la foulée que De Stefano s'appelle en fait Serafino Mancuso et que son frère vient justement de se faire condamner dans une affaire similaire. La maîtresse de Mancuso, une Française nommée Leonie Bouige, est également arrêtée.

Mais ce n'est pas fini puisque le 2 novembre c'est au tour du "Manhattan" d'arriver à quai. Ici, même schéma: 2 individus, Stado Stadens & Olaf Olsen, sont arrêtés et 48 kilos de drogues sont saisis.

Cerise sur le gâteau pour la police le 9 novembre: le bateau "Le Normandie" arrive à quai. un steward, Georges Imacher, et un chef garde-manger, Henri Poncet, sont arrêtés avec 0.62 kilos d'héroïne. Les deux individus avouent qu'ils agissaient en tant que mules pour Schatz & Mancuso.

En presque un mois ce sont donc 88.62 kilos de drogue saisis.

13 personnes sont inculpés pour être jugés au mois de décembre suivant: Morris Schatz, Frances Schatz, Serafino Mancuso, Leonie Bouige, Henry Dominick, Olaf Olsen, Stando Stadens, Henriette Monnier, Pierre Julia, Margaret Georgeton, Fritz Meder et 2 individus non-identifiés appelés "John" & "Tony".

"John" & "Tony" sont décris comme des "exportateurs" vivant à Paris. Lors de l'affaire des 2 marins, Salvatore avait dit qu'il travaillait pour un certain "John". Si c'est un Français, son vrai prénom est donc probablement Jean. A cette époque sont actifs à Paris Jean & Charles Vincileoni et les 2 sont réputés pour avoir été des poids lourds du trafic de drogue tout au long de leurs carrière. Evidemment le prénom Jean étant très commun, cette théorie est purement spéculative, toutefois elle est assez crédible.

Quant à "Tony" il s'agit selon toute vraisemblance de Antoine Zirano.

Le verdict de l'affaire des paquebots tombe le 13 décembre:

-Serafino Mancuso qui est décrit comme le cerveau derrière l'affaire est condamné à 40 ans

-Morris Schatz est condamné à 25 ans

-Stado Stadens & Olaf Olsen sont condamnés à 10 ans

-Georges Imacher est condamné à 5 ans

-Pierre Juliau est condamné à 3 ans

-Henri Poncet est condamné à 1 an

-Fritz Meder est expulsé en Allemagne

-Margaret Georgeton & Leonie Bouige sont condamnées à 1 an avec sursis à la suite de leurs coopérations avec la justice.

Les autres inculpés initialement arrêtés n'ont finalement pas été poursuivis.

Serafino Mancuso & Morris Schatz
 

Quant à Gennaro Caputo, après avoir vainement tenté de faire croire qu'il était un Américain né à San Francisco et qu'il s'agissait d'une méprise sur son identité, il est expulsé vers la France le 7 septembre 1938 après avoir finalement reconnu qu'il était l'homme recherché par la justice Française.

Jugé en 1940, il est acquitté pour le meurtre de Marie Girère et va continuer pendant des années ses activités de trafiquants de drogue.

Cela dit son arrestation aura en plus de l'affaire Serafino Mancuso comme conséquence de mettre à jour un autre vaste trafic de drogue où étaient impliqués entre autre Nick Gentile & Alfonso Attardi de la Famille Mangano de New York ainsi que plusieurs mafieux à Galveston et à la Nouvelle Orléans.

Ironiquement Caputo a été reconduit vers la France à bord du ... "Champlain" !

Giuseppe Mancuso à Paris

Giuseppe Mancuso a vécu à New York à peut près en même temps que ses frères de 1930 à 1935. Selon son casier judiciaire dressé par le Bureau of Narcotics, il aurait été arrêté pour une affaire de kidnapping avant d'être expulsé en 1935 pour entrée illégale.

Il s'installe à Paris, très probablement vers Pigalle & Montmartre où sont regroupés les principaux trafiquants de drogue de l'époque. Une chose est sûre c'est qu'une partie ses complices se trouvaient rue Mansart.

En octobre 1937, les douanes arrêtent à New York un touriste Montréalais nommé John Devine. Devine venait de faire un voyage à bord d'un transatlantique en provenance de Cherbourg et les agents avait reçu un tuyau leur disant que de la drogue se trouvait dans les bagages du Canadiens. Après une fouille de sa cabine et de ses bagages, 2 kilos d'héroïne sont retrouvés.

Suivant un interrogatoire, le "touriste" raconte tout ce qu'il sait. Il explique ainsi qu'il s'est fait remettre la drogue par un dénommé René Mathieu et qu'il devait ensuite la livrer à l'un des complices de Mathieu nommé Giuseppe Failla.

Mathieu est un Lyonnais qui est monté à Paris pour ensuite s'imposer comme une figure du Milieu de Pigalle. Il possède notamment un hôtel rue de Pigalle et est impliqué dans le trafic de diamants. Selon Devine, Mathieu prétend être le successeur de Jean-Paul Stefani (sans faire injure à Mathieu, c'est tout de même très improbable).

Quant à Giuseppe Failla alias "Peppino"/"Big Joe"/"Joe l'Américain" il est un Italo-Américain ayant vécu aux USA dans les années 1920 et qui a sévit là bas dans le "bootlegging" pour finalement poser ses valises en 1933 à Paris où il s'installe au 9 rue Mansart.

Failla dont le rôle est l'export de la drogue en direction des USA, entretient des correspondances avec ses passeurs entre Le Havre & Mexico par l'intermédiaire de télégrammes contenant un code secret avec les numéros des paquebots en partance pour l'Amérique.

La décision est prise par les enquêteurs de garder l'arrestation de John Devine secrète afin de ne pas éveiller les soupçons des trafiquants et de pouvoir enquêter en France.

La Sûreté Nationale procède aux interpellations le 12 mars 1938. Outre Failla & Mathieu des dizaines de personnes sont arrêtés.

-A Paris: Joseph Toulchine, un gérant de boîte de nuit expulsé dans la foulée vers son pays d'origine la Russie; Charles Coopman, un tailleur de pierres précieuses; Robert Lord, un Américain qui officie en tant que chauffeur routier; André Magne & Jean Bruschi, tout deux trafiquants de drogues et d'armes; Marie Emmanueli, la compagne de Buschi; Emma Bogrand; Marcel Laurent et sa compagne Yvonne Dechamp.

A Cannes: Simone Guérin, une Marseillaise bien connue de la police qui tient une fumerie d'opium

A Marseille: Elise Chabert & Doan Phu-Lam

A la suite d'une perquisition au domicile de Failla, des télégrammes où il est clairement question de trafic de drogue sont retrouvés et sont rapidement décodés. Si Failla ne nie pas son implication pour des envois de drogues en direction du Mexique, il nie en revanche (malgré les preuves) farouchement tout envoi de drogue en direction des USA.

(Malgré mes efforts, aucune trace des éventuelles condamnations, mais il faut dire que la Seconde Guerre Mondiale était sur le point d'éclater en France quelques mois plus tard et que le procès, si il a eu lieu, est très probablement passé au second plan)

Marcel Laurent, Emma Bogrand, René Mathieu, Robert Lord, Simone Guérin & Giuseppe Failla
     

 

Au moment de l'arrestation de Failla, les enquêteurs ne semblent pas savoir qu'ils sont passé à côté d'un gros poisson, mais ils vont s'en apercevoir le 11 novembre suivant quand deux individus sont abattus d'une quinzaine de coup de feux alors qu'ils sortaient de l'immeuble du 9 rue Mansart.

Les deux individus en question sont deux Corses, Armand Alessandrini et ... Antoine Zirano ! Ce dernier est non seulement un proche associé des Mancuso en cavale depuis l'affaire du kidnapping 1934 mais il habite également au même endroit que Failla.

Selon les rumeurs rapportée par la presse (donc en premier lieu par la police), Zirano serait tombé en disgrâce à cause de la saisie d'au moins 3 chargements de drogue en destination des USA. L'arrestation de Failla, la découverte des télégrammes et leurs significations auraient été la goute d'eau qui fait déborder le vase et la décision aurait été prise de l'éliminer.

Zirano & Alessandrini succombent quelques heures plus tard à l'hôpital, mais la police à le temps d'interroger brièvement Alessandrini. 

Evidemment, il ne déclare rien d'intéressant aux enquêteurs à part que le duo était sur le point de se rendre dans un café de Montmartre quand en sortant de l'immeuble une voiture occupée par 2 individus s'est avancée à leurs hauteurs avant de leurs tirer dessus. A noter que lors de la fusillade une dame nommée Albertine Rocher est également touchée, mais fort heureusement sans gravité. 

A part ça, Alessandrini explique seulement qu'il revenait d'un voyage aux USA, qu'il n'a aucun ennemi et qu'il n'a pas vu ses agresseurs.

Le réseau Parisien de Mancuso/Zirano/Failla va prendre fin quand le 23 février 1940, Giuseppe Mancuso est arrêté. Il a été dénoncé par un petit trafiquant nommé Julien Ganière. A l'époque où Garnière a été arrêté, la police venait de mettre sous les verrous une soixantaine de personnes, et selon lui Joe Mancuso était leur principal fournisseur.

Le jour de son arrestation, Mancuso est arrêté avec sa maitresse, une dénommé Monnier. Il s'agit probablement de Henriette Monnier qui avait été arrêtée mais non poursuivie, à New York pendant l'affaire Serafino Mancuso.

Selon les journaux, Mancuso aurait été expulsé vers les USA où il était recherché pour avoir kidnappé un marin qui l'avait dénoncé pour trafic d'opium. La méthode ressemble bien à la famille Mancuso, mais c'est en contradiction avec la fiche du Bureau of Narcotics qui explique qu'il a été expulsé des USA pour entrée illégale.

Il paraît plus probable qu'il ait été réexpédié en direction de l'Italie où il y sera rejoint plus tard par ses frères. 

Après des séjours aux pénitenciers de Leavenworth et d'Atlanta, Serafino & Salvatore ont respectivement été transférés au fameux pénitencier d'Alcatraz en 1944 et 1945. Ils sont libérés sur parole puis déportés vers l'Italie en 1947 et 1949.

Giuseppe Mancuso, Armand Alessandrini & Antoine Zirano

 

Retour en Italie

Passons rapidement sur Salvatore dont on ne sait pas grand chose pendant ces années là. En 1951 il est ramené aux USA à la demande de la justice qui souhaitait l'interroger en tant que témoin sur une affaire de kidnapping, mais il en profite pour fausser compagnie à la police et part en cavale (le FBN semblait penser qu'il s'était réfugié un temps au Canada).

Son nom réapparait brièvement en mai 1968 dans le cade de l'enquête sur le kidnapping/meurtre de Graziano Stellino, professeur de mathématiques excercant au collège de Trapani. 

Mancuso est arrêté avec 6 autres individus: Salvatore & Diego Pirrone, Vito Melodia, Stefano Ferrara, Pietro Lipari & Antonino Bali. On peut aisément deviner pourquoi Salvatore a été arrêté dans cette affaire, mais il s'avérera plus tard qu'il n'était pas impliqué puisque ce sont trois autres individus qui sont plus tard jugés et condamnés à perpétuité: Giuseppe Adragna, Michele Pirrone et Gioacchino Cruciata. Ces derniers sont d'Alcamo mais ne sont que de petits voyous qui rêvait de devenir de grands caïds.

Si malgré le peu d'infos disponible il ne fait guère de doute que Salvatore était toujours impliqué dans le trafic de drogue, ce sont principalement ses deux frères qui vont régulièrement faire les titres des journaux et tenir occupé la justice Italienne.

C'est probablement à leurs retours en Italie que les frères Mancuso ont été intronisé au sein de Cosa Nostra, dans la cosca d'Alcamo. A cette époque le boss est un dénommé Giovanni Stellino, mais c'est clairement Vincenzo Rimi qui en est le membre le plus influent.

Ce dernier s'est associé avec Frank Coppola, ancien membre des Familles de St. Louis & Detroit, qui dirige un vaste réseau d'exportation d'héroïne entre l'Italie, le Mexique et les USA. En février 1950 Il est d'ailleurs établi que Coppola a organisé des rencontres avec plusieurs mafiosi Américains à Tijuana, Mexique afin d'organiser des envois de drogue. Y étaient notamment présents: Silvestro Carollo de la Nouvelle Orléans, Charles Carollo de Kansas City, Anthony Lopiparo & Anthony Giardano de St. Louis, et Frank Bompensiero de Los Angeles/San Diego. Les mafieux ont été arrêtés sur place et sont reconduit dans la foulée à la frontière.

Le fait que Serafino & Giuseppe aient vécu en France leurs laissent une place de choix dans l'organisation de l'envoi de drogue mais aussi dans sa fabrication. En effet selon le FBN, Giuseppe est reconnu comme étant "un excellent chimiste de morphine base et d'héroïne", habilitée qu'il a très vraisemblablement acquise lors de son séjour en France et qui en fait un personnage central étant donné que le "savoir faire" et la main d'oeuvre dans ce domaine sont principalement de ce côté des Alpes.

Outre Coppola & Rimi, l'organisation pour laquelle travaille Giuseppe & Serafino compte d'autres personnages Siciliens de premier ordre tels que Salvatore "l'Ingegnere" Greco de Ciaculli, Antonino Sorci de Villagrazia, Salvatore Zizzo de Salemi, Vito Vitale de Castellammare del Golfo & Salvatore "Toto" Vitale de Partinico.

Vincenzo Rimi

En mars 1952 l'organisation Coppola va très sérieusement sentir le souffle des autorités dans son dos. Le 19 de ce mois à la gare d'Alcamo, la police met la main sur une malle contenant 6 kilos d'héroïne. Il ne reste plus qu'à la police de cueillir celui à qui est destiné le précieux bagage. Il s'agit de Serafino Mancuso qui n'est pas venu les mains vide puisque 6 autres kilos sont récupéré en sa possession.

La police était à ce moment là à l'affut après les arrestations quelques mois plus tôt de Joe Pici, ancien membre de la Famille de Pittsburgh, et de Toto Vitale qui venait de se faire expulser des Etats-Unis.

Il est rapidement établi que la drogue était destiné à Anthony Giardano, le futur boss de la Famille de St. Louis (pour info, le boss à ce moment précis est très vraisemblablement Anthony Lopiparo). Giardano a été précédemment repéré en février dans les environs de Capocotta dans la région de Rome. 

La police pense qu'il avait fait le voyage afin de se faire remettre par Coppola une cargaison de drogue. La présence de Giardano est confirmée par la fille de Coppola, Pietra, qui indique lors d'un interrogatoire qu'un certain Antonio se trouvait avec eux le 6 février.

Giardano est arrêté à l'aéroport de Ciampino alors qu'il était sur le point de prendre un avion pour retourner aux USA. Après un interrogatoire et une fouille approfondie de ses bagages, Giardano est autorisé à repartir.

Anthony Giardano
 

Après avoir été questionné peu de temps après l'arrestation de Serafino, Coppola décide de prendre quelques "vacances" dans son village natal de Partinico. Lors d'une perquisition dans sa maison de Tor San Lorenzo, il est retrouvé notamment un carnet d'adresse et des correspondances avec John Priziola, Raffaele Quasarano et le chimiste Français Dominique Albertini.

Coppola est arrêté 20 mois plus tard en décembre 1953. Un an auparavant c'est son gendre, Giuseppe Corso qui a été arrêté et inculpé dans le cadre de l'affaire de la malle. Le nom de Salvatore Greco est également évoqué un temps, mais seuls Mancuso, Coppola & Corso sont inculpés. Tout ça pour finalement pas grand chose puisqu'après 2 ans et demi de détention Coppola est acquitté des charges qui pesaient contre lui.

Frank Coppola

Salvatore Vizzini est un agent infiltré du Federal Bureau of Narcotics pour lequel il travaille depuis 1955. Il est chargé en 1958 par ses supérieurs d'aller à Naples sous une fausse identité pour mettre hors d'état de nuire la filière de drogue de Lucky Luciano (ce qui n'arriva jamais).

Entre temps il est chargé par son supérieur John T. Cusack de découvrir un laboratoire de fabrication d'héroïne en Sicile. Le labo est bien sûr celui de Giuseppe Mancuso. Il s'agit d'une opération conjointe avec la police Italienne et Vizzini doit se faire passer pour un acheteur pour gagner la confiance de Mancuso afin découvrir le labo. Pour ce faire, Vizzini prend l'identité de "Pasquale Lombardi" et un indicateur nommé "Rocco" (c'est un alias) doit l'introduire au près de Mancuso. 

(Pasquale Lombardi est un vrai gangster qui sert d'indic à Vizzini qui purge à ce moment là une peine prison. Cette identité a été choisie car le vrai Lombardi ressemble à Vizzini)

Après avoir rencontré Joe Mancuso, Rocco lui dit que "Pasquale Lombardi" est "un nostro amico" (comprendre par ceci un membre de Cosa Nostra") et deux jours après Rocco dit à Vizzini que Mancuso veut le rencontrer.

Après plusieurs rencontres entre les deux hommes et une fouille discrète mais passée non-inaperçue de la chambre d'hôtel de l'agent infiltré de la part d'un sbire de Mancuso, Vizzini propose à Mancuso de l'assister dans son labo afin de tenir au courant ses acheteurs de la qualité du produit. Chose que Mancuso finit par accepter et emmène plusieurs fois "Lombardi" dans une maison aux environs de Palerme où se trouve son labo en attendant de recevoir la morphine base.

Mancuso explique à Vizzini qu'il a des contacts en Syrie et au Liban qui lui fournissent la matière première. Le jour J, c'est 130 kilos de morphine base qui doivent être transformé en héroïne pure, ce qui selon les calculs de Vizzini équivaut à 140 kilos d'héroïne.

Après quelques jours de "travail" Vizzini explique à Mancuso qu'il doit retourner à Rome afin de récupérer l'argent de l'acompte ainsi qu'une rallonge pour que le chimiste puisse continuer sa besogne. Le lendemain Vizzini dit à Mancuso qu'il a l'argent. 

C'est ce jour là que la police Italienne intervient afin d'arrêter Mancuso et démanteler le laboratoire, le tout bien sûr en n'impliquant pas Vizzini qui doit continuer sa mission contre Luciano sous une autre identité. La police n'est pas la seule à protéger Vizzini car malgré un interrogatoire "musclé", Mancuso n'a jamais divulgué l'identité du "client" Américain avec qui il travaillait.

Giuseppe Mancuso est condamné à 15 ans de prisons.

L'agent Sal Vizzini posant avec une photo de lui avec Lucky Luciano

Ce n'est pas la fin des ennuis et des activités des frères Mancuso pour autant, car Giuseppe & Serafino vont également être impliqués dans ce qui est sans doute la plus grosse affaire liée à la French Connection de l'époque.

Dans le courant des années 1950, Salvatore Zizzo, capo de la cosca de Salemi, épaulé par son homologue de Santa Ninfa, Giuseppe Palmeri, monte un vaste réseau d'expédition et de distribution de drogue qui s'étendr de l'Italie aux USA en passant par la France et le Canada.

Un agent de voyage nommé Salvatore Valenti est chargé de recruter des voyageurs en partance pour l'Amérique qui contre rétribution acceptent de prendre un bagage supplémentaire. 

L'équipe des mafiosi est approvisionnée en drogue par Antoine "le Vieux" Cordoliani, un des principaux poids lourds du trafic de drogue en France. 

Cordoliani est en effet un vieux de la vieille puisqu'il est largement soupçonné d'être le cerveau derrière la saisie d'héroïne du paquebot "Saint-Tropez" le 17 mars 1947. Ce jour là les douanes avaient mis la main sur 2 marins et saisi l'équivalent de 1.250.000 millions de dollars d'héroïne pure représentant 185.186 doses sur le marché. C'est la plus grosse saisie de drogue de l'époque à New York.

Cordoliani n'est donc pas n'importe qui puisqu'il est également désigné par le FBN comme étant l'un des principaux fournisseurs de morphine base en France. Cordoliani avec plusieurs membres de sa famille dirige également sa propre équipe, puisque son fils Emile est également chimiste. L'agent Sal Vizzini confirmera d'ailleurs que Giuseppe Mancuso lui a confié que Cordoliani était l'une de ses principales sources d'approvisionnement en héroïne et morphine base.

Bien que l'implication d'Emile Cordoliani ne fait guère de doutes dans le fonctionnement de la filière Zizzo, le chimiste officiel et reconnu de cette filière n'est nul autre que l'incontournable Jo Césari. Comme il le sera révélé plus tard, le principal labo se trouvait dans une maison près de Marseille appartenant à un ancien policier et était en capacité de raffiner 30 kilos d'héroïne par jour.

Bien que Zizzo ait son frère Benedetto sur place au Canada, la filière atteind son pic vers la fin des années 1950 quand Stefano Magaddino entrera dans l'affaire en chargeant plusieurs de ses subordonnés en Ontario, dont John Papalia et les frères Vito & Alberto Agueci, à faciliter les choses. Ces derniers se mettront d'ailleurs en contacts avec plusieurs mafiosi de New-York dont Carmine LoCascio, Vincent Mauro, Frank Caruso, Salvatore Maneri ou Joseph Valachi.

Antoine Cordoliani

Serafino Mancuso a donc un rôle central dans cette affaire-ci car grâce a ses relations avec Cordoliani il est en contact direct avec le fournisseur de la matière première. Il est d'ailleurs très probable qu'il organise lui même des envois car figure dans sa liste d'associés Calogero Di Carlo. Ce dernier est un membre de la Famille Gambino qui dirige une agence de voyage, la "Di Carlo Travel Agency". Son frère Angelo n'est pas non plus n'importe qui puisqu'il a précédemment fait parti de la Famille Lucchese et est à ce moment là le présumé Consigliere de la cosca de Corleone. 

De plus un autre membre de la Famille Gambino, Vincent Todaro, se fait arrêter en 1958 et son nom sera plus tard relié à la filière Zizzo. Il se trouve que son fournisseur en héroïne était Antoine Cordoliani, qui lui même s'est fait arrêter un peu plus tard cette même année.

La filière va tourner à plein régime jusqu'au 21octobre 1960 quand deux passeurs, Salvatore Rinaldo & Matthew Palmeri (aucun lien de parenté avec Giuseppe Palmeri), se font arrêter au Pier 84 de New-York avec 10 kilos d'héroïne. Les fédéraux qui sont intervenus sur un tuyau anonyme ont la filière Zizzo dans le collimateur notamment à cause de l'affaire de la malle de Serafino Mancuso en 1952.

En échange de la clémence de la justice, Rinaldo & Palmeri décident de coopérer et donnent toute les infos qu'ils sont en mesure de fournir. Les justices Américaines, Canadienne, Française et Italienne organisent une série d'inculpations et une une quarantaine d'individus sont arrêtés des deux côtés de l'Atlantique entre 1961 et 1966.

Si Giuseppe Palmeri a été arrêté à Rome avec un Corse nommé Antoine Panza, le principal leader de la filière, Salvatore Zizzo, a réussi à esquiver les inculpations.

L'arrestation de Serafino Mancuso intervient le 13 mars 1966 quand il est arrêté à Trapani avec Salvatore Valenti, l'agent de voyage. Sont arrêtés à Rome le même jour les frères Salvatore & Ugo Caneba. 

Salvatore est décrit par Rinaldo comme étant le chef de la filière en Italie. Si l'info est inexact, Salvatore et son frère ne sont pas pour autant de petits poissons. 

Les 2 frères sont depuis bien longtemps dans le viseur du FBN et sont décrit comme parmi les plus important contrebandiers et grossistes de dogue en Italie. Salvatore est notamment connu aux USA s'être fait arrêter puis expulser des USA en 1954 pour trafic de drogue. Salvatore a d'ailleurs un autre point commun avec les frères Mancuso puisque lui aussi a vécu en France dans les années 1930 avant de se faire expulser en 1935.

Point important et assez méconnu, les frères Caneba sont les neveux de Pasquale Enea, un important mafioso de Palerme du début du XXème siècle principalement connu pour ses correspondances avec Giuseppe Morello, l'ancien Capo dei Capi en Amérique.

Au final 34 personnes sont inculpés en Italie pour un procès qui s'ouvre en février 1967. Il convient de signaler que sur les 34 inculpés, 9 seulement sont présents (enfin 6, car 2 refusent de se présenter au tribunal) car la plupart des accusés sont déjà en prisons aux USA ou en France.

La plupart des accusés sont condamnés à des peines allant de 2 à 10 ans. Serafino & Giuseppe Mancuso sont condamnés respectivement à 4 et 3 ans de prisons. Ce qui ne change pas grand chose pour Giuseppe qui est déjà condamné pour l'affaire du laboratoire. En revanche, Serafino ayant déjà purgé la quasi totalité de sa peine en détention préventive est relâché dès le lendemain du verdict.

Une partie des accusés au procès de Rome en février 1967

Serafino est de nouveau arrêté le 9 juillet 1971 à Alcamo suivant une ordonnance de détention provisoire sur proposition du commissaire de police de Trapani, le Dr Tommaso Basile. Il est envoyé en résidence obligatoire à Bardi près de Parme pour 5 ans.

Après ceci, les frères Mancuso disparaissent presque complètement des radars. Au milieu des années 1980 Serafino est brièvement mentionné dans une affaire de drogue au côté de Natale L'Ala, boss de la cosca de Campobello di Mazara mais c'est à peu près tout.

Son nom apparaît une dernière fois sur une liste de membres de Cosa Nostra publiée par le journal La Sicilia le 27 septembre 1991, ce qui indique qu'il était probablement toujours vivant à ce moment là. 

Quant à ses frères, ils ne font à ma connaissance plus parler d'eux par la suite.

Photos en plus

 

Avis de recherche émis par le FBI sur Antoine Zirano

Avis de recherche émis par le FBI sur Liberale Parrino

Fiche Alcatraz de Serafino Mancuso


Fiche Alcatraz de Serafino Mancuso


Fiche Alcatraz de Morris Schatz


Fiche FBN de Giuseppe Mancuso


Fiche FBN de Salvatore Mancuso


Fiche FBN de Serafino Mancuso


Giuseppe Failla


Dominick Galfano


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