Vendettas du Milieu Corse Partie 1: Ange Salicetti

Comme je le précisais à l'occasion du premier article du blog consacré à la vendetta entre Jean-Paul Stefani & Ange Foata, le Milieu Corse après avoir pris les rênes du pouvoir de la criminalité organisé à Paris, ne va cesser de s'entre-déchirer. La vendetta précédemment citée a laissé des traces, mais ce n'est rien à comparer de celles qui vont déferler par la suite et qui vont ensanglanter les rues de Paris, Marseille, de la Corse ou Toulon. Et c'est justement à Toulon que commence un des épisodes les plus sanglants et les plus longs de la pègre Corse.

Le Séminariste

Originaire de Bastelica en Corse-du-Sud, Ange Salicetti est né le 14 octobre 1914 aux Iles-du-Salut, Guyane Française. Salicetti est loin d'être prédestiné au parcours criminel qu'il connaitra par la suite, car son père est gardien au bagne de Cayenne et il est élevé dans une stricte éducation catholique. Il se lance d'ailleurs à l'instar du célèbre mafioso Sicilien Salvatore Maranzano dans des études de séminariste afin de devenir prêtre. Mais sa carrière dans les ordres s'arrête soudainement lorsque son supérieur le mit à la porte du fait de son tempérament violent. Salicetti a raté sa carrière religieuse mais aura en tout cas gagné un surnom : "le Séminariste"

Quoi qu'il en soit, Salicetti débarque à Toulon au milieu des années 20, enchaîne divers boulot sur le port de Toulon et se fait définitivement virer de son dernier boulot en date après avoir frappé son patron de plusieurs coups de marteau ... 

Il décide donc de se lancer dans les affaires louches et s'installe dans le quartier du Chapeau surnommé "le Petit Chicago". Avec son caractère et à force de divers larcins il commence à se faire un nom dans Toulon. Comme tout truand du Milieu qui se respecte il fait travailler quelques filles et se verrait bien comme caïd incontesté de la ville. Seul obstacle à ses ambition : les frères Graziani. Et il est de taille.

Ange Salicetti

Les frères Graziani

Originaire de Lucciana en Haute-Corse, Philippe et son frère Jean sont depuis quelques années les maîtres incontesté du Milieu Toulonnais. Philippe est d'ailleurs le président du syndicat de la Société des Maisons Closes. Pour être clair, il est le roi des bordeliers. Note historique pour ceux qui seraient étonné de lire ceci, les maisons closes étaient légales en France jusqu'au 13 avril 1946, date de son abolition par la loi Marthe Richard. Tout ceci n'empêchait évidemment pas la prostitution illégale et les abus ou batailles de territoires qui allaient avec, mais en tout cas il existait une prostitution encadrées. 

Pour revenir aux Graziani outre leur main mise sur les différents trafics de la ville, ils sont également amis avec Paul Carbone & François Spirito de Marseille et sont des cousins de Marie Paoleschi, elle même prostituée et future maquerelle, et femme du caïd Dominique Paoleschi un des protagonistes de la vendetta Stefani/Foata précédemment mentionné. Paoleschi aura également un rôle dans les événement à venir. D'ailleurs il est à noter qu'un nommé Antoine "Toinon" Silvestri-Graziani, membre de la faction Marini-Foata a été protagoniste et victime de la vendetta Stefani/Foata. Cela dit dans ses mémoires "Le Milieu et moi", Marie Paoleschi fait référence à Toinon Silvestri comme étant un proxénète analphabète faisant parti du clan Foata, mais ne précise pas un quelconque lien familial.

Philippe Graziani

L'affaire Taki

En 1937, Salicetti est donc de pleinement impliqué dans le proxénétisme et est en couple avec la patronne d'un bordel de la rue des Remparts nommée Taki. Alors qu'elle était à l'époque danseuse et se produisait dans un cabaret, Salicetti séduit la belle blonde et en fait sa maîtresse. Pour ensuite arrondir ses fins de mois, il la fait travailler dans des cabaret de la ville où elle ne se contente pas de danser pour satisfaire les clients.

Philippe Graziani aimerait bien lui aussi engager la belle blonde pour qu'elle travaille pour lui et l'approche un soir pour lui faire part de sa proposition. Il semble que Taki ne soit pas contre, mais fait savoir à Graziani qu'elle doit d'abord en parler à Salicetti. Ce qui fait d'ailleurs bien ricaner Graziani qui ne prend pas le chétif Salicetti avec son allure de premier de la classe au sérieux et qui parle de lui à Taki de façon peu élogieuse.

Les propos sont rapporté à Salicetti qui évidemment ne le prend pas bien et propose une rencontre avec Graziani afin de s'expliquer. Le rendez-vous se passe en terrain neutre dans un bar de Marseille. D'après ceux qui ont assisté à la scène et qui ont rapporté les faits à Dominique Paoleschi, Graziani aurait décrété que désormais Taki était sa "propriété" et que Salicetti n'avait rien à en redire. Il semblerait ensuite que Salicetti ait insulté Graziani et que ce dernier ce serait levé pour lui flanquer une énorme gifle.

Stupéfaction dans la salle, mais aucun coup de feu n'est tiré. Graziani se lève, paye les consommations en rappelant à Salicetti qu'il n'est personne et qu'il ne veut plus le voir sur son chemin, puis s'en va. Toujours selon ceux qui ont assisté à la scène, Salicetti serait resté stoïque et aurait marmonné Corse "Ti pigliu ô païsanu" (je t'aurai, compatriote)

Dès le lendemain, le 24 septembre 1937, Salicetti formante l'assassinat de Graziani en montant un plan avec son ami Jacques Quilici et avec la complicité de Taki qui est censée bosser dans le bar "Café de la Rade", QG et bordel de Graziani où il est censé également se trouver. Salicetti recrute en tant que chauffeur une de ses connaissances, Marcel Raffaëli, un ancien flic pas très honnête reconverti en garagiste.

Ce soir là, Taki vient trouver Graziani en lui disant que Salicetti l'attend dehors pour lui parler. Graziani ne se méfie pas et se dirige vers la sortie où il est abattu par Salicetti & Quilici qui étaient embusqués à l'extérieur du bar. Salicetti achève ensuite le boss déchu d'une balle dans la tête. Ce qui par la suite provoquera la stupeur général au sein du Milieu car personne ne soupçonnait que Graziani puisse être abattu par un jeune comme Salicetti.

L'enquête sur le meurtre de Graziani est vite résolue par le commissaire Mercury de la police de Marseille. Taki est la première à craquer en indiquant que même si elle ne sait rien, que Salicetti venait juste de la déposer avant que la fusillade éclate. La police arrive ensuite à remonter jusqu'à Raffaëli qui n'étant pas un vrai truand, explique qu'il conduisait la voiture avec Salicetti et Quilici et qu'il ne savait pas ce qui se tramait. Les deux sont arrêtés dans la foulée et sont par la suite condamné à 8 ans de prison et 20 ans d'interdiction de séjour.

Salicetti en 1937
 

Pendant ce temps là, quelques jours après l'arrestation de Salicetti & Quilici, Raffaëli est lui abattu de 6 coups de feu alors qu'il travaillait dans son garage par Ange Fontana, un ami de Salicetti. Quant à Jean Graziani, il a disparu le lendemain du procès de Salicetti. Selon certaines rumeurs il aurait été éliminé car il se serait constitué partie civil lors du procès. Quant à Taki elle a disparue lors d'une remise en liberté et n'a jamais été revue.

Marcel Raffaëli

Salicetti est de retour

Alors qu'il est en prison, Salicetti apprend que son cousin Pascal* a été tué par son ami Ange Fontana. Fontana aurait abattu Pascal dans le dos pour une histoire de dette impayée lors d'une partie de pétanque. Salicetti est évidemment fou de rage et s'échappe de prison la prison Nîmes en 1944. Lors d'une visite, son ami Louis Battini lui fait passer un revolver et le lendemain prend en otage un surveillant afin de le faire sortir lui ainsi que 32 autres prisonniers. Les 32 prisonniers sont des prisonniers politique, que Salicetti rejoindra plus tard. Il a une affaire à régler avant.

L'affaire en question est la vengeance de son cousin Pascal. Après l'avoir retrouvé, Salietti emmène Fontana "faire une balade" dans un coin reculé aux alentours de Marseille. Sur place il attache Fontana à un arbre et le torture au fer à souder pendant 2h avant de l'achever de 3 balles dans la nuque.

Salicetti rejoins par la suite ses anciens compagnons de cellules où jusqu'à a Libération sera un Résistant chevronné, ce qui lui vaudra d'être gracié pour ses anciens crimes. Après quelques temps passé dans le Sud où il s'adonne au trafic de rationnement et de fausses monnaie, le Séminariste décide de tenter sa chance dans la capitale et de s'installer dans le fief des truands Corses, Montmartre.

Le Séminariste règle ses comptes à Paris

Progressivement Salicetti, qui maintenant à une réputation d'homme redoutable à prendre au sérieux, va prendre le contrôle de plusieurs cabarets et bars et s'adonner au racket à la protection. Et c'est dans ce cadre là qu'il va rencontrer une vieille connaissance de Toulon et ainsi relancer de vieilles hostilités ...

Sylvestre Nicolaï est un neveu de Philippe Graziani, qui depuis 1944 est installé à Paris où il gère un bar. Un soir, Salicetti accompagné de plusieurs de ses hommes décide de rendre visite à Nicolaï afin de le soumettre à son racket à la protection. On imagine facilement le reste de la conversation et Nicolaï dit donc à Salicetti d'aller au diable. Nicolaï est abattu le lendemain le 6 Décembre. Trois jours plus tard, c'est César Currieri, cousin de Nicolaï, qui est abattu. Il était venu de Marseille afin d'identifier le corps de Nicolaï et aurait proférer des menaces à l'encontre de Salicetti ...

Sylvestre Nicolaï

Le 13 Décembre 1945, c'est au tour de Adrien Caïetti d'être flinguer par 3 individus. Caïetti était le gérant du bar "l'Equipage" ainsi que le garde du corps et le beau-frère de Salicetti. 

L'assassin présumé de Caïetti, Napoléon Cortichiatti, est la cible de tirs le 21 Août 1946 quelques jours plus tard à Ajaccio. Il en sort seulement blessé mais est finalement exécuté le 28 Janvier 1947 par Benoît Piétri un oncle de Salicetti

A noter que peu avant l'épisode Caïetti/Cortichiatti, le 29 Juillet 1946, alors qu'il se trouvait au bar "Le Hollandais", Jacques Morazzini est tué par une rafale de mitraillettes, tandis que ses 3 compagnons seulement légèrement blessés réussissent à s'enfuir. Parmi eux se trouvait Dominique "Nique" Venturi, un proche de l'important caïd Marseillais Joseph "Monsieur Jo" Renucci, qui va maintenant également rentrer dans le conflit ...

Dominique Venturi

Le Notaire

Le 1er Septembre 1947, alors qu'il se trouve à Ajacccio avec sa petite amie Germaine Dupré et son oncle Benoït Piétri, Salicetti et victime d'une tentative de meurtre. Il s'en tirera avec une blessure au cou, de même que Germaine qui est légèrement blessé, mais Piétri a été tué.

C'est François "Le Notaire" Lucchinacci, qui est derrière cet attentat. Homme craint et respecté dans le Milieu, Lucchinacci en a assez de voir ses amis transformés en cible mouvante et est bien décidé de mettre fin aux agissement de Salicetti. Lucchinacci n'est pas n'importe qui dans le Milieu car il est un ami de longue date du boss de Marseille Paul Carbone décédé en 1943. Il est d'ailleurs depuis la fin de la guerre le nouveau compagnon de l'ancienne maîtresse de ce dernier, Germaine Germain alias "Manouche", qui tient le bar "Chez Manouche" à Pigalle. Lucchinacci est également fortement soupçonné d'avoir pris part à la vendetta Stefani/Foata en ayant tué André Marguin, le meurtrier de Jean-Paul Stefani.

François Lucchinacci

Quelques temps après la tentative de meurtre sur Salicetti, Dominique Paoleschi tente de trouver une issue diplomatique au conflit et appelle Salicetti. Un rendez-vous est convenu et une rencontre à lieu au bar "Les Aiglons" à Marseille. 

Y sont présent Salicetti, Paoleschi, Dominique Colonna (un caïd Corse originaire de Pila Canale actif entre Marseille & Montmartre) et Antoine Guérini, le caïd le plus important du Milieu Corso-Marseillais, présent en tant qu'observateur et arbitre. Paoleschi assure à Salicetti que Lucchinacci n'a rien à voir avec en la tentative de meurtre sur sa personne et Colonna le lui confirme en lui affirmant que "le Notaire" se trouvait ce soir là dans à Paris dans son bar "au Drap d'Or". Salicetti est enclin à croire le duo et donne sa parole qu'il ne touchera pas à Lucchinacci, à moins que Lucchinacci ne se rapproche de ses ennemis.

Mais le 17 Octobre 1947, Dominique Venturi, son frère Jean, Antoine "Planche" Paolini ainsi que 2 autres individus sont arrêté en possession d'armes. Le même jours, Lucchinacci et Jean de Pozzo di Borgio sont également arrêtés, également armés. La police aurait trouvé sur Pozzo di Borgio un plan de la maison de Salicetti.

Et le 14 Mai 1948, alors que Lucchinacci se trouve au bar "Chez Manouche", 2 hommes entrent et font feu. 2 personnes travaillant dans l'établissement sont blessés tandis Lucchinacci qui est atteint de plusieurs balles est transporté dans un hôpital où il décédera quelques instants plus tard.

Entre temps le 5 Décembre 1947 Paul Milani alias "P'tit Paul le Book" gérant du bar "Chez Fanfan" est une autre autre victime de la vendetta, tandis qu'un peu plus tôt en Octobre c'est Antoine La Rocca qui est tué à la sortie du Bar "El Monico". Rien n'indique que La Rocca ait été une victime de cette vendetta, mais on peut toutefois s'interroger sur le timing de son meurtre.

Paul Milani

L'enterrement de Mathieu Costa

En Janvier 1949, Jo Renucci se trouve dans au restaurant "Badinguet" à Paris en compagnie d'un homme d'affaire Marseillais, du député Etienne de Raulin-Laboureur et de sa secrétaire Rose Nemirowski. Alors qu'ils regagnent leurs voitures, plusieurs hommes tirent sur la voiture du député tuant ainsi la secrétaire. Le député ayant un physique similaire à Renucci, les tireurs les auraient confondu et se seraient trompés de cible. Quoi qu'il en soit pour Renucci c'est la goute d'eau qui fait déborder le vase et il est bien décider de se débarrasser une fois pour toute de ce chien fou de Salicetti et de ses lieutenants.

Mathieu Costa est le premier à en payer les frais. En Août 1949 il est poignardé par Jean Federicci alias "Jeannot le Fou". Il meurt 3 semaines plus tard de ses blessures à l'hôpital, sans divulguer à la police le nom de son agresseur qui s'est d'ailleurs fait tué entre temps en sortant d'un restaurant de Marseille.

Jean Federicci
 

Les funérailles de Costa ont lieu le 30 Août et vont donner lieu à la deuxième tentative d'assassinats sur le Séminariste. Alors que le convoi de voitures funéraire quitte l'église, une voiture se met à hauteur de la voiture de Salicetti et plusieurs tireurs armé de mitraillettes font feu. Salicetti en réchappe miraculeusement mais pas ses 3 gardes du corps : Jacques Quilici, Roger Régent & Adolphe Nallin sont tués.

Jacques Quilici

Selon plusieurs témoins, le conducteur de la voiture était Jo Renucci, qui confirme d'ailleurs qu'il était présent au funérailles mais qu'évidemment il n'avait rien à voir avec l'attaque. Il raconte aux autorités qu'à ce moment là il buvait un verre avec Barthélémy Guérini, frère d'Antoine précédemment cité, qui confirme l'alibi de Renucci. Dominique Venturi & Antoine Paolini sont également reconnu par un témoin comme étant les tireurs, mais là aussi ils fournissent des alibis à la police. 

Si il ne fait guère de doute que Venturi & Paolini auraient pu être les tireurs, il paraît en revanche un peu plus improbable qu'un caïd de la stature de Renucci agisse comme simple chauffeur sur une tentative de meurtre. Quoi qu'il en soit le présumé commando ressort libre.

Antoine Paolini



 

Le travail de sape pour isoler Salicetti continue : Xavier Bianchini & Costantin Tramini sont visé alors qu'il se trouvaient sur une plage d'Ajaccio (Tramini s'en sortira), Eugène Bartoli nouveau gérant du bar "Chez Fanfan" est tué à Montmartre le 28 Septembre 1949. A noter que la gérance du bar "Chez Fanfan" porte la poisse car outre Milani & Bartoli, le précédent gérant avait lui aussi connue une fin violente : Eugène Troccaz avait été éventré sur une table du bar en 1938 par un rival ...

Eugène Bartoli
  

La fin du Séminariste

Le soir du 3 Décembre 1950, Salicetti et sa compagne Germaine, quittent le bar "l'Equipage" et après avoir vérifier que tout était sans danger rentrent dans leur voiture. Germaine conduit tandis que Salicetti est assis du côté passager avec un fusil de chasse entre les jambes. Arrivé au rond-point de la Porte de Pantin une voiture surgit derrière et fait feu. Germaine n'est par miracle pas blessé mais Salicetti qui n'a pas eu le temps de dégainer son fusil est cette fois touché mortellement. Conduit à l'hôpital Bichat, Salicetti y décède quelques minutes plus tard. La voiture à reçu une vingtaine de projectiles dont 3 ont atteint Salicetti. 

Les suspects habituels sont entendu par la police mais tous ont des alibis en béton et personne ne sera jugé et condamné pour le meurtre de Salicetti.

La Vendetta de Salicetti aura duré 13 ans (avec une "pause" de 5 ans dû à l'emprisonnement de Salicetti) et a fait une trentaine de morts**. Cette vendetta est encore aujourd'hui considérée comme une des plus sanglante ayant frappée la pègre Française.

Au moment de sa mort, la police trouva dans le porte-feuille de Salicetti une photo anthropométrique d'Antoine Paolini, preuve qu'il se méfiait particulièrement de ce dernier. Les événements qui se dérouleront quelques années plus tard montreront qu'il avait particulièrement raison.

Illustration de la scène du meurtre de Salicetti


*Alors que selon Marie Paoleschi, le cousin de Salicetti était le dénommé Pascal, un certain nombre d'auteurs ou d'articles, disent que le cousin de Salicetti était Raffaeli. Je me suis appuyé pour cet anecdote sur les dires de Marie Paoleschi mais il est tout à fait probable que Jean Bazal, qui a mis en forme le récit de M.P., ait déformé ou mal interprété les propos de M.P. N'étant qu'un humble passionné, je n'ai pas la réponse exacte. 

De Même que certaines dates avaient des sources contradictoires, il est possible qu'il s'y trouve une ou deux inexactitudes. Si c'est le cas je m'en excuse par avance.

**Chiffre approximatif. Les noms de victimes de la vendetta ne sont que les plus connu et/ou les plus évidents, il est fort possible que le nombre soit nettement plus élevé


English version

As I mentioned in the first blog post devoted to the vendetta between Jean-Paul Stefani & Ange Foata, the Corsican milieu, after having taken the reins of organized crime in Paris, did not stop tearing each other apart. The aforementioned vendetta left traces, but it was nothing compared with what came next, and would bloody the streets of Paris, Marseilles, Corsica or Toulon. And it is precisely in Toulon that one of the bloodiest and longest episodes of the Corsican underworld begins.

Le Séminariste

Originally from Bastelica in Corse-du-Sud, Ange Salicetti was born on October 14, 1914 in the Iles-du-Salut (Salvations Islands), French Guiana. Salicetti was far from being predestined to the criminal life that he will know later, because his father was a guard at the penal colony of Cayenne and he was brought up in a strict Catholic education. He started like the infamous Sicilian mafioso Salvatore Maranzano, by studying as a seminarian in order to become a priest. But his career in the orders suddenly ended when his superior fired him due to his violent temper. Salicetti missed out on a religious career but in any case earned a nickname: "Le Séminariste"[the Seminarian].

After his “release” from the Seminary, Salicetti arrived in Toulon in the mid-1920s, working various jobs in the port of Toulon, but this career was definitively ended after hitting his boss several times with a hammer...

So, decided to try being an outlaw, and settled in the Chapeau district nicknamed "Le Petit Chicago" [The Little Chicago]. Through his violent character, and committing various thefts, he began to make a name for himself in Toulon. Like any self-respecting mobster in the Milieu, he made a few girls work and began to see himself as the undisputed kingpin of the city. The only obstacle to his ambition: the Graziani brothers. And it's a big one.

Ange Salicetti
  

The Graziani brothers

Originally from Lucciana in Haute-Corse, Philippe and his brother Jean were the undisputed masters of the Toulon area for several years. Philippe was also the president of the union of the Société des Maisons Closes [Society of Brothels]. To be clear, he was the king of pimps. Historical note for those who are surprised to read this, brothels/whorehouses were legal in France until April 13, 1946, when it was abolished by the Marthe Richard law. Obviously this did not prevent illegal prostitution, and the abuses or battles over territories that went with it, but in any case there was supervised prostitution.

To return to the Graziani, in addition to their grip on the various rackets in the city, they were also friends with Paul Carbone & François Spirito from Marseille and were cousins ​​of Marie Paoleschi, herself a prostitute and future madame, and wife of the boss Dominique Paoleschi one of the protagonists of the previously mentioned Stefani/Foata vendetta. Paoleschi will also have a role in upcoming events. Moreover it should be noted that a man named Antoine "Toinon" Silvestri-Graziani, member of the Marini-Foata faction was the protagonist and victim of the Stefani/Foata vendetta. That said in her memoirs "Le Milieu et moi", Marie Paoleschi refers to Toinon Silvestri as an illiterate pimp belonging to the Foata clan, but does not specify any family ties.

Philippe Graziani
  

The Taki Affair

By 1937, Salicetti was fully engaged in pimping, and was in a relationship with the owner of a brothel in rue des Remparts named Taki. Back when she was a dancer and performing in a cabaret, Salicetti seduced the beautiful blonde and made her his mistress. To supplement his monthly income, to her dismay, he made her work again in cabarets of the city dancing to satisfy patrons

Philippe Graziani was also looking to have the beautiful blonde to work for him, and approached him one evening to tell her about his proposal. It seems Taki wasn’t against it, but let Graziani know that she needed to talk to Salicetti about it first. Which, incidentally, made Graziani snicker. He didn’t take the puny Salicetti with his first-in-his-class appearance seriously, and spoke of him to Taki in a less than complimentary manner.

The remarks were reported to Salicetti, who obviously did not take it well and proposed a meeting with Graziani in order to explain himself. The meeting took place on neutral ground in a bar in Marseille. According to those who attended, and who reported the facts to Dominique Paoleschi, Graziani decreed that Taki was now his "property" and that Salicetti had nothing to complain about. It then seems that Salicetti insulted Graziani, and that the latter hit him with a huge slap.

Amazement in the room, but no shot was fired. Graziani got up, paid for the drinks, reminding Salicetti that he was a nobody and that he no longer wanted to see him in his way, then left. Still according to those who witnessed the scene, Salicetti remained stoic and mumbled in Corsican language "Ti pigliu ô païsanu" (I will have you, compatriot)

The next day, September 24, 1937, Salicetti set up the assassination of Graziani with his friend Jacques Quilici and with the help of Taki who is supposed to work in the bar "Café de la Rade", a brothel and HQ of Graziani. Salicetti recruited one of his acquaintances, Marcel Raffaëli, a not very honest former cop turned mechanic, as a driver.

That evening, Taki went there to find Graziani, telling him that Salicetti was waiting for him outside to talk. Graziani was none the wiser, and exited the bar where he was slaughtered by Salicetti & Quilici, who were lying in wait outside. Salicetti then finished off the fallen boss with a bullet to the head. The murder sent shockwaves throughout the Milieu, because no one suspected that Graziani could be killed by a young man like Salicetti.

The investigation into Graziani's murder was quickly solved by Commissioner Mercury of the Marseille police. Taki was the first to crack, stating that even though she didn’t know anything, that Salicetti had just dropped her off before the gunfight broke out. The police then manage to go back to Raffaëli who, not being a real mobster, explained that he was driving the car with Salicetti and Quilici, and that he did not know what was going on. The two were arrested in the process and were subsequently sentenced to 8 years in prison and 20 years of banishment.

Salicetti in 1937
 

Meanwhile, a few days after the arrest of Salicetti & Quilici, Raffaëli was shot 6 times while working in his garage by Ange Fontana, a friend of Salicetti. As for Jean Graziani, he disappeared the day after the trial of Salicetti. According to some rumors, he was eliminated because he tried to sue Salicetti. As for Taki, she disappeared while on bail, and was never seen again.

Marcel Raffaëli
  

Salicetti is back

While in prison, Salicetti learned that his cousin Pascal* was killed by his friend Ange Fontana. Fontana shot Pascal in the back due to an unpaid debt during a game of pétanque. Salicetti was obviously filled with rage, and escaped from Nîmes prison in 1944. During a visit, his friend Louis Battini passed him a revolver and the next day took a supervisor hostage in order to get him and 32 other prisoners released. The 32 prisoners are political prisoners, whom Salicetti would join later. He had a matter to settle first.

The case in question was the revenge for his cousin Pascal. After finding him, Salietti took Fontana "for a walk" to a remote area around Marseille. Once they were alone, he tied Fontana to a tree and tortured him with a soldering iron for 2 hours before finishing him with 3 bullets in the neck.

Salicetti then joined his former cellmates where until Liberation he assisted the Resistance as an experienced fighter, which earned him a pardon for his crimes. After spending some time in the South, where he trafficked in rations and counterfeit money, Le Séminariste decided to try his luck in the capital and settle in the stronghold of the Corsican gangsters, Montmartre.

Le Séminariste settles the score in Paris

Gradually Salicetti, who earned the reputation as a formidable man to be taken seriously, took control of several cabarets and bars, and engaged in protection racketeering. While doing that, he met an old acquaintance from Toulon and thus revived old hostilities...

Sylvestre Nicolaï was a nephew of Philippe Graziani, who since 1944 had been living in Paris where he managed a bar. One evening, Salicetti, accompanied by several of his men, decided to visit Nicolaï to extort him for “protection”. We can easily imagine the rest of the conversation, Nicolaï told Salicetti to go to hell. Nicolai was shot the next day on December 6. Three days later, César Currieri, cousin of Nicolaï, was also shot dead. He had come from Marseille to identify Nicolaï's body and made threats against Salicetti...

Sylvestre Nicolaï
 

On December 13, 1945, it was Adrien Caïetti's turn, he was shot by 3 individuals. Caïetti was the manager of the bar "l'Equipage" as well as Salicetti's bodyguard and brother-in-law.

Caïetti's presumed assassin, Napoléon Cortichiatti, was shot on August 21, 1946 a few days later in Ajaccio. He was only injured, but was finally executed on January 28, 1947 by Benoît Piétri, an uncle of Salicetti.

Note that shortly before the Caïetti/Cortichiatti episode, on July 29, 1946, while he was at the bar "Le Hollandais", Jacques Morazzini was killed by a burst of machine guns, while his 3 companions, who were only slightly injured, managed to escape. Among them was Dominique "Nique" Venturi, a close friend of the important Marseille kingpin Joseph "Monsieur Jo" Renucci, who now also entered the conflict ...

Dominique Venturi
  

“Le Notaire”

On September 1, 1947, while he is in Ajacccio with his girlfriend Germaine Dupré and his uncle Benoït Piétri, Salicetti was the victim of an attempted murder. He escaped with a neck injury, as did Germaine who was slightly injured, but Piétri was killed.

François "Le Notaire" Lucchinacci was behind this attack. A feared and respected man in the Miliu, Lucchinacci was tired of seeing his friends turning into moving targets and became determined to put an end to Salicetti's actions. Lucchinacci was not just anyone in the Milieu, because he was a long-time friend of the boss of Marseille Paul Carbone who died in 1943. He was also, since the end of the war, the new companion of the former mistress of the latter Germaine, alias "Manouche", who ran the bar "Chez Manouche" in Pigalle. Lucchinacci was also strongly suspected of having taken part in the Stefani/Foata vendetta by having killed André Marguin, the murderer of Jean-Paul Stefani.

François Lucchinacci
 

Some time after the attempted murder on Salicetti, Dominique Paoleschi tried to find a diplomatic solution to the conflict and called Salicetti. An appointment was made, and a meeting took place at the bar "Les Aiglons" in Marseille.

Those present were Salicetti, Paoleschi, Dominique Colonna (a Corsican boss from Pila Canale active between Marseille & Montmartre) and Antoine Guérini, the most important boss of the Corso-Marseillais Milieu was there as an observer and referee. Paoleschi assured Salicetti that Lucchinacci had nothing to do with his attempted murder and Colonna confirmed this by telling him that "le Notaire"(the Notary) was in Paris that evening in his bar "au Drap d'Or". Salicetti decided to believe the duo and gave his word that he would not touch Lucchinacci unless Lucchinacci sided with Salicetti’s enemies.

But on October 17, 1947, Dominique Venturi, his brother Jean, Antoine "Planche" Paolini and 2 other individuals were arrested in possession of weapons. The same day, Lucchinacci and Jean de Pozzo di Borgio were also arrested, also armed. The police reportedly found a plan of Salicetti's house on Pozzo di Borgio.

And on May 14, 1948, while Lucchinacci was at the bar "Chez Manouche", 2 men entered and opened fire. 2 employees were injured, while Lucchinacci, who was hit by several bullets, was transported to a hospital where he died moments later.

Meanwhile on December 5, 1947 Paul Milani alias "P'tit Paul le Book" manager of the bar "Chez Fanfan" was another victim of the vendetta, while a little earlier in October it was Antoine La Rocca who was killed at the exit of the Bar "El Monico". There is no indication that La Rocca was a victim of this vendetta, however one can wonder about the timing of his murder.

Paul Milani

 

The funeral of Mathieu Costa

In January 1949, Jo Renucci was in the restaurant "Badinguet'' in Paris in the company of a businessman from Marseille, a member of Parliament Etienne de Raulin-Laboureur and his secretary Rose Nemirowski. As they returned to their cars, several men shot at the deputy's car, killing the secretary. The deputy having a physique similar to Renucci, the shooters confused them and targeted the wrong guy . Anyway for Renucci it's the straw that broke the camel's back and he decided to get rid of this mad dog Salicetti and his lieutenants once and for all.

Mathieu Costa was the first to go. In August 1949 he was stabbed by Jean Federicci alias "Jeannot le Fou". He died 3 weeks later of his injuries in the hospital, without disclosing to the police the name of his attacker, who was also killed while leaving a restaurant in Marseille in the meantime.

Jean Federicci
 

Costa's funeral took place on August 30 and resulted in the second assassination attempt on Le Séminariste. As the convoy of funeral cars left the church, a car pulled up to Salicetti's car and several gunmen armed with submachine guns fired. Salicetti miraculously survived, but not his 3 bodyguards: Jacques Quilici, Roger Régent & Adolphe Nallin all were killed.

Jacques Quilici
 

According to several witnesses, the driver of the car was Jo Renucci, who confirmed that he was present at the funeral but obviously had nothing to do with the attack. He told the authorities that at that time, he was having a drink with Barthélémy Guérini, brother of Antoine previously mentioned, who confirmed Renucci's alibi. Dominique Venturi & Antoine Paolini were also recognized by a witness as the shooters, but they too provide alibis to the police.

If there was little doubt that Venturi & Paolini were the shooters, it seemed on the other hand a little more improbable that a kingpin of the stature of Renucci would act as a simple driver on an attempted murder. Anyway, the presumed commando came out free.

Antoine Paolini
 

The work of undermining in order to isolate Salicetti continued: Xavier Bianchini & Costantin Tramini were targeted while they were on a beach in Ajaccio (Tramini got away), Eugène Bartoli new manager of the bar "Chez Fanfan" was killed in Montmartre on September 28, 1949. 

Note managing the bar "Chez Fanfan" is bad luck, because in addition to Milani & Bartoli, the previous owner had also come to a violent end: Eugène Troccaz was gutted on a bar table in 1938 by a rival...

 

Eugène Bartoli

The end of Le Séminariste

On the evening of December 3, 1950, Salicetti and his companion Germaine left the bar "l'Equipage" and after checking that everything was safe returned to their car. Germaine drove, while Salicetti sat on the passenger side with a shotgun between his legs. Arriving at the Porte de Pantin roundabout, a car appeared behind and fired. Germaine was miraculously uninjured, but Salicetti, who didn’t have time to draw his shotgun, was mortally wounded this time. Taken to the Bichat hospital, Salicetti died there a few minutes later. The car received around twenty projectiles, three of which hit Salicetti.

The usual suspects are rounded up by the police, but all had concrete alibis and no one was tried and convicted for the murder of Salicetti.

Salicetti's vendetta lasted 13 years (with a "pause" of 5 years due to the imprisonment of Salicetti) and caused about thirty deaths**. This vendetta is still considered today as one of the bloodiest to have hit the French underworld.

At the time of his death, the police found in Salicetti's wallet a mugshot of Antoine Paolini, proof that he was still particularly suspicious of him. The events that took place a few years later, showed that he was particularly right.

Drawing of the scene of  Salicetti's murder
 

*While according to Marie Paoleschi, Salicetti's cousin was the so-called Pascal, a certain number of authors or articles say that Salicetti's cousin was Raffaeli. I relied for this anecdote on the words of Marie Paoleschi but it is quite likely that Jean Bazal, who was the ghost writer of MP, distorted or misinterpreted the words of MP. Being only a humble enthusiast, I don't have the exact answer.

Just as some dates had contradictory sources, it is possible that there are one or two inaccuracies. If so, I apologize in advance.

**Approximate figure. The names of victims of the vendetta are only the best known and/or the most obvious, it is quite possible that the number is much higher
 

 




 




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