26 octobre 1969, Montalto: le Apalachin de la 'ndrangheta
Quelques jours ou heures avant cette date Emilio Santillo, chef de la police à Reggio de Calabre, reçoit de la part d'un informateur le tuyau qu'une importante réunion de mafiosi va se tenir non loin du pic de Montalto, situé dans le massif de l'Aspromonte. Santillo charge le commissaire Alberto Sabatino de coordonner l'opération.
La mission est rendue difficile car l'endroit se situe à plus de 1500 mètres d'altitude, les routes sont difficile d'accès et Sabatino n'a à sa disposition que 24 hommes.
Pourtant, si au final, le bilan judiciaire sera plutôt léger, le démantèlement de la "réunion de Montalto" va permettre de mettre au grand jour les agissements de la 'ndrangheta et démontrer qu'elle est une organisation aussi structurée que Cosa Nostra, sa cousine Sicilienne.
Coups de feux et champignons
Sabatino organise donc une battue répartie en 2 groupes composée de 12 hommes qui part à 1 km du sommet de Montalto et ainsi ratisser les forêts alentours. Arrivés à Serro Juncari, une des patrouilles tombe sur une sentinelle vite neutralisée.
L'individu conduit les policiers plus loin dans une clairière où est rassemblé une centaine d'hommes. Un homme en particulier, âgée d'une soixantaine d'années et assis sur un tronc d'arbre, est en train de parler fort et se fait applaudir par l'assistance.
C'est à ce moment là que la police intervient créant un certaine panique. Certains coup de feux sont tirés, la plupart des individus réussissent à fuir, mais personne n'est blessé sérieusement, mis à part quelques entorses.
19 personnes sont arrêtées. Il s'agit de Giuseppe Zappia de San Martino di Taurianova; Domenico Strati de Motticella, Giuseppe Gregò de Motticella; Martino Pellegrino de Bianco; Antonio Romeo de Casignana; Giovanni Tripodi de Bagnara; Carmelo Calabro de Bagnara; Antonio Romeo de Rogudi; Antonio Patea de Brancaleone; Francesco Sergi de Campo Calabro; Antonio Giorgi de San Luca; Vincenzo & Francesco Scopelliti de Gambarie; Natale Morena de Scilla; Domenico Fortugno de Cardeto et résidant à Gambarie; Giovan Battista Battaglia de Bagnara; Angelo Oliveri de Scilla; Andrea Roda de Condofuri et Antonio Minniti de Reggio Calabria.
La sentinelle qui a conduit la police sur les lieux, Vincenzo Scopelliti, est étudiant en médecine à l'Université de Messine. Quant à l'orateur qui parlait quand la police à déclenché le blitz, il s'agit de Giuseppe Zappia.
Scopelliti, tout comme Zappia, raconte qu'il était ici tout à fait par hasard et qu'il était là pour ramasser des champignons. Il ne connaît de toute façon rien de la mafia, ce qui ne semble en revanche pas être le cas de son père Francesco qui est selon la police un membre bien connu de l'Onorata Società.
Un autre individu, Mario Mesiani, résidant à Bova est également arrêté car sa voiture a été retrouvé sur place. Il déclare s'appeler en fait Mario Mezzacuva. Ré-interrogé plus tard, Mesiani déclare que sa voiture a été volée et qu'en fait il a précédemment donné son deuxième nom de famille.
Cas similaire (et forcément douteux) pour Antonino Furfari, de Brancaleone, qui a signalé à la police le vol de sa voiture le lendemain de la réunion. Selon sa version, il a été agressé par 2 individus armés de fusils alors qu'il regagnait son domicile.
En plus des 19 individus arrêtés et des 37 véhicules (dont un mini bus) retrouvés, de nombreuses armes et munitions sont saisies.
Vincenzo Scopelliti |
Plus d'inculpations
Après l'arrestation des 19 individus, la police va continuer ses investigations afin d'identifier d'autres participants à la réunion.
Ainsi en novembre 1970, 29 autres mafiosi sont arrêtés. Il s'agit de: Giuseppe Gullace de Candidoni; Pasquale Palamani de Cherio di San Lorenzo; Pietro Fotogno de Cardeto; Rocco Archina de Siderno; Vincenzo Ferraro de San Martino di Taurianova; Francesco Cannizzaro de Sant'Eufemia d'Aspromonte; Concetto Palumbo de Bruzzano Zefflrio; Giuseppe Scriva de Scilla; Nicola Di Pasi de Reggio de Calabre; Giuseppe Zito de Fiumara di Muro; Leonardo Manzo de Condofuri; Leandro Carriago de Reggio de Calabre; Fortunato Cenereri de Motta San Giovanni; Giovanni Tegano d'Areni di Reggio Calabria; Rocco Garonfolo de Campo Calabro; Antonio Nirta de San Luca; Francesco Tripodi de Sant'Eufemia d'Aspromonte; Giuseppe Ficara de Reggio de Calabre; Giovanni Alandi de Reggio de Calabre; Antonino Vadala de Cardeto; Natale Palamara de Bruzzano; Antonino Versace de San Luca; Sebastiano Mesiti de San Luca; Bonaventura Zavattieri de Roghudi; Giulio Nicheletti de Staiti; Domenico Spanò de la Marina Palizzi; Pasquale Carbone de Bagnara; Domenico Romeo; et Rocco Gramuglia de Bagnara.
Quatre autres individus sont recherchés plus complicités: Carmelo Monterosso de Sant'Eufemia d'Aspromonte; Arcangelo Tuscano; Giuseppe Vitale; et Paolo Battaglia de Bruzzano Zefflrio.
Plus tard en mars, une opération policière est menée et 14 autres mafiosi sont arrêtés. 9 sont de San Luca et 5 sont dans le Piémont. Il s'agit de: Domenico Strangio de San Luca; Giuseppe Vottari de San Luca; Giuseppe Costantino de Reggio de Calabre; Antonio Vottari de San Luca; Francesco Nirta de San Luca; Sebastiano Nirta de San Luca; Antonio Romeo de San Luca; Antonio D'Agostino de Sant'Ilario dello Ionio; Domenico Signati de San Luca; Patrizio Minto originaire de Reggio de Calabre, arrêté à Felizzano; Antonio Strangio de San Luca, arrêté à Pisogite (séjour forcé); Domenico Antonio Pizzuta de San Luca, arrêté à Breganze (séjour forcé); Sebastiano Romeo de San Luca, arrêté à Vigone (séjour forcé) et Francesco Strangio de San Luca, arrêté à Turin.
Au final, sur les 130 hommes présents à Serro Juncari (estimations des autorités), 72 personnes sont inculpés pour être jugés plus tard dans l'année 1970.
Francesco Strangio & Sebastiano Romeo |
La réunion
Au moment où la police intervient, ils remarquent tout de suite que parmi la foule se trouve 6 individus vêtu de cagoules. Ces 6 individus réussissent à prendre la fuite dans les bois et demeurent non-identifiés.
Au fil des années, plusieurs informateurs vont expliquer en quoi consistait la réunion. Parmi ceux-ci 4 d'entre eux font parti des 19 arrêtés, mais finiront par se rétracter. D'ailleurs plus tard, en perquisitionnant chez Antonio D'Agostino (arrêté en mars), la police trouve une copie de l'interrogatoire d'un des 4 collaborateurs. Selon D'Agostino, il aurait trouvé la copie sur la table d'un bar de Piazza Duomo à Reggio de Calabre. Selon la justice il s'agit du "l'interrogatoire le plus significatif sur les événements de Montalto". [source pour ce point précis: "Storia segreta della 'ndrangheta" de Nicola Gratteri & Antonio Nicaso]
Selon eux, la réunion aurait été organisé par les frères Nirta, leaders d'une puissante 'ndrina de San Luca, et présidée par Sebastiano "u Staccu" Romeo un proche des Nirta. C'est ce dernier qui apporte les 2 points à aborder lors de la réunion.
Le premier point concerne le rassemblement annuel au sanctuaire de la Madone de Polsi. Il est de tradition le 2 septembre de chaque année qu'une procession soit organisée pour rendre hommage à la vierge. Le sanctuaire étant situé dans la commune de San Luca, seuls les habitants ont le droit de porter la statue de la Vierge ce jour là.
La procession est également le rendez-vous annuel des membres hauts placés de la 'ndrangheta. Dès la fin du 19ème siècle, il existe des témoignages lors de procès où des témoins racontent des processions de mafiosi au sanctuaire. Ce serait à cet endroit que les décisions les plus importantes concernant l'Onorata Società Calabraise soit prises.
Filippo Barreca, un membre important de la 'ndrangheta qui est devenu informateur dans les années 90, raconte que dans les années 60, Domenico Tripodo avait décidé de déplacer les réunions de Polsi sur son territoire à San Giovanni di Sambatello. Malgré un refus catégorique de plusieurs membres, une réunion s'est tout de même déroulée à Calanna et a été interrompue par la police. Le rassemblement est donc depuis de retour à Polsi.
Or [but], à l'instar de Tripodo, Romeo voudrait que le rassemblement des 'ndranghetisti soit déplacé afin qu'au cas où il y ait un problème avec la police, leur attention ne soit pas sur Giuseppe Nirta. Les évènements 40 ans plus tard en 2009 ne lui donneront pas tout à fait tort, car la police qui a placé des caméras de vidéosurveillance et des micros à l'endroit, captera la réunion et lancera dans la foulée une vaste opération.
Bien que certains approuvent l'idée, une vaste majorité rejette la proposition.
Le deuxième point concerne d'éventuelles actions violentes à prendre contre la police. En effet, depuis que Emilio Santillo est en poste de chef de la police depuis cette même année 1969, l'homme ne lésine pas sur les moyens afin de combattre la 'ndrangheta. Selon les statistiques, Santillo aurait envoyé 274 mafiosi en résidence obligatoire dans le nord de l'Italie, en aurait menacé 789 autres de la même peine, en aurait mit 198 sous surveillance et retiré 452 permis de conduire.
Là encore, le débats est animé mais il est décidé de ne pas agir contre les forces de l'ordre.
Alors que les esprits commencent à s'échauffer, Giuseppe Zappia décide de prendre la parole et déclare:
"Ici, il n'y a pas de 'ndrangheta de Mico Tripodo, il n'y a pas de 'ndrangheta de 'Ntoni Macrì, il n'y a pas de 'ndrangheta de Peppe Nirta: nous devons tous être unis. Celui qui veut rester reste et celui qui ne veut pas s'en va."
Malheureusement pour lui et ceux présents, c'est à ce moment là que la police intervient.
Giuseppe Zappia |
Les confidences de Stefano Carmelo Serpa
Stefano Carmelo Serpa était un homme de main travaillant pour le clan De Stefano qui est devenu informateur en 1996. Bien que certains de ses déclarations sont à prendre avec des pincettes, c'est de toute façon le cas pour tout les informateurs, Serpa va apporter plusieurs précisions concernant la réunion de Montalto.
Serpa n'était pas un membre intronisé de la 'ndrangheta, mais était présent à la réunion en tant que sentinelle. Selon lui, il était présent grâce au fait que son oncle, Stefano Malara, était un ami de Giorgio De Stefano. Ce serait d'ailleurs Malara qui aurait renseigné Emilio Santillo sur la teneur et l'endroit de la réunion.
Selon Serpa, il y aurait eu également au sein de la réunion une réunion parallèle avec des politiciens d'extrême droite. Cette initiative viendrait de Paolo De Stefano qui souhaitait se rapprocher des Loges Maçonnique et du pouvoir politique par l'intermédiaire de Junio Valerio Borghese.
Borghese était une figure militaire du Fascisme qui pendant la Seconde Guerre Mondiale était Capitaine de corvette et dirigeait la X Flottiglia MAS. Après la guerre il fonde plusieurs mouvement politique et il va faire la une de la presse au début des années 1970 pour une mystérieuse tentative de coup d'état avortée.
Cherchant du soutien, ce serait justement ce qui l'aurait amené à rencontrer la 'ndrangheta. Il est d'ailleurs bien connu qu'il a effectué les mêmes démarches au près de Cosa Nostra. La veille de la réunion, Borghese et l'un de ses sympathisants, Stefano delle Chiaie, étaient supposé tenir un rassemblement à Reggio de Calabre, rassemblement auquel était censé participer Antonio Nirta. Mais la préfecture avait préféré annuler l'événement pour éviter tout débordements.
Toujours selon Serpa, outre Borghese et delle Chiaie, Sandro Saccucci, Fefé Zerbi & Pierluigi Concutelli auraient participé à la réunion de Montalto. Concernant ce dernier individu, il est impossible qu'il ait pu y participer car il a un alibi en béton: le 24 octobre 1969 il a été arrêté et condamné à 14 mois de prisons pour détention illégale d'armes de guerres et ne sera libéré qu'à l'été 1970 ...
Plus que les frères De Stefano, on peut se demander si l'initiative du rapprochement avec Borghese ne viendrait pas plutôt de Girolamo Piromalli. Piromalli était au côté de Domenico Tripodo & Antonio Macrì un des trois principaux Capi de la 'ndrangheta dans ces années là. Comme cela se vérifiera plus tard, Piromalli au contraire de Tripodo & Macrì voit plutôt d'un bon oeil le rapprochement entre l'Onorata Società avec la Franc-Maçonnerie et la Politique et surtout, il a servi durant la guerre dans la X MAS de Borghese ...
Le procès
Le procès des participants de la réunion de Montalto s'ouvre le 18 mai au tribunal de Locri et les audiences des 60 témoins sont censés durer 3 mois. Six bus blindés sont utilisés tout les jours pour effectuer les allers-retours entre la prison et le tribunal.
Sur les 72 accusés, 3 sont poursuivis pour dissimulation de délits en reportant faussement le vol de leurs voitures (c'est au moins le cas d'Antonio Furfari et de Mario Mesiani), les 69 autres sont poursuivis pour association de malfaiteurs, outrage et résistance et violence face à la police.
Le système de défense des accusés est assez simple: tous se déclarent non coupable. Il 'agit pour eux d'une machination policière et de toute façon ils étaient là bas pour ramasser des champignons ou faire une partie de chasse (sans doute pour justifier la présence des armes ...).
Le procès se termine finalement le 2 octobre 1970, soit presque 1 an après les faits. Les peines requises contre les accusés vont de 6 à 11 ans de prisons, soit un total de 682 années.
Après 12 heures de délibérations 41 des accusés sont condamnés à des peines allant de 2 à 3 ans de prisons. Bénéficiant de l'amnistie des 2 ans de probations, tout les condamnés repartent libre, à l'exception de Giuseppe Zappia, Martino Pellegrino et Francesco Cannizzaro qui ne vont donc purger qu'1 an d'emprisonnement. Les 31 autres accusés sont acquittés pour insuffisance de preuves.
Les accusés applaudissent le verdict |
Quant à Domenico Tripodo, Antonio Macrì & Giuseppe Nirta, les 3 boss cités par Zappia pendant la réunion, ils sont également acquittés plus tard.
Si il est très probable que Macrì & Nirta aient présents à la réunion de Montalto, il est en revanche impossible que Tripodo ait été présent. Il était en effet emprisonné à une peine de 6 ans depuis 1964 pour l'enlèvement et la tentative de meurtre de Rocco Surace, un autre mafieux Calabrais.
Photos des arrestations
Giuseppe Zappia |
Domenico Fortugno |
Domenico Stati |
Antonio Romeo |
Angelo Oliveri |
Antonio Giorgi |
Francesco Scopelliti |
Antonio Furfari |
English version
A few days or hours before this date, Emilio Santillo, the police chief
in Reggio di Calabria, received a tip from an informant that a
significant mafia meeting was taking place near the peak of Montalto,
located in the Aspromonte massif. Santillo assigned Commissioner Alberto
Sabatino to coordinate the operation.
The mission was challenging because the location was over 1500 meters
above sea level, the roads were difficult to access, and Sabatino had
only 24 men at his disposal.
Despite the eventual light judicial outcome, dismantling the "Montalto
meeting" exposed the operations of the 'Ndrangheta and demonstrated that
it was an organization as structured as Cosa Nostra, its Sicilian
counterpart.
Gunshots and Mushrooms
Sabatino organized a sweep divided into two groups of 12 men each,
starting 1 km from the summit of Montalto to comb the surrounding
forests. Upon reaching Serro Juncari, one of the patrols encountered a
sentry who was quickly neutralized.
The individual led the police to a clearing where about a hundred men
were gathered. One man, in his sixties and sitting on a tree trunk, was
speaking loudly and being applauded by the crowd.
It was at this moment that the police intervened, causing some panic. A
few shots were fired, and most of the individuals managed to escape, but
no one was seriously injured apart from a few sprains.
19 people were arrested. They included Giuseppe Zappia from San Martino
di Taurianova; Domenico Strati from Motticella; Giuseppe Gregò from
Motticella; Martino Pellegrino from Bianco; Antonio Romeo from
Casignana; Giovanni Tripodi from Bagnara; Carmelo Calabro from Bagnara;
Antonio Romeo from Rogudi; Antonio Patea from Brancaleone; Francesco
Sergi from Campo Calabro; Antonio Giorgi from San Luca; Vincenzo &
Francesco Scopelliti from Gambarie; Natale Morena from Scilla; Domenico
Fortugno from Cardeto, residing in Gambarie; Giovan Battista Battaglia
from Bagnara; Angelo Oliveri from Scilla; Andrea Roda from Condofuri;
and Antonio Minniti from Reggio Calabria.
The sentry who led the police to the site, Vincenzo Scopelliti, was a
medical student at the University of Messina. As for the speaker
interrupted by the police raid, he was identified as Giuseppe Zappia.
Scopelliti, like Zappia, claimed he was there simply to pick mushrooms.
He professed ignorance about the mafia, which did not seem to be the
case for his father Francesco, who the police identified as a well-known
member of the Onorata Società.
Another individual, Mario Mesiani from Bova, was also arrested after his
car was found at the site. He initially claimed his name was Mario
Mezzacuva. Upon further questioning, Mesiani stated that his car had
been stolen and had previously given his second surname.
A similar (and naturally dubious) case involved Antonino Furfari from
Brancaleone, who reported his car stolen the day after the meeting.
According to his account, he was assaulted by two armed individuals
while returning home.
In addition to the 19 arrests and 37 vehicles (including a minibus) found, numerous weapons and ammunition were seized.
Vincenzo Scopelliti |
More Indictments
After the arrest of the 19 individuals, the police continued their investigations to identify other participants in the meeting.
In November 1970, 29 more mafiosi were arrested. They included: Giuseppe
Gullace from Candidoni; Pasquale Palamani from Cherio di San Lorenzo;
Pietro Fotogno from Cardeto; Rocco Archina from Siderno; Vincenzo
Ferraro from San Martino di Taurianova; Francesco Cannizzaro from
Sant'Eufemia d'Aspromonte; Concetto Palumbo from Bruzzano Zefflrio;
Giuseppe Scriva from Scilla; Nicola Di Pasi from Reggio di Calabria;
Giuseppe Zito from Fiumara di Muro; Leonardo Manzo from Condofuri;
Leandro Carriago from Reggio di Calabria; Fortunato Cenereri from Motta
San Giovanni; Giovanni Tegano from Areni di Reggio Calabria; Rocco
Garonfolo from Campo Calabro; Antonio Nirta from San Luca; Francesco
Tripodi from Sant'Eufemia d'Aspromonte; Giuseppe Ficara from Reggio di
Calabria; Giovanni Alandi from Reggio di Calabria; Antonino Vadala from
Cardeto; Natale Palamara from Bruzzano; Antonino Versace from San Luca;
Sebastiano Mesiti from San Luca; Bonaventura Zavattieri from Roghudi;
Giulio Nicheletti from Staiti; Domenico Spanò from Marina Palizzi;
Pasquale Carbone from Bagnara; Domenico Romeo; and Rocco Gramuglia from
Bagnara.
Four other individuals were sought for complicity: Carmelo Monterosso
from Sant'Eufemia d'Aspromonte; Arcangelo Tuscano; Giuseppe Vitale; and
Paolo Battaglia from Bruzzano Zefflrio.
Later in March, a police operation led to the arrest of 14 more mafiosi.
Nine were from San Luca and five were in Piedmont. They were: Domenico
Strangio from San Luca; Giuseppe Vottari from San Luca; Giuseppe
Costantino from Reggio di Calabria; Antonio Vottari from San Luca;
Francesco Nirta from San Luca; Sebastiano Nirta from San Luca; Antonio
Romeo from San Luca; Antonio D'Agostino from Sant'Ilario dello Ionio;
Domenico Signati from San Luca; Patrizio Minto, originally from Reggio
di Calabria, arrested in Felizzano; Antonio Strangio from San Luca,
arrested in Pisogite (forced residence); Domenico Antonio Pizzuta from
San Luca, arrested in Breganze (forced residence); Sebastiano Romeo from
San Luca, arrested in Vigone (forced residence); and Francesco Strangio
from San Luca, arrested in Turin.
In total, out of the 130 men present at Serro Juncari (as estimated by
the authorities), 72 people were charged to be tried later in 1970.
Francesco Strangio & Sebastiano Romeo |
The Meeting
When the police intervened, they immediately noticed that among the
crowd were six individuals wearing hoods. These six individuals managed
to escape into the woods and remained unidentified.
Over the years, several informants would explain the purpose of the
meeting. Four were part of the 19 arrested, but they would eventually
retract their statements. Later, during a search at Antonio D'Agostino's
house (arrested in March), the police found a copy of the interrogation
of one of the four collaborators. According to D'Agostino, he had seen
the copy on a table in a bar at Piazza Duomo in Reggio di Calabria.
According to the justice system, it was the "most significant
interrogation regarding the events at Montalto." [source for this
specific point: "Storia segreta della 'ndrangheta" by Nicola Gratteri
& Antonio Nicaso]
According to them, the meeting was organized by the Nirta brothers,
leaders of a powerful 'ndrina from San Luca, and chaired by Sebastiano
"u Staccu" Romeo, a close associate of the Nirtas. He brought up two
points for discussion at the meeting.
The first point concerned the annual gathering at the sanctuary of the
Madonna di Polsi. It was a tradition on September 2nd each year for a
procession to be organized to pay homage to the Virgin. Since the
sanctuary was located in the commune of San Luca, only the residents had
the right to carry the statue of the Virgin on that day.
The procession was also the annual meeting point for high-ranking
Ndrangheta members. Since the end of the 19th century, there have been
testimonies during trials where witnesses described processions of
mafiosi at the sanctuary. It was said to be where the most important
decisions concerning the Onorata Società Calabrese were made.
Filippo Barreca, an important member of the 'Ndrangheta who became an
informant in the 90s, recounted that in the 60s, Domenico Tripodo had
decided to move the meetings from Polsi to his territory in San Giovanni
di Sambatello. Despite the categorical refusal of several members, a
meeting still took place in Calanna and was interrupted by the police.
Since then, the gathering has returned to Polsi.
However, like Tripodo, Romeo wanted the gathering of the 'ndranghetisti
to be moved so that in case of a problem with the police, their
attention would not be on Giuseppe Nirta. The events 40 years later, in
2009, would prove him right, as the police, having placed video
surveillance cameras and microphones at the site, captured the meeting
and subsequently launched a vast operation.
Although some approved of the idea, a vast majority rejected the proposal.
The second point concerned possible violent actions to be taken against
the police. Indeed, since Emilio Santillo took office as the chief of
police in 1969, he has spared no effort in combating the 'Ndrangheta.
According to statistics, Santillo had sent 274 mafiosi to force
residents in northern Italy, threatened another 789 with the same fate,
placed 198 under surveillance, and revoked 452 driving licenses.
Once again, the debate was heated, but it was decided not to act against law enforcement.
As tempers began to flare, Giuseppe Zappia decided to speak up, declaring:
"Here, there is no 'Ndrangheta of Mico Tripodo, there is no 'Ndrangheta
of 'Ntoni Macrì, there is no 'Ndrangheta of Peppe Nirta: we must all be
united. Those who want to stay, stay; those who don't, leave."
Unfortunately for him and those present, it was at this moment that the police intervened.
Giuseppe Zappia |
The Confessions of Stefano Carmelo Serpa
Stefano Carmelo Serpa was a henchman working for the De Stefano clan who
became an informant in 1996. Although some of his statements should be
taken cautiously, as with all informants, Serpa provided several details
about the Montalto meeting.
Serpa was not an initiated member of the 'Ndrangheta but was present at
the meeting as a sentry. According to him, he was there because his
uncle, Stefano Malara, was a friend of Giorgio De Stefano. It was Malara
who had informed Emilio Santillo about the content and location of the
meeting.
Serpa claimed that there was also a parallel meeting with right-wing
politicians at the gathering. This initiative was said to come from
Paolo De Stefano, who wanted to get closer to the Masonic Lodges and
political power through Junio Valerio Borghese.
Borghese was a military figure of Fascism who, during World War II, was a
corvette captain and led the X Flottiglia MAS. After the war, he
founded several political movements and made headlines in the early
1970s for a mysterious aborted coup attempt.
Seeking support led him to meet with the 'Ndrangheta. It is well known
that he took similar steps with Cosa Nostra. The day before the meeting,
Borghese and one of his sympathizers, Stefano delle Chiaie, were
supposed to hold a rally in Reggio di Calabria, which Antonio Nirta was
expected to attend. However, the prefecture preferred to cancel the
event to avoid any disorder.
According to Serpa, besides Borghese and delle Chiaie, Sandro Saccucci,
Fefé Zerbi, and Pierluigi Concutelli participated in the Montalto
meeting. Regarding the latter individual, it is impossible that he could
have experienced it because he had an ironclad alibi: on October 24,
1969, he was arrested and sentenced to 14 months in prison for illegal
possession of war weapons and was not released until the summer of
1970...
More than the De Stefano brothers, one might wonder if the initiative to
approach Borghese did not come from Girolamo Piromalli. Piromalli,
alongside Domenico Tripodo & Antonio Macrì, was one of the three
main bosses of the 'Ndrangheta. As would be confirmed later, unlike
Tripodo & Macrì, Piromalli saw the connection between the Onorata
Società, Freemasonry, and politics in a positive light, and he had
served during the war in Borghese's X MAS...
The Trial
The trial of the participants of the Montalto meeting opened on May 18
at the Locri court, and the hearings of the 60 witnesses were expected
to last three months. Six armored buses were used daily to transport the
accused between the prison and the court.
Of the 72 defendants, 3 were prosecuted for concealing crimes by falsely
reporting the theft of their cars (at least in the case of Antonio
Furfari and Mario Mesiani). At the same time, the other 69 were charged
with criminal association, insult and resistance, and violence against
the police.
The defense strategy of the accused was quite simple: all declared
themselves not guilty. They claimed it was a police setup, and, anyway,
they were there to pick mushrooms or go hunting (presumably to justify
the presence of weapons...).
The trial finally concluded on October 2, 1970, almost a year after the
events. The sentences requested against the defendants ranged from 6 to
11 years in prison, totaling 682 years.
After 12 hours of deliberation, 41 of the defendants were sentenced to
prison terms ranging from 2 to 3 years. Benefiting from a two-year
probation amnesty, all the convicts were released except for Giuseppe
Zappia, Martino Pellegrino, and Francesco Cannizzaro (who would only
serve one year in prison). The other 31 defendants were acquitted due to
insufficient evidence.
Defendants applaud verdict |
As for Domenico Tripodo, Antonio Macrì, and Giuseppe Nirta, the three bosses mentioned by Zappia during the meeting, they were also acquitted later.
While it is very likely that Macrì & Nirta were present at the Montalto meeting, it is impossible that Tripodo was there. He had been imprisoned since 1964, serving a six-year sentence for the kidnapping and attempted murder of Rocco Surace, another Calabrian mafioso.
Photos of the arrests
Giuseppe Zappia |
Domenico Fortugno |
Domenico Stati |
Antonio Romeo |
Angelo Oliveri |
Antonio Giorgi |
Francesco Scopelliti |
Antonio Furfari |
Francesco Sergi |
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