Pierre Marini, le Capitaine des Corses

Il y a 2 ans, j'inaugurais ce blog avec un article consacré à la vendetta qui opposait Jean-Paul Stefani à Ange Foata. Cette vendetta allait devenir un des piliers de la fondation du Milieu moderne, en somme, une sorte de Guerre des Castellammarese Française sur fond de trafic de drogue.

Bien que cet événement soit très important, il ne représente qu'en fait que la face cachée de l'iceberg du crime organisé Corse dans les quartiers de Montmartre & Pigalle, quartiers qui sont depuis le début du 20ème siècle, les quartiers généraux de la pègre à Paris.

Ange Foata était un des principaux lieutenants de Pierre Marini. Cet article est donc consacré à Marini, le caïd Corse le plus connu et redouté de l'époque à Paris.

 

Les débuts de Marini

Pierre Marini, qui préfère qu'on l'appelle Joseph, est né en 1898 à Calenzana, Haute-Corse. On ne sait pas vraiment quand il va débarquer en France métropolitaine, mais en 1915, à l'âge de 17 ans il va être condamné pour un délit et va à partir de là, suivre le cursus classique de la plupart des hommes du Milieu de l'époque. D'abord envoyé en colonie pénitentiaire (en clair, une maison de correction où l'on apprend aux détenus la discipline à coup de bâton), il est envoyé à sa majorité aux bataillons d'infanterie légère d'Afrique, plus communément appelés les Bats d'Af.

Les Bats d'Af était une unité de l'armée de terre Française située dans plusieurs endroits en Afrique du Nord où était envoyé les mauvais garçons trop indisciplinés pour suivre un service militaire normal, dont notamment les délinquants comme Marini. Basiquement, les "soldats" y effectuent des corvées comme creuser des tranchées dans le désert, ou effectuer de longues marches, le tout en plein cagnard et sous l'oeil de supérieurs tyrannique. Un des seuls loisirs des hommes là bas est de se faire tatouer. Ainsi, la plupart des hommes du Milieu étant passé par les Bat d'Af avaient le corps couver de tatouages à l'instar des Yakuzas. Outre Marini, des individus comme Paul Carbone, Dominique Paoleschi, Jean-Baptiste & Emile Buisson, Jo Attia, Pierre Loutrel, sont passés par les Bat d'Af.

Après un passage dans le sud de la France à Marseille et à Nîmes où il est condamné comme souteneur, il monte à Paris en 1924 et s'installe dans le quartier de Pigalle où un bon nombre de truands Corses et Marseillais commencent à s'installer. 

Là bas, il séduit une fille et commence à en faire "travailler" d'autres. Il devient vite riche et commence à fréquenter les cercles de jeux. Ce serait en 1926 qu'il aurait gagné son surnom de "Capitaine".

Mais en novembre 1928, il est blessé par plusieurs coups de feux tirés par un concurrent. Transporté à l'hôpital, il s'échappe afin d'éviter une arrestation et part pour l'Indochine où il va continuer ses activités de mac.

Bénéficiant d'un non-lieu plus tard dans cette affaire, il retourne en France en 1930. A son retour, il va découvrir qu'un conflit avec ses compatriotes Corses et des criminels Parisiens est sur le point d'éclater et il va en être l'un des principaux acteurs.

Marini vers la fin des années 20


Les Corses contre les Parisiens

Vers la fin des années 20/début des années 30, des tensions vont naître entre les truands Parisiens et les Corses qui, avec leurs façons de faire et leurs caractères Méditerranéen, ont des différences avec les "nordistes". Si les conflits et les séries de meurtres ne sont pas forcément reliés, ils ont en revanche tous le même schéma: un individu prend mal un affront, et le conflit se transforme en règlement de compte.

Un des premiers meurtres du genre est celui de Robert Guitton alias "Guitton la Douceur", un caïd Parisien actif dans prostitution. Guitton a décidé que toute les filles travaillant pour les Corses devaient dorénavant bosser pour lui. Un jour de 1930 il va trouver une prostituée surnommée "Mimi la Rouge" afin de la débaucher. Mimi travaille pour un Corse appelé Paul Taddei, dont le quartier général est le bar "le Mondain" situé rue Fontaine (note: la plupart des bars contrôlés par les Corses était dans cette rue ou la rue de Douai). Refus de Mimi qui gifle Guitton. Taddei accompagné de 3 hommes, Paul Petit, Dominique Cristini & Vincent Albertini sortent du bar et auraient demandé à Guitton combien il était prêt à débourser pour s'offrir les services de Mimi. Il semblerait que la réponse ne leur auraient pas convenu car Guitton est abattu de 6 balles.

Plus tard la même année. Casimir Micheletti est un des pontes de la traite des blanches qui a fait fortune en Amérique-du-Sud en Angleterre et en Afrique-du-Nord. Lors d'une dispute sur un deal de cocaïne, Micheletti tue "Bebert l'Algérien" ainsi qu'un nommé Gode un associé de Bebert. Un autre individu rescapé de ce soir là Eugène Gory est abattu quelques mois plus tard à Tunis. Micheletti se fait également flinguer quelques jours plus tard à Amsterdam à la suite d'un différent financier par Juan Castaner, un truand Franco-Espagnol.

Mais la plus sérieuse tuerie à lieu 2 ans plus tard dans la nuit du 12 au 13 février 1932 et elle va concerner Marini, ou en tout cas son entourage proche et sa bande.

Ce soir là, un Corse nommé Martino sort du cabaret "la Boule Noire", quand il est abattu par 4 individus. Martino aurait été vu quelques minutes avant en train de se disputer avec l'un des individus. L'objet de la dispute aurait été que Martino était trop gourmand au sujets de bénéfices liés à des affaires de prostitution.

Les Corses du bar "Chez Dante" décident d'aller en découdre avec les Parisiens et un rendez-vous entre les Corses & les Parisiens est donné vers 3h du matin devant le cabaret "l'Ange Rouge" qui se situe rue Fontaine. Les Parisiens sont positionnés devant le bar "le Zelly's" et les Corses sur le trottoir d'en face. 

La suite est digne du western "Règlements de compte à O.K. Corral". Les deux camps vident leurs chargeurs et ne sont seulement interrompus que quand la police intervient (la police comptera d'ailleurs 36 balles !). Jean-Paul Dary, un des principaux lieutenants de Marini est la seule victime parmi les truands, il est touché à la tête et blessé à l'oeil mais va s'en sortir. Jeanne Michaud était une sans-abris âgée de 61 ans qui dormait devant la vitrine du "Zelly's". Malheureusement pour elle, elle est la seule victime de la fusillade ...

L'Ange Rouge

 

Si ils vont par la suite ralentir, les règlements de comptes entre Corses & Parisiens ne vont finalement jamais vraiment cesser. Le meurtre de Jean-Paul Stefani en 1937 par André Marguin peut par exemple être considéré comme étant l'un des épisodes. La même chose peut être appliqué à Pierre Cucari qui est tué en 1954 par Robert Juan. Mais pour cet épisode précis, ce sera pour un prochain article ...

Marini et la drogue

Marini est également actif dans le trafic de drogue, trafic qui deviendra bien plus tard la spécialité du Milieu Corse. Il va acheter à Nanterre un laboratoire de transformation de morphine base en héroïne aux frères Heliopoulos, 2 trafiquants Grecs associé à Louis-Théodore Lyon, un trafiquant de drogue qui va faire la une de la presse un peu plus tard. Le chimiste du labo est un Allemand qui double Marini en gardant un peu trop les bénéfices pour lui. Trouvant l'affaire peu rentable en comparaison du prix qu'il a payé pour acquérir le labo, Marini décide de vendre le labo aux frères Stefani.

Manque de chance pour Marini, au contraire de ce dernier, les Stefani réalisent de beaux bénéfices avec le labo et s'enrichissent, ce qui provoque la jalousie de Marini et de Ange Foata. Foata, un des principaux lieutenants de Marini, est en charge du trafic de drogue dans l'équipe de Marini. Vexé, Marini charge Foata de colporter dans Montmartre que les Stefani sont protégés par la police car ils seraient des indicateurs. Des tensions seraient aussi nées du fait que Marini ait recrutés des agents politique pour un politicien en Corse et que les Stefani auraient soutenus un autre candidat.

Les tensions vont littéralement explosées quand le 21 décembre 1934, trois hommes bossant pour Marini, Joseph Rocca-Serra, Vincent Battestini & André Antonelli, sont arrêtés avec une centaine de paquets d'héroïne et de cocaïne dans un restaurant de l'avenue Trudaine. Au cours de l'arrestation Rocca-Serra tente d'ouvrir un placard qui, comme la police le découvrira plus tard, contenait une arme. 

La suite est connue, le lendemain J-P Stefani tente de tuer Foata dans le cabaret "le Rat Mort", et s'en suis un enchainement de meurtres. Il ne fait aucun doute que cet événement est une conséquence directe de la rumeur lancée par Marini & Foata, ces derniers ne digérant probablement pas l'arrestation de Rocca-Serra, Battestini & Antonelli. A l'issue du procès ces deux derniers sont acquittés et seul Rocca-Serra est condamné avec 13 mois de prison, 500 Francs d'amende et 5 ans d'interdiction de séjour.

Battestini, Rocca-Serra & Antonelli


La fusillade du Crystal

En plus de ses activités de mac et de trafiquant de drogue, Marini est évidemment un redoutable racketteur.

"Le Crystal" est un de ces bars fréquenté par la pègre et qui est tenu par une certaine madame Barbier. En 1934, Marini envoi un de ses amis et associé Mario Parravicini pour "emprunter" à la patronne 5000 Francs, ce que la patronne accepte dans un premier temps pour avoir la paix.

Parravicini, alias "Mario le Rital", est un caïd bien connu de la pègre de Montmartre. En 1933 il a tué un travelo-prostitué Algérien qui avait violé une fille travaillant pour lui nommé Maryse. Recherché par la police, il fuit la France pour l'Espagne où il se fait arrêter un peu plus tard avec Antoine La Rocca. Il est malgré tout acquitté des charges pesant contre lui et est de retour dans ses affaires avec Marini.

Mario Parravicini

Parravicini & Marini reviennent 1 an plus tard au Crystal, demandant cette fois-ci 50.000 Francs. Barbier décide de demander de l'aide à Joseph Poli alias "Louis le Marseillais" pour se mettre sous sa protection. Poli, membre respecté et connu du Milieu, conseille à Barbier de ne rien payer et lui dit qu'il va s'occuper de l'affaire.

Joseph Poli

Le soir du 15 novembre 1935, Joseph Marini vient au Crystal accompagné de Dary, Parravicini et d'un individu appelé Roch Filippi. Mis au courant, Poli arrive un peu plus tard avec Fleury Di Nola et le pas encore grand baron de la drogue mais déjà redoutable truand respecté, Auguste Ricord (selon Grégory Auda dans son livre "Bandits Corses", un individu nommé Albert Guérin était avec eux). 

Alors que certains des individus montent à l'étage du bar pour s'entretenir à propos de l'affaire du paiement, une fusillade commence. Parravicini est sérieusement touché et transporté à l'hôpital où il meurt quelques heures plus tard. On découvrira d'ailleurs plus tard en fouillant dans ses affaires qu'il avait une carte de membre d'un parti politique de Droite. Marini & Filippo ont également été blessé et ont pris la fuite pour se rendre à l'hôpital. Interrogés, ils déclarent qu'ils n'ont aucune idée de qui a bien pu leur tirer dessus ni pourquoi. Les témoins sur place sont également touché par une amnésie subite et ne les reconnaissent pas.

Jean-Paul Dary & Fleury Di Nola

Parravicini n'est pas la seule victime: Poli a également été sérieusement touché mais a été mis à l'écart discrètement dans une autre salle juste avant que la police n'arrive. Transporté dans une clinique privé, il succombe également à ses blessures quelques heures plus tard.

Fin de carrière pour le Capitaine

Bien que craint, Marini n'a jamais été vraiment respecté par ses confrères Corses. Ainsi les affaires Foata/Stefani et du Crystal vont porter un sérieux coup à son prestige.

Il est rapporté qu'à cette période Marini est impliqué dans un trafic d'armes et de matériels pour la guerre civile Espagnole: faux camions blindés, casques fabriqués avec des bidons métalliques, armes peu fiable, etc ... Tout est bon pour gagner quelques Francs et les truands Corses de Montmartre & Marseille (Paul Carbone est dans le coup aussi) s'enrichissent sur le dos des deux camps ...

La chute de Marini va intervenir en 1937, pour une bête histoire d'arnaque à l'assurance. Alors qu'il organise un déménagement, Marini va organiser le transport de ses meubles et oeuvres d'art par un déménageur du nom de Eugène Siegel. Marini, qui a souscrit une police d'assurance pour ses biens, charge Siegel de faire exploser son camion afin de toucher la prime. Le plan est parfait, surtout que l'entreprise de Siegel connait des difficultés financières.

En partance pour Marseille, le camion fait une halte à Saulieu, Côte-d'Or. Selon 2 camionneurs qui ont assisté à la scène, Siegel était a l'arrêt et semblait étudier l'éclairage du camion quand tout à coup le camion explosa, tuant Siegel. Les gendarmes en examinant le camion trouvent assez étrange que seul l'arrière du camion soit endommagé alors que la cabine, où se trouve le réservoir d'essence, est quasi intact.

Eugène Siegel
 

La police va vite comprendre le subterfuge quand en perquisitionnant chez Marini ils vont trouver une lettre écrite à une compagnie d'assurance demandant le remboursement des biens estimés à 250.000 Francs. Surtout que selon deux employés de Siegel ayant vu les meubles quelques jours avant, le montant semble exorbitant. A l'issue de l'affaire, Marini est condamné à quelques mois d'emprisonnement.

Après l'affaire du camion de Saulieu, on ne sait pas grand chose de Marini qui semble-t-il s'est retiré des affaires.

Mais Marini va toutefois brièvement faire parler de lui en 1988. Marie Paoleschi, la femme de Dominique, a publié ses mémoires "Marie la Jolie" en 1979, où bien évidemment Marini est mentionné plusieurs fois. 

Paoleschi révèle lors d'une interview à la télévision Belge, qu'alors qu'elle se trouvait dans un bar de Marseille elle repère un homme âgée d'une vingtaine d'années qui semble la chercher. Paoleschi le reconnait car elle déclare qu'elle a bu un café avec l'individu et Marini chez ce dernier à Paris. Elle persuade l'individu en lui racontant qu'elle a donnée les coordonnés de toute les personnes qu'elle connaissait à la Police et que de toute façon n'étant qu'un exécutant, qu'il risque de se faire tuer par ses commanditaires après. Elle ajoute qu'elle a reçu par la suite un coup de téléphone de Marini lui annonçant qu'il retirait le contrat qu'il avait mis sur sa tête ...

Marini est probablement décédé dans les années 80.


English version

2 years ago, I started this blog with an article devoted to the vendetta between Jean-Paul Stefani and Ange Foata. This vendetta became one of the pillars of the foundation of the modern Milieu, in short, a sort of French version of the Castellammarese War with a background of drug trafficking.

Although this event is very important, it only represents the tip of the iceberg of the Corsican organized crime in the districts of Montmartre & Pigalle, districts which since the beginning of the 20th century, are the headquarters of the underworld in Paris.

Ange Foata was one of Pierre Marini's main lieutenants. This article is therefore devoted to Marini, the most famous and feared Corsican kingpin of the time in Paris.


Marini's beginnings

Pierre Marini, who prefered to be called Joseph, was born in 1898 in Calenzana, Haute-Corse. We don't really know when he arrived in mainland France, but in 1915, at the age of 17, he was convicted of a crime and from there followed the classic course of most rank and file Milieu men the the time. First sent to a house of juvenile correction, when he came of age he was sent to the light infantry battalions of Africa , more commonly known as the Bats d'Af.

The Bats d'Af was a French army unit located in various parts of North Africa, where bad boys who were too undisciplined to follow normal military service, including delinquents like Marini, were sent. Basically, the "soldiers" performed chores like digging trenches in the desert, or going on long marches, all in the heat of the day and under the eye of tyrannical superiors. One of the men's only leisure activities was to get tattoos. As a result, most of the men who passed through the Bat d'Af had their bodies covered in tattoos, just like the Yakuza. In addition to Marini, individuals such as Paul Carbone, Dominique Paoleschi, Jean-Baptiste & Emile Buisson, Jo Attia, Pierre Loutrel, all passed through the Bat d'Af.

After a stint in the south of France, in Marseille and Nîmes, where he was convicted as a pimp, he moved to Paris in 1924, settling in the Pigalle district, where a number of Corsican and Marseillais gangsters were beginning to set up shop.

There, he seduced a girl and began to "work" others. He soon became rich and started frequenting private gambling clubs. It was in 1926 that he earned his nickname "Capitaine".

But in November 1928, he was wounded by several shots fired by a competitor. Transported to hospital, he escaped to avoid arrest and left for Indochina, where he continued his pimping activities.

Later dismissed from the case, he returned to France in 1930. On his return, he soon discovered that a conflict with his fellow Corsicans and Parisian criminals was brewing, and he was to be one of the main players.

Marini in the late 1920s

Corsicans versus Parisians

Around the end of the '20s and beginning of the '30s, tensions arose between the Parisian mobsters and the Corsicans who, with their Mediterranean ways and characters, had their differences with the "northerners". Although the conflicts and series of murders are not necessarily connected, they all follow the same pattern: one individual takes an affront poorly, and the conflict turns into a series of settling of scores.

One of the first murders of this type was that of Robert Guitton alias "Guitton la Douceur", a Parisian kingpin active in prostitution. Guitton had decided that all the girls working for the Corsicans were now working for him.One day in 1930, he went to find a prostitute nicknamed "Mimi la Rouge" to poach her. Mimi worked for a Corsican named Paul Taddei, whose headquarters was the bar "le Mondain" on Fontaine street (note: most Corsican-controlled bars were on this street or Douai street). Mimi refused and slapped Guitton. Taddei accompanied by 3 men, Paul Petit, Dominique Cristini & Vincent Albertini came out of the bar and allegedly asked Guitton how much he was willing to pay for Mimi's services. Apparently, they didn't like the answer, as Guitton was shot 6 times.

Later that year, another score was settled. Casimir Micheletti was one of the leading figures in white slavery, who made his fortune in South America, England and North Africa. During a dispute over a cocaine deal, Micheletti killed "Bebert the Algerian" and a man named Gode, one of Bebert's associates. Another survivor from that evening, Eugène Gory, was shot dead a few months later in Tunis. Micheletti was shot a few days later in Amsterdam following a financial dispute by Juan Castaner, a Franco-Spanish mobster.

But the most serious killings took place 2 years later, on the night of February 12-13, 1932, and involved Marini, or at least his inner circle and gang.

That evening, a Corsican named Martino was leaving the "Boule Noire" cabaret when he was shot dead by 4 individuals. Martino had been seen a few minutes earlier arguing with one of the men. The subject of the argument was said to be that Martino was too greedy about profits from prostitution.

The Corsicans from the "Chez Dante" bar decided to go head to head with the Parisians, and a sitdown between the Corsicans & the Parisians was arranged for around 3 a.m. in front of the "Ange Rouge" cabaret on Fontaine street. The Parisians were positioned in front of the "Zelly's" bar, and the Corsicans on the opposite sidewalk.

What follows is reminiscent of the western "Gunfight at the O.K. Corral". Both sides emptied their magazines, and were only interrupted when the police intervened (the police counted 36 bullets!). Jean-Paul Dary, one of Marini's main lieutenants, was the only victim among the hoodlums, shot in the head and wounded in the eye, but pulled through. Jeanne Michaud was a 61-year-old homeless woman who had been sleeping outside the window of "Zelly's". Unfortunately for her, she was the only one killed…

l'Ange Rouge

Although they subsequently slowed down, the settling of scores between Corsicans and Parisians never really ceased. André Marguin's murder of Jean-Paul Stefani in 1937, for example, can be considered one of the episodes. The same can be said of Pierre Cucari, who was killed in 1954 by Robert Juan. But for this particular episode, we'll leave that for another article ...

Marini and drugs

Marini was also active in drug trafficking, which would later become the specialty of the Corsican Milieu. In Nanterre, he bought a laboratory for transforming morphine base into heroin from the Heliopoulos brothers, 2 Greek traffickers associated with Louis-Théodore Lyon, a drug trafficker who was to make headlines a little later. The lab's chemist is a German who double crossed Marini by skimming too much of the profits for himself. Finding the business unprofitable compared to the price he had paid to acquire the lab, Marini decided to sell the lab to the Stefani brothers.

Unfortunately for Marini the Stefani brothers began making a handsome profit from the lab and got rich, provoking the jealousy of Marini and Ange Foata. Foata, one of Marini's main lieutenants, was in charge of drug trafficking for Marini's crew. Vexed, Marini instructed Foata to spread the word in Montmartre that the Stefanis are protected by the police because they are informants. Tensions continued to rise when Marini recruited political agents for the politician in Corsica, who was also the opponent of Stefanis' candidate.

Tensions literally exploded when, on December 21, 1934, three men working for Marini, Joseph Rocca-Serra, Vincent Battestini & André Antonelli, were arrested with a hundred packets of heroin and cocaine in a restaurant on avenue Trudaine. During the arrest, Rocca-Serra tried to open a cupboard which, as the police later discovered, contained a weapon.

The next day, J-P Stefani tried to kill Foata in the "Rat Mort" cabaret, and a string of murders ensued. There's no doubt that this event was a direct consequence of the rumor started by Marini & Foata, who were probably still not digesting the arrest of Rocca-Serra, Battestini & Antonelli. At the end of the trial, the latter two were acquitted and only Rocca-Serra was sentenced to 13 months' imprisonment, a fine of 500 francs and a 5-year residence ban.

Battestini, Rocca-Serra & Antonelli

 

The Crystal shoot-out

In addition to his pimping and drug-dealing activities, Marini was obviously a formidable racketeer.

"Le Crystal" was one of the bars frequented by the underworld and ran by a certain Madame Barbier. In 1934, Marini sent one of his friends and associate Mario Parravicini to "borrow" 5000 Francs from the owner, which the owner initially accepted to keep the peace.

Parravicini, alias "Mario le Rital", was a well-known figure in the Montmartre underworld. In 1933, he killed an Algerian drag queen who had raped a girl working for him named Maryse. Wanted by the police, he fled France for Spain, where he was arrested a little later along with Antoine La Rocca. However, he was acquitted of all charges and is back in business with Marini.

Mario Parravicini

Parravicini & Marini returned to Crystal 1 year later, this time demanding 50,000 Francs. Barbier decided to ask Joseph Poli, alias "Louis le Marseillais", for help and protection. Poli, a respected and well-known member of the Milieu, advised Barbier not to pay and said he would take care of the matter.

Joseph Poli

 

On the evening of November 15, 1935, Joseph Marini went to the Crystal accompanied by Dary, Parravicini and an individual called Roch Filippi. Informed of this, Poli arrived a little later with Fleury Di Nola and the not-yet-great drug baron, but already respected and formidable mobster, Auguste Ricord (according to Gregory Auda in his book "Bandits Corses", an individual named Albert Guérin was with them).

As some of the individuals went upstairs to the bar to talk about the payment affair, a gunfight breaks out. Parravicini was seriously wounded and taken to hospital, where he died a few hours later. A search of his belongings later revealed that he had a membership card for a right-wing political party. Marini & Filippo were also injured and fled to hospital. When questioned, they said they had no idea who had shot them or why. Witnesses at the scene were also affected by sudden amnesia and did not recognize them.

Jean-Paul Dary & Fleury Di Nola

Parravicini was not the only victim: Poli was also seriously injured, but was quietly removed to another room just before the police arrived. Transported to a private clinic, he also succumbed to his injuries a few hours later.

The end of the Captain's career

Although feared, Marini was never really respected by his Corsican colleagues. The Foata/Stefani and Crystal affairs dealt a serious blow to his prestige.

It is reported that during this period, Marini was involved in arms and equipment trafficking for the Spanish Civil War: fake armored trucks, helmets made from metal cans, unreliable weapons, etc... Everything was done to earn a few Francs, and the Corsican crooks of Montmartre & Marseille (Paul Carbone was also in on it) got rich on the backs of both sides...

Marini's downfall came in 1937, over a silly insurance scam. While organizing a move, Marini arranged for his furniture and works of art to be transported by a mover named Eugène Siegel. Marini, who had taken out an insurance policy for his belongings, instructed Siegel to blow up his truck in order to collect the premium. The plan was perfect, especially as Siegel's company is in financial difficulties.

On its way to Marseille, the truck stopped in Saulieu, Côte-d'Or. According to 2 truck drivers who witnessed the scene, Siegel was stationary and appeared to be studying the truck's lighting when suddenly the truck exploded, killing Siegel. When the police examined the truck, they found it strange that only the rear of the truck was damaged, while the cab, containing the fuel tank, was virtually intact.

Eugène Siegel

The police soon discovered the subterfuge when they searched Marini's home and found a letter written to an insurance company demanding reimbursement for the goods, estimated at 250,000 francs. Especially since, according to two Siegel employees who had seen the furniture a few days before, the amount seemed exorbitant. At the end of the case, Marini was sentenced to a few months' imprisonment.

After the Saulieu truck affair, little is known about Marini, who apparently retired from business.

However, Marini was briefly in the news in 1988. Marie Paoleschi, Dominique's wife, published her memoirs "Marie la Jolie" in 1979, in which Marini is mentioned several times.

In an interview with Belgian television, Paoleschi revealed that while she was in a bar in Marseille, she spotted a man in his twenties who seemed to be looking for her. Paoleschi recognized him, as she said she had had coffee with him and Marini at the latter's Paris home. She persuaded the man by telling him that she had given the police the contact details of everyone she knew and that, since he was only an executor, he was likely to be killed by his sponsors afterwards. She added that she later received a phone call from Marini, announcing that he was withdrawing the contract he had put on her head...

Marini probably died in the 80s.

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